Le mal canadien
(Troisième et dernière partie)

Photo de diplômé.

 

Claude

Jutra

 

 

Le

choc

des

langues

 

 

 

AVIS AUX LECTEURS
Nous brosserons un épitomé sous la forme d’un survol
de l’acculturation linguistique chez les Canadiens pendant
deux siècles, avant de nous concentrer sur la pensée de
Claude Jutra, pour ensuite conclure avec la question de la
qualité de la langue au Québec dans le monde contemporain.

texte
Mario Patry

 

Durant le siège de 68 jours de Québec,
du 26 juin au 18 septembre 1759,
la ville reçut plus de 40 000 boulets.

«Jamais, en un mot, un phénomène historique
ne s’explique pleinement en dehors de
l’étude de son moment».[1]
(March Bloch)

«L’hypothèse de base est en effet
qu’une société se révèle tout entière
dans le traitement de ses marges».[2]
(Jacques Le Goff)

«Voici que l’absence prend sens,
voici que parlent les silences et
que les zones d’ombres se dissipent»[3]
(Guy Bourdé, Hervé Martin)

La nouvelle est tombée comme un couperet le 17 août 2022 à Radio-Canada, pour la première fois de l’histoire, le français est tombé sous la barre des 20 % au Canada et à 77% au Québec même. Du jamais vu! Ce n’est pas que le nombre des locuteurs francophones ne progresse pas, mais le Canada a reçu pas moins de 8 300 000 immigrants depuis 2016, selon Statistiques Canada, nous apprenons toujours sur les ondes de la Société Radio-Canada, le 31 octobre 2022 dernier, soit 23 % de la population totale canadienne… Cette progression fulgurante est relativement récente dans notre histoire, puisqu’en 1765, 97,9 % des Canadiens parlaient français! Si l’on ne tient compte seulement de la population civile puisque la formidable armada commandée par le brigadier général James Wolfe regroupait 9 149 officiers et soldats, soutenus par 13 500 marins avec 163 pièces d’artillerie sur 49 vaisseaux de guerre, dont 22 vaisseaux de ligne armés de 50 canons ou plus, appuyés par 119 bâtiments de transport. Il ne restait à l’hiver 1759 que 6 959 officiers et soldats sous la gouverne de James Murray, dont 3 513 seulement en état de porter les armes au printemps suivant.[4] Nous sommes donc en présence d’une colonie française dotée d’une garnison britannique.

Les premiers contingents de loyalistes américains s’élèvent à 4 764 colons sur 143 929 habitants en 1784, soit vingt ans après le Régime militaire. Sur les 136 fonctionnaires du gouvernement britannique, on ne retrouve seulement que 36 d’origine canadienne. Lors de la fondation de La Gazette littéraire de Montréal le 3 juin 1778,[5] l’on ne dénombre que 855 loyalistes dans la province de Québec. Elle (La Gazette) deviendra bilingue le 25 août 1785 au moment de l’augmentation de la population d’origine américaine. On compte déjà 600 cabarets et auberges en 1790 et 432 general stores en 1792, tenus en majorité par des Anglo-Écossais parce qu’ils parlent aussi français. 1792, c’est aussi l’année de l’ouverture du premier canton au Bas-Canada (Stoneham) sur 115, avec «concession à franc et commun soccage». En 1791, la population du Bas-Canada s’élève à 161 311 habitants. À la même époque, il existe un groupe d’immigrants d’origine allemande qui va s’intégrer admirablement bien à la société canadienne, à l’issue de la Guerre d’indépendance américaine qui se conclut en 1783, par le traité de Versailles, le 3 septembre. Il s’agit de 4 549 hommes démobilisés originaires du Hesse Cassel et du Hesse Hainau, dont 2 400 environ vont s’installer au Canada. 1 300 à 1 400 s’établirent au Québec actuel et y firent souche, pendant que 1 000 autres choisirent la future Ontario (Haut-Canada) et les provinces maritimes.[6] Mais le risque d’assimilation linguistique des Canadiens est d’autant plus limité que notre principal voisin, la colonie et plus tard, l’État de la Nouvelle-York ne parle pas anglais, mais le néerlandais, et cela jusqu’au milieu du XIXe siècle! Il est significatif que les premières constructions d’édifices britanniques se résument à trois prisons en 1806…

Le 21 janvier 1793 à l’Assemblée Nationale du Bas-Canada.
Débat sur la langue.

