L’amour ouf
P R I M E U R
Sortie
Mercredi 1er janvier 2025
Les années 80, dans le nord de la France, Jackie et Clotaire grandissent entre les bancs du lycée et les docks du port. Elle étudie, il traine. Et puis leurs destins se croisent et c’est l’amour fou.
CRITIQUE
Élie Castiel
★★★
Une
mise en scène
en cavale
et
audacieusement
surannée
Seraient-elles des causes intergénérationnelles pour que la nostalgie devienne un des thèmes de prédilection dans le cinéma hexagonal, idem pour certains films de nos voisins du sud, alors que d’autres cinématographies nationales, soulignons l’iranienne en exemple, ne cesse de jeter un regard critique sur l’aujourd’hui – pas le temps de ruminer sur le passé, car faut-il l’affirmer, les cinéastes persans ont cette tendance de situer différentes groupes d’âge dans leur production.
Dans le cas de L’amour ouf, qu’on aurait pu donner comme titre L’amour fou (pourquoi pas ?), c’est de Gilles Lellouche, par ailleurs un très compétent comédien (ou du moins dépendamment de celui ou celle qui le dirige), très loin encore de l’âge de la retraite, a cru bon jeter son regard derrière la caméra, s’assurant ainsi d’un certain accueil favorable du public.
Parler des années 1980, d’accord pour la nostalgie, mais mettre surtout en évidence la jeunesse de ces années qui annoncent à contrecourant un nouveau siècle qui hésite encore à se préciser dans toutes les sphères de la vie sociale ; et puis d’autre part, montrer ces rebelles, parfois délurés, toujours en quête d’amour (une loi de la nature) sous un angle nouveau, comme si le passé et le présent ne faisaient qu’un.
Les interprètes, la prolifique Adèle Exarchopoulos (toujours impeccable dans sa disposition à montrer divers registres) et François Civil (formidable à tempérer les moments ou le contraire – selon, se donne entièrement à la proposition de Lellouche, pour qui, si l’on en croit le résultat, est surtout un album cinématographique, un journal intime en mouvement qui serait la somme de ses années d’adolescence et d’entrée dans la maturité.
Parler de l’intrigue est un acte futile. Les spectateurs la découvriront, ainsi que ses balbutiements, sous-thèmes. La critique d’un film se base essentiellement sur la mise en scène. Il ne s’agit pas, comme dans les études littéraires, de produire une « étude de texte ».
Parler des années 1980, d’accord pour la nostalgie, mais mettre surtout en évidence la jeunesse de ces années qui annoncent à contrecourant un nouveau siècle qui hésite encore à se préciser dans toutes les sphères de la vie sociale [ … ]
Si la mise en scène de l’acteur de plus de 80 rôles est souvent fracassante, comme le début du film et autres moments, il n’en demeure pas moins que l’enthousiasme délirant qu’il injecte demeure sincère. Situer le récit dans un milieu ouvrier du nord de la France, choisir la musique des The Cure, montrer la drague de façon particulière, créer des situations de films américains sur les jeunes rebelles d’une autre époque, autant d’éléments qui font de cet Amour ouf une expérience hybride touchante ; et lorsqu’il s’emploie à prendre comme témoins des têtes d’affiche comme Alain Chabat, Benoît Poelvoorde, Vincent Lacoste, ou encore Élodie Bouchez, Karim Keklou (un quasi nouveau-venu incontournable) et Anthony Bajon (une vraie vedette en devenir), le constat ne peut être que plus probant.
Même si en fin de parcours, néanmoins, nous restons un tant soit peu sur notre faim.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Gilles Lellouche
Scénario : Audrey Diwan
Julien Lambroschini, Ahmed Hamidi ;
d’après le roman de Neville Thompson
Direction photo : Laurent Tangy
Montage : Simon Jacquet
Musique : Jon Brion
Genre(s)
Drame sentimental
Origine(s)
Belgique / France
Année : 2024 – Durée : 2 h 40 min
Langue(s)
V.o. : français; s.-t.a. (à confirmer)
Beating Hearts
Dist. [ Contact ] @
V V S Films
[ Chi-Fou-Mi ]
Diffusion @
à confimer
Classement
Interdit aux moins de 13 ans
[ Violence ]
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★
Bon. ★★ Moyen. ★ Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]