Il faut se rappeler que le 4 juillet 1803, la France procède à la vente de la Louisiane aux États-Unis d’Amérique pour 15 millions de dollars ou 80 millions de francs anciens et qu’à la dissolution du 1er octobre 1804, la Louisiane représente pas moins de 828 000 milles carrés (2 145 000 km2) ou 23 % de la superficie actuelle des États-Unis. Le montant représenterait 256 millions de dollars d’aujourd’hui. La Nouvelle-Orléans (deuxième port en importance en Amérique) fut cédée pour 60 millions de francs (11 250 000 dollars) et le reste de la Louisiane qui n’est qu’un désert, pour 20 millions de francs (3 750 000 dollars). Jusqu’à cette date, l’Angleterre appréhendait toujours une rétrocession du Canada vers son ancienne métropole. Il est encore symbolique que l’an 1814, Joseph Bouchette entreprend sa «Description topographique  de la province du Bas-Canada» en 805 pages, l’année même de l’arpentage et l’érection de 89 cantons dans l’Estrie. En 1840, le diocèse de Québec regroupe 146 paroisses, alors que celui de Montréal – fondé le 13 mai 1836 par bulle papale et intronisée le 8 septembre de la même année – en comprend 127, pour un total de 273 paroisses. C’est déjà plus que les 206 localités de toute la Galilée, quoique plus peuplée dans ce dernier cas. Tocqueville, durant son voyage en Amérique, vint passer quelques jours pami nous – du 24 août au 2 septembre 1831 — et exprima ses réflexions, dont celle-ci : «Le Bas-Canada (heureusement pour la race française) forme un État à part. Or, dans le Bas-Canada la population française est à la population anglaise dans la proportion de dix contre un. Elle est compacte. Elle a son gouvernement, son Parlement à elle. Elle forme véritablement un corps de nation distinct. Dans le Parlement composé de quatre-vingts membres, il y a soixante-quatre Français et vingt Anglais».[7]

À titre comparatif, il y a déjà 687 084 habitants dans le Canada Est, dont 524 244 Canadiens-français, en 1844, contre 457 053 résidents dans le Canada Ouest en 1842. Un premier «renversement» s’opère en 1851, année du premier recensement officiel du Canada-Uni, alors que le Canada Est, se trouve peuplé de 890 261 habitants, contre 952 004 dans le Canada Ouest. Mais, il est déjà trop tard, car les Canadiens d’origine française sont toujours majoritaires à l’échelle du pays. Cet affaissement dans le Canada Est s’explique, en partie, par l’exode massif des French Canadian vers les États-Unis, suite à l’échec de la Rébellion de 1837-1838, séduit par l’«appel du machinisme» des industries textiles de l’Est. Déjà en 1808, trois cents familles «Canadiennes-françaises» (sic) émigrent vers les états limitrophes du Québec.[8] Le choc des langues commence à se faire sentir à mesure que l’urbanisation et de l’industrialisation progressent, mais il est encore trop tôt pour parler de menace réelle d’assimilation dans le Québec profond. C’est plutôt le contraire qui survient, avec l’invasion des Canadiens vers les Cantons de l’Est où ils vont littéralement noyer les Anglo-américains par leur exode massif à partir de 1849, date de l’uniformisation du code civil français pour l’ensemble de la province, au grand dam de la communauté anglophone.

Grand événement culturel, le 21 février 1861, Philippe-Aubert de Gaspé commence à faire paraître sous la forme de fascicules dans le cadre des «Soirées Canadiennes», le premier roman de notre littérature nationale, avec Les Anciens Canadiens. L’auteur y apporte ses dernières corrections au manuscrit le 3  janvier 1863, qui se voit annoncé dans la presse le 2 avril 1863 et publié à 1 100  exemplaires de 411 pages pour la somme d’un dollar. Il sera réédité dès 1864, à 5 000 exemplaires et connaîtra 30 rééditions depuis sa parution, et reçoit même l’insigne honneur d’être traduit en anglais par Georgianna M. Pérée sous le titre The Canadian Old en 1864. L’auteur entre dans l’histoire, entre autres, pour être le premier  à esquisser une référence explicite à la pendaison haut et court de la Corrivaux sur les Plaines d’Abraham, aux Buttes à Nepveu (sic).

Au recensement de 1880, la population totale du Canada s’établit à 4 324 810 habitants; sur ce nombre, l’on compte 1 298 929 d’origine française (Census of Canada, 1880-1881, volume 1, Ottawa, 1882). Cependant, le nombre de Français établis au Canada depuis la session à l’Angleterre demeure très faible; en effet, sur ce nombre de 1 298 929 Canadiens d’origine française, il n’y en a que 4 389 nés en France alors qu’aujourd’hui, près d’un million de Canadiens sont issus des Français émigrés depuis la Conquête. Toutefois, les Canadiens d’origine française tiennent toujours le premier rang; après eux viennent les Canadiens d’origine irlandaise au nombre de 957 403 habitants; ceux d’origine anglaise, au nombre de 881 301; ceux d’origine écossaise, au nombre de 688 863 et ceux d’origine allemande, au nombre de 251 319, etc. Cette explosion démographique s’explique largement par l’avènement du début du service maritime transatlantique à la vapeur. Le «Sirius» de Samuel Cunard relie New York à Cork le 22 avril 1838 en 18 jours et 14 heures. Le premier service entre Québec et Plymouth débute, quant à  lui, le 4 juillet 1839. Mais, concernant la qualité de la langue, Jules-Paul Tardivel constate en 1881, avec résignation que «nous écrivons comme nous parlons, ce qui est détestable. Peut-être faut-il plaindre nos écrivains plutôt que les blâmer, car le milieu où ils vivent, les obstacles sérieux contre lesquels ils doivent lutter, sont pour beaucoup dans les incorrections et les négligences qu’ils commentent. Mais le fait brutal n’en demeure pas moins».[9]

Un demi-siècle après la fondation de l’Université Laval le 8 décembre 1852 à Québec, les Canadiens procèdent à la création de la «Société du  bon parler français» le 18 février 1902 par Adjudor Rivard et Stanislas Alfred Lortie, deux professeurs de Laval.[10] Parmi les 24 membres fondateurs, nous retrouvons 8 professeurs de l’Université Laval et 9 membres du clergé catholique. Contemporain de cet événement illustre, autant que symbolique, le prêtre  Émile Loubet accueille Edward VII à Paris le 1er mai 1903 puis se rendra à Londres le 12 juillet 1903 afin de signer «l’Entente cordiale» entre les deux nations ennemies héréditaires, ratifiée le 8 avril 1904. Cela conclut en Europe l’éternelle rivalité coloniale et maritime entre la France et l’Angleterre qui remonte, si nous y réfléchissons bien, à la conquête de l’Angleterre par Guillaume le Conquérant de Normandie qui débarque le 29 septembre 1066 et remporte la victoire d’Hastings sur Harold II Godwinson le 14 octobre 1066, avant d’être couronné roi d’Angleterre le 25 décembre de la même année. C’est seulement en 1349 que l’anglais devient la langue officielle de l’Université d’Oxford fondée par Robert Pollen en 1133! Fait singulier, il existe un village nommé Bricquebec en Normandie qui remonte au XIIe siècle. C’est rappeler une coïncidence qui peut s’expliquer par l’invasion scandinave (vikings) dans le Nord-Ouest de la France et de l’Amérique du Nord à la même époque.

Claude Jutra.
Un mur de références.

Pour revenir à la «Société du Bon parler français», cette organisation tient une série de congrès à Québec du 24 au 30 juin 1912, puis du 27 juin au 1er juillet 1937, un troisième congrès du 18 au 26 juin 1952 et un congrès de «refrancisation» du 21 au 24 juin 1957. Cette organisation, qui  répugne de distinguer le French pronunciation du Canadian pronunciation qu’il juge absurde, se dissout en 1962, estimant sa mission accomplie. Il est pourtant significatif, que ce soit vers la même époque, qu’un frère mariste, Jean-Paul Desbiens, publie Les insolences du frère Untel, à Montréal, le 6 septembre 1960, aux Éditions de l’Homme, qui fait 158 pages et se vend à 100 000 exemplaires en six mois! Il s’agit d’un pavé dans la marre sous la forme d’un recueil de lettres publiées dans Le Devoir sous la supervision d’André Laurendeau, qui fustige la généralisation du joual dans les milieux populaires du Québec. Le même débat fait rage en France métropolitaine avec la publication d’un essai de René Étiemble, Parlez-vous franglais? Sorti chez Gallimard le 28 mars 1964, un ouvrage de 436 pages[11] à partir d’un article de trois pages, paru en août 1952 dans la revue Les Temps Modernes.

Claude Jutra, très attaché à ce qui subsistait de la culture française au Québec, a écrit des réflexions plutôt visionnaires et précurseurs sur la jeunesse canadienne-française en mars 1959 et de sa relation complexe avec les États-Unis. «Que fait le jeune Canadien pour soulager sa carence en spectacles et en stimulation intellectuelle? Il vide son compte de banque et va passer une semaine à New-York. Nous sommes donc un peu une province américaine, en fait sinon de droit». L’auteur de sa principale biographie que lui a consacré Yves Lever le 16 février 2016, chez Boréal, fait bien de remarquer avec pertinence qu’avec l’influence américaine surgit la question linguistique, qui n’est pas limitée à l’anglicisation. Il faut aussi prendre en considération la qualité du français, que la perte d’influence du clergé catholique menace. «Notre français se perpétue depuis trois siècles, par une sorte d’atavisme, mais il tend à se différencier de celui de la France par ses accents parfois très marqués, par l’emploi de mots et d’expression devenus archaïques, par l’emploi d’anglicismes. Seul un petit nombre de Canadiens français ont la chance d’aller faire un séjour, généralement court, en France et constater les différences. Si nous sommes demeurés français, c’est à cause d’un élément excessif et d’une stabilité peu commune, l’Église, qui fut l’agent de notre cohésion. Ce n’était pas une raison d’être. C’était le moyen d’être. Nous fûmes donc furieusement et aveuglément catholiques. Le clergé prit un ascendant démesuré. Il devint une sorte de potentat collectif, insaisissable et omnipotent.

Aujourd’hui, le clergé a de quoi s’inquiéter : la gent intellectuelle se détourne de lui, son autorité s’émousse, la chaire n’est plus la seule tribune des idées, on est moins assidu à la messe qu’au cinéma, à la radio, aux revues, et surtout à la télévision.[12] Ces nouveaux «sermons» se répercutent jusqu’au fond des campagnes et l’éloquence des ondes est d’un effet plus puissant que la menace même de l’enfer. La télévision fut le plus important des facteurs, car toutes les meilleures forces culturelles s’y sont retrouvées, et si, dans un premier temps, a régné la facilité, une nouvelle exigence de qualité a surgi et on a assisté à un renouveau de la littérature, de la musique, de peinture et du cinéma : c’est dans la mesure où elle nous éloigne d’elle-même que la télévision peut nous être salutaire. Une autre institution est en train de devenir un terrain fertile, l’Office national du film.[13]

Pour résumer, nous sommes un peuple dépassé par ses ressources, et privé de moyens pour les exploiter. Nous sommes gênés dans notre autonomie financière, et nous ne possédons pas une culture dont nous puissions nous réclamer. Nous sommes isolés de la France, absorbés par les USA, tout en restant différenciés ethnologiquement. Notre pays est un terrain en friche : des plaines interminables, des montagnes écrasantes, des steppes où l’on n’ose pas s’aventurer, des lacs innombrables. L’Homme se perd dans de tels paysages.  Pas une œuvre n’y fleurit pour la nourrir, l’éclairer, lui donner espoir, ou simplement l’éblouir. Notre passé est minuscule, notre avenir est béant et informe.

Si peu de mouvement parmi tant d’espace. La vie mijote. Les réactions se produisent par combustion lente. Pas d’étincelles. La stabilité économique et politique nous endort. Quand c’est difficile, on abandonne.

« Maudite clutch de bâtard! », paroles prononcées dans le deuxième plan de Mon Oncle Antoine.

D’ailleurs j’étale tout ceci dans mon havre de paix, les pieds bien calés dans des pantoufles fourrées.  Et puis ce n’est pas ce que j’en dis qui changera quelque chose. Dès demain, tout ceci sera réfuté de part et d’autre, par des personnes plus compétentes que moi».[14]

Il faut se rappeler que le cinéma Canadien des années 40 et du début des années 50 est politiquement faux, intellectuellement infirme, esthétiquement nul et industriellement rachitique. C’est dans ce contexte de la «Grande noirceur» du régime Duplessis que débute la carrière cinématographique de Claude Jutras en 1947 avec Le dément du lac Jean-Jeunes (39 minutes) et qu’il enchaîne avec un court métrage expérimental de 15 minutes présenté à l’Université de Montréal le 14 décembre 1949, Mouvement perpétuel, qui a l’honneur  de recevoir l’Academy Film Award du Canada du prix du meilleur film amateur le 19 avril 1950 au Little Elgin Theatre à Ottawa, en présence du premier ministre du Canada, Louis Saint-Laurent. Son premier passeport est délivré le 26 mai 1950 et il prend le bateau de New York le 10 juin à destination de Rotterdam, visite Paris, la Belgique et même la Suède pour revenir à Montréal le 18 septembre. Le 30 mai 1952, il obtient son doctorat en médecine, mais se détourne de cette activité pour se tourner exclusivement vers le cinéma qu’il découvrit à l’âge de 8 ans. Il ouvrira pratiquement toutes les portes. Il accepte la présidence de l’Association professionnelle des Cinéastes (APC), qu’il contribue à fonder le 19 mai 1963,[15] mais refusera de renouveler son mandat en 1964.[16] C’est qu’entre temps, il réalise et produit le premier long métrage de fiction dramatique québécois, À tout prendre, qui sort en première le 10 août 1963[17] – mais dont l’exploitation commerciale aura lieu neuf mois plus tard, soit le 16 mai 1964 pendant deux semaines, distribué par France Films – , qui lui coûte 60 000 dollars, mais ne lui rapporte pas un sou. Il obtient toutefois le Prix du meilleur long métrage au «Festival du Cinéma Canadien», dirigé par Robert Daudelin, dont le jury est présidé par le cinéaste britannique, Lindsay Anderson. C’est à cette époque d’ébullition au Québec, que Lester B. Pearson, un unilingue anglophone devient le premier ministre du Canada britannique à entreprendre une visite officielle à Paris le 15 janvier 1964.

La révolution du «joual» se conjugue par le Théâtre au Québec avec la pièce en 2 actes écrite en 1965, par Michel Tremblay, Les belles-sœurs, dont la première lecture publique se déroule au Théâtre d’Aujourd’hui le 4 mars 1968, puis mise en scène par André Brassard[18] au Rideau Vert, le 28 août 1968.[19] De façon contemporaine, L’Osttidcho présenté et produit pour la première fois au Théâtre du Quat’Sous (200 places) sous la houlette de Paul Buissonneau, à Montréal, le 20 juin 1968, avec Robert Charlebois (qui introduit et chante du rock en «joual»), Louise Forestier, Yvon Deschamps (qui entreprend sa carrière de monologuiste sur les traces  de Clémence Desrochers), Mouffe, etc. L’Ossticho Kingsize aura lieu du 2 au 8 septembre 1968 à la Comédie Canadienne (500 places) avant d’être présenté à la Place des Arts ( 2 500 places) du 24 au 26 janvier 1969.[20]

Avec Mon oncle Antoine, Claude Jutra réussit un tour de force et une véritable opération de détournement. Il transforme sans crier gare, un documentaire noir et blanc tourné en 16 mm sur l’amiantose, en une comédie dramatique grand public tournée en 35 mm couleur et se déjoue de l’idéologie de l’ONF, qui consiste à faire la promotion de l’unité Canadienne et du capitalisme anglo-saxon, «dans l’intérêt national». Il réussit son pari, car le film se voit projeté dans 158 villes canadiennes avec un succès tel qu’il tient même l’affiche dans une salle de Toronto pendant six mois! Pour la première fois, un cinéaste d’envergure introduit le joual dans un film d’audience internationale comme élément d’humour en jouant habilement sur les niveaux de langage. Dès la première scène du film, Jutra fait un clin d’œil au public avec une réplique digne de Michel Tremblay. Jos Poulin, incarné avec brio par Lionel Villeneuve peut ainsi dire en aparté : «Maudite clutch de bâtard! Ça fait deux mois que j’leur demande de la réparer. J’vas finir par m’tanner. J’vas tout crisser ça en bas d’la dompe un de ces quat’matins, moé».[21]

Le Cinecity, à Toronto, en 1970.

Ce film, produit par l’ONF et distribué par Gendon Films à partir du 12 novembre 1971 à Toronto au Cinecity et le 18 novembre de la même année au Saint-Denis à Montréal, qui dure exactement 104 minutes et 20 secondes (2 800 mètres) a cumulé un box-office canadien en date du 31 décembre 1971, plus de 752 437,91 dollars, dont plusieurs sources de seconde main, confondent avec le budget du film dont le premier devis officiel, en date du 28 juillet 1969, s’élevait à seulement 157 679 dollars! Le 19 mars 1970 suivant, «le budget global s’élève à présent à 240 000 dollars. De cette somme, l’ONF ne déboursera que 50%, frais administratif inclus, (…). L’autre moitié sera «éventuellement»  fournie par la compagnie (Gendon Films). C’est d’ailleurs la première fois que tous les éléments de réussite d’une telle entreprise sont réunis» remarque avec ravissement Jean-Pierre Lefebvre, assistant de Gilles Dignard, directeur du programme français de l’ONF Les dates du premier bloc de tournage s’échelonnent du 24 mars au 3 avril 1970, et celles du second bloc de tournage, vont du 21 avril 1970 au 31 mai 1970. Mais comme une bobine (nº 5) a été abîmée en cour de développement, suite à une perforation endommagée et non découverte par le technicien responsable, le 19 novembre 1970 (Bernie Laroche, chef du laboratoire de développement), une scène additionnelle s’ajoute du 18 au 23 décembre 1970 avec Jean Duceppe (Antoine)  et Jacques Gagnon (Benoît)  sur la terre d’Hervé Guillemette à Saint-Adrien d’Irlande sur le rang petit 8, lot 18. Le 20 janvier 1971, Donald Bairstown doit produire une version sous-titrée (en anglais) de… Mon oncle Antoine. Il s’agit de la première mention de ce titre dans la correspondance officielle de l’ONF, qui a été suggérée par Alain Dostie.[22] Ce qui explique que le budget final du film devait toucher les 260 000 dollars, au plus.[23]

Le 15 mars 1980, lors d’un scrutin tenu à l’occasion du 25e anniversaire de la revue Séquences, nº 100, avril 1980, Mon oncle Antoine est reconnu comme étant le meilleur film québécois de tous les temps. Puis, le 3 août 1984, du vivant même de son auteur, il est couronné comme étant «le meilleur film canadien de tous les temps» à l’occasion du 9e Festival du Film de Toronto, titre qui lui est renouvelé en 1993 et 2004, avant d’être «détrôné» par  un film du cinéaste Zacharias Kunuk, Atanarjuat (The Fast Runner, 12 avril 2002),[24] le 7 mai 2015. Signe des temps, il faut croire que la mauvaise conscience canadienne s’est déplacée de la question nationale du Québec, vers la cause de la répression et de la persécution des autochtones. Puis, coup de tonnerre, la biographie de l’éminent historien du cinéma Québécois, Yves Lever, consacrée à la vie et à l’œuvre de Claude Jutra et sortie le 16 février 2016, déchaîne un véritable  psychodrame collectif cathartique, qui balaye sur son passage tout l’héritage cumulé au fil des années au profit et à l’honneur de Claude Jutra : Gala Québec Cinéma, la salle principale de la Cinémathèque Québécoise, la sculpture magnifique que lui a consacré Charles Daudelin qui a été vandalisée, Fonds Claude Jutra de l’INIS., etc. Quoi qu’il en soit, même si Claude Jutra eut été un redoutable prédateur sexuel[25] et qu’il ait raté sa vie privée, nul ne peut contester sa réussite professionnelle hors du commun, et rien ne manque plus à la gloire de Claude Jutra sinon qu’à la nôtre! Son œuvre et son legs considérables demeurent bien vivants dans l’esprit des étudiants en cinéma et le cœur des cinéphiles du monde entier.

Peu d’artistes auront autant et si bien fait que lui pour la défense et l’illustration de la langue québécoise. J’en veux pour preuve cette citation de lui, reproduite et moulée au cœur de la sculpture de Charles Daudelin, érigée au coin des rues Prince Arthur et Clark le 26 août 1997 et inaugurée officiellement le 7 octobre 1997, en même temps que l’ouverture des nouveaux locaux de la Maison des Réalisateurs et Réalisatrices du  Québec, dont il a été le premier président en 1963.

Les gestes de la cancel culture (« culture de l’effacement »)

«L’antiquité avait de la chance.
Son art était de marbre et d’airain.
Le nôtre est de celluloïde :
pellicule subtile et diaphane
qui se désintègre sans prévenir
et s’évapore dans l’atmosphère ;
qui se suicide par le feu
dans son propre appareil ;
et qui en peu de temps abdique ses couleurs.
Ainsi le cinéma est menacé de mort,
lui dont la vocation est d’incarner la vie.
Notre postérité exige qu’on le protège
pour qu’il garde en mémoire
non pas seulement ce que l’on pense
mais comment on le parle,
le rythme de nos rires,
la chanson de nos pleurs;
pour qu’il capte à jamais
les aujourd’hui qui passent;
pour qu’il rende à l’éterniténotre fait,
notre geste et notre dit».[26]

En guise de conclusion à ce copieux, mais en même temps, trop bref article en trois parties, consacré au Mal Canadien, qu’il me soit permis d’exposer la principale thèse et antithèse opposée et équivalente concernant la fameuse et délicate question de la qualité de la langue au Québec, afin de dégager ma conclusion personnelle ou synthèse générale que j’en déduis. La même année, à l’automne de 1996, un an presque jour pour jour, après la tenue du second référendum sur la souveraineté du Québec, le 30 octobre 1995, deux auteurs de renom font publier chacun de leur côté un ouvrage de référence portant sur la qualité de la langue. Georges Dor, ancien chansonnier bien connu pour son refrain sur la Manic (1966), a pu écrire avec pertinence que «quelqu’un qui aurait la mauvaise idée d’écrire un scénario en français plus ou moins international serait reçu comme un chien dans un jeu de quilles».[27] Ce à quoi a répondu, l’auteur Pierre Monette : «En s’efforçant de parler comme dans un livre, on montre précisément qu’on n’a pas encore tourné la page scolaire».[28] Il est assez amusant de constater que le premier auteur s’exprime dans un français québécois alors que le deuxième écrit dans un français international. Les deux auteurs ont raison chacun dans leur argumentation, car une citation latine bien appropriée dégage cette sagesse fondamentale : Ut vulgus loquitur (ou Loquendum ut vulgus). On dit aussi : Loquendum ut vulgus, sentiendum ut docti  qui peut se traduire ainsi : «Il faut parler comme tout le monde (ou comme la plupart des gens), et il faut réfléchir et raisonner comme les savants».[29] Donc, en résumé, il est tout à fait légitime de valoriser le patois comme langue vernaculaire, mais là où le bât blesse, c’est au niveau de l’écrit, ou l’auteur doit faire un effort de s’élever au-dessus de la masse du peuple et s’exprimer selon une certaine décence et à un certain niveau. La langue parlée et la langue écrite sont deux formes d’expression distinctes qu’il faut bien reconnaître comme telles.

Après « lui », simplement le gazon.

Ce n’est pas l’anglais ni la qualité de la langue parlée  (la «méchante langue»[30]) qui menacent le français au Québec, mais notre indifférence et notre ignorance de notre propre Histoire nationale.[31] Les Québécois auraient intérêt à relire leur Histoire à la lumière de la recherche et de la nouvelle approche du Fait historique, afin de se montrer davantage fiers dans l’emploi de la langue écrite. Et ici, je ne m’attarde pas au sondage récent qui dénonce le taux anormalement bas de réussites des étudiants de niveau du baccalauréat qui ne franchissent pas la barre des 60 % à un examen qui porte sur les exceptions de la langue française, qui, comme tout le monde le sait, est une langue aristocratique et très difficile dans son exercice. Non, il faut dénoncer la piètre qualité de nos 1 040 bibliothèques publiques dans la province, le niveau d’analphabétisme technique élevé dans la population générale, cela touche aussi les autres pays et cultures étrangères. Non, il faut encourager la lecture dès la prime enfance ainsi que l’écriture, moi par exemple, j’ai publié dès l’âge de sept ans et je souffre quand même de certains handicaps comme la dyslexie, une orthographe approximative, mais par contre, comme j’ai lu d’un couvert à l’autre les dictionnaires Robert I  des  noms communs et Robert II des noms propres, je comble mes énormes lacunes et carences avec une plus grande richesse de vocabulaire, et ayant eu la chance d’étudier le latin, cela améliore non seulement l’étymologie des mots, mais aussi la syntaxe française qui elle aussi s’inspire de son modèle précédent. Mais je ne me donne pas en exemple, je suis simplement conscient que la langue exige un énorme effort, comme tout geste de nature culturel, mais que l’effort est largement récompensé lorsque l’on se donne la peine de lire des auteurs d’essais ou des historiens français qui maîtrisent mieux la langue de Molière, qui soit dit en passant, a fait faillite dans sa vie privée au tout début de sa carrière, et recourrait seulement à 5 000 ou 6 000 mots de vocabulaire, en comparaison avec Shakespeare[32] qui en maîtrisait plus de 16 000…

Mais, il ne faudrait pas commettre cette erreur de confondre l’action avec l’agitation. Notre indifférence par rapport à notre Histoire nationale, comme les circonstances troubles de la mort du Marquis de Montcalm et l’exclusion  expéditive et irrationnelle de Claude Jutra, cinéaste célèbre s’il en est un, de la sphère publique, relèvent tous les deux du fascisme, et le mot n’est pas trop dur. L’exclusion est toujours une attitude réactionnaire. Toujours! Celle de l’étranger, de la différence, du génie même. Pour paraphraser Federico Fellini, le fascisme, c’est la brutalité de l’ignorance. «Le fascisme, c’est l’ignorance, c’est la violence de l’ignorant, (…). C’est le manque de culture avant d’être une doctrine politique strampalata (démente). Le fascisme, c’est la stupidité et l’obscurité intérieure. Le fascisme ne réside pas dans l’esprit de quelqu’un en particulier, il est une des composantes de l’esprit humain».[33]

Notes bibliographiques

[1] Marc Bloch. Apologie pour l’histoire ou le métier d’Historien, préface de Jacques Le Goff, Paris, Armand Colin, 1993, juillet 1997, p. 57.

[2] Sous la direction de Jacques Le Goff, La nouvelle Histoire, Bruxelles, Éditions Complexe, septembre 2006. P. 300.

[3] Guy Bourdé, Hervé Martin. Les écoles historiques, Paris, Éditions du Seuil, juin 1983 et janvier 1997, p. 268.

[4] An Historical Journal of the Campaigns in North America For the Years 1757, 1758, 1759 and 1760, by captain John Knox, edited with introduction, appendix, and  index by Arthur G. Daughty, in three volumes, volume II, Toronto, The Champlain Society, 1914, passim.

[5] Fondée par Fleury Mesplet, franc-maçon et sympathique à la cause américaine. The Gazette of Montreal devint unilingue anglophone à partir de 1822 (date à retrouver).

[6] Jean-Pierre Wilhelmy. Les mercenaires allemands au Québec du XVIIIe et leur apport à la population, Beloeil, Maison des Mots, mai 1984, pp. 187-188. Préface de Marcel Trudel.

[7] Cité dans l’ouvrage de Guy Bouthillier et Jean Meynaud, Le choc des langues au  Québec :  1760-1970, Montréal, Les Presses de l’Université du Québec, 1972, p. 143.

[8] Jacques-Donat Casanova. Une Amérique française, Paris, La Documentation Française et l’Éditeur officiel du Québec, 1975, p. 39.

[9] Guy Bouthillier, op cit. p. 217.

[10] La Société du parler français au Canada, cent ans après sa fondation, mise en valeur d’un patrimoine culturel, sous la direction de Claude Verreault et al, collection : Langue française en Amérique du Nord, Québec, PUL Diffusion, 2 mars 2006, 242 pages, 7 février 2017, 256 pages.

[11] Ce livre a été réédité le 1 février 1973 et la dernière fois, le 24 mai 1991 toujours chez Gallimard.

[12] Le 26 mai 1932, la loi sur la radiodiffusion est adoptée et donne naissance à la Société Radio-Canada le 2 novembre 1936 et à CBFT (Canadian Broadcasting French television), premier poste de télévision  à entrer en service au Canada le 6 septembre 1952. À noter que l’électrification rurale au Québec date de 1947. La SRC va faire la promotion de la qualité du français international jusqu’à l’adoption de la loi 101 sur la langue française le 26 août 1977, qui choisit cette fois de faire la promotion de la langue québécoise.

[13] Quoique créé le 2 mai 1939 à Ottawa, le siège social de l’Office National du Film du Canada (National Film Board of Canada) déménage à Montréal le 25 septembre 1956, et joua ainsi un rôle prépondérant dans l’émergence de l’équipe française vers 1964. Claude Jutras qui entre à l’ONF en 1954 , laisse tombé le «s» de la fin de son nom de famille pour éradiquer la prononciation «ass» (cul) en anglais, dans son nom.

[14] Yves Lever. Claude  Jutra : biographie,  Montréal, Boréal, 16 février 2016, pp. 108-109. «L’Affaire Claude Jutra» débute dans La Presse plus, le samedi 13 février 2016.

[15] «Pierre Véronneau établit que le premier geste de regroupement eut lieu à l’automne de 1962 à l’initiative de sept cinéastes de l’ONF : Marc Beaudet, Georges Duffaux, Jacques Giraldeau, Jacques Godbout, Victor Jobin, Marcel Martin, Clément Perron. La première assemblée générale attira 61 personnes. Il précise que les choses s’étaient concrétisées au cours de la réunion du 5 février 1963 : (…)». Caroline Zéau, L’Office national du film et le cinéma canadien (1939-2003) : Éloge de la frugalité, Bruxelles, P.I.E. Peter Lang S.A., Collection : Études canadiennes, no 10, 2006, p. 143.

[16] Ils étaient 61 membres en 1963, 104 en 1964, ils seront 345 en 2001 et 645 en 2013.

[17] Le film de Claude Jutra a cependant été précédé par un film collectif codirigé par Denys Arcand, Seul ou avec d’autres, sorti le 19 avril 1962, au coût de 24 000 dollars, dans le cadre d’une activité parascolaire de l’Université de Montréal.

[18] Voir l’article «hommage», consacré au décès d’André Brassard, d’Élie Castiel, in KinoCulture Montréal, 13 octobre 2022.

[19] L’anecdote de la petite histoire de l’origine de cette pièce remonte à la sortie du Saint-Denis, après avoir visionné le dernier film de Pierre Patry, Caën (date de sortie à retrouver), sur un scénario de Réal Giguère et dont la narration était tenue par Hubert Aquin, les deux amis, Michel Tremblay et André Brassard se dirent choqués et déçus du niveau de la langue un peu châtiée et artificielle à leur goût. « La pièce eut un impact prolongé qui – lié à un mouvement poétique axé sur la défense de la langue de la rue appelée «joual» — jeta les bases de ce que l’on appela alors la «québécitude», état d’âme mélancolique du vaincu (la conquête anglaise de 1760 jamais acceptée, subie dans le silence, oubliée dans l’amertume). (…) » Robert Lévesque, Un siècle en pièces, Montréal, Les Éditions du Boréal, mai 2000, collection Papiers collés, p. 110.

[20] Bruno Roy. L’Osstidcho ou le désordre libérateur, essai, collection documents, Montréal, XYZ Éditeurs, mai 2008, 200 pages.

[21] Claude Jutra. Mon oncle Antoine, Montréal, Art Global, 30 août 1979, p. 9. D’après un scénario original de Clément Perron adapté par Claude Jutra et Clément Perron.

[22] Sources personnelles à partir de mes recherches aux Archives de l’ONF, consultées grâce à Bernard Lutz, le 6 mai 1997.

[23] J’ai fait paraître une fiche filmographique dans le cadre de la revue Séquences, consacrée au chef-d’œuvre de Claude Jutra, intitulée : «Avez-vous vu Mon oncle Antoine?», nº 187, novembre/décembre 1996, pp. 19-25. Épuisé.

[24] Ce film, au budget de 1 960 dollars est d’abord sorti en avant-première mondiale lors du Festival de Cannes, le 13 mai 2001. Mon oncle Antoine a été détrôné le jeudi 23 avril 2015, à 10 : 55 am.

[25] À noter que la cinéaste et amie de Claude Jutra, Paule Baillargeon, lui a consacré un documentaire : Claude Jutra : Portrait sur film, de 82 minutes et 7 secondes, sorti en primeur à l’Imperial, le 23 août 2002, auquel j’assisté. Elle y dévoilait déjà sa pédophilie de façon explicite.

[26] Claude Jutra, octobre 1981. Texte écrit en 1981, lors d’une campagne de souscription en faveur de la Cinémathèque québécoise. Collection privée : Yves Lever.

[27] Georges Dor. Anna braillé ène shot (Elle a beaucoup pleuré : Essai sur le langage parlé des Québécois, Montréal, Jacques Lanctôt Éditeur, et George Dor, 25 septembre 1996, p.  164 (sur 192).

[28] Pierre Monette. Pour en finir avec les intégristes de la culture, Montréal, Boréal, 15 octobre 1996, p. 107. (sur 112 pages). Avec humour, nous pouvons compléter la nomenclature de l’auteur avec la description des différents niveaux de langage du joual : le joual picouille (de bât); le joual de trait; le joual d’attelage (ou de parade); le joual de cérémonie; le joual de bataille (d’armes); le joual de selle; le joual de bidet (ou de dame), et enfin le joual de course (ou de harnais).

[29] Albert Mayrand. Dictionnaire des maximes et locutions latines en droit. Cowansville, Les Édition Yvon Blais Inc., 1972, 1985 et 1994, p. 287.

[30] Chantal Bouchard. Méchante langue : La légitimité linguistique du français parlé au Québec, Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal, 2011, 176 pages.

[31] Par exemple, l’apprentissage du latin est complètement indissociable de l’étude de l’Histoire Romaine, la République et l’Empire. Il en va de même pour le grec ancien, de l’anglais et de l’américain. Pourquoi en serait-il différent pour la langue québécoise ou française?

[32] En ce qui concerne la langue la plus apprise dans le monde et de sa relation complexe avec le français, le lectorat consultera avec profit l’ouvrage de Claude Truchot, L’Anglais dans le Monde Contemporain, Paris, Le Robert, collection « L’ordre des mots », octobre 1990, 316 pages.

[33] Federico Fellini, in Zoom, Paris, no 12, 1972, p. 97.