Le mal n’existe pas

 PRIMEUR
Sortie prévue
Vendredi 17 mai 2024

RÉSUMÉ SUCCINCT.
La prochaine arrivée d’un site de camping de luxe près d’un village alpestre japonais provoque des remous.

 

CRITIQUE
Luc Chaput

★★★ ½

La mort en

ce jardin

Dans le stationnement du centre communautaire d’un village japonais, des enfants jouent à « 1, 2, 3, soleil » sous la direction d’une éducatrice. Une auto arrive. Takumi vient chercher sa fille Hana.

Dans ce village alpestre de la région de Tokyo, les gens semblent vivre en communauté avec la nature, ses forêts et ses ruisseaux. Le cinéaste débute son film avec une séquence de travelling de la caméra filmant les branches et le ciel y insérant un générique court sur des fonds noirs. L’ample musique de son amie, la compositrice Eiko Ishibashi, souligne déjà sa présence et la bande-son dans son dialogue avec les images apporte des éléments divergents ou similaires. Ainsi Takumi, l’homme à tout faire du village, vient prendre de l’eau dans un ruisseau dévalant une pente et seuls les bruits ambiants l’accompagnent. Le silence de la forêt est perturbé par une scie mécanique ou de rares coups de feu au loin.

La venue de deux représentants d’une compagnie voulant implanter un camping de luxe dans le village amène une discussion animée dans la salle communautaire. Les inquiétudes et questionnements des résidents mettent un peu à mal ces représentants tokyoïtes. Le maire du village y va d’une vérité de La Palisse que plusieurs organismes ont tendance à oublier ou rejeter du revers de la main.

Comme un endroit hors du temps.

La mise en scène d’Hamaguchi, soutenue par l’impressionnante  cinématographie de Yoshio Kitagawa (Happy Hour / Happī Awā), après les plans larges du début, prend une tournure plus documentaire dans cette assemblée. Le réalisateur multiplie le nombre d’écrans dans la réunion de travail de la compagnie et y montre le début d’une fracture de l’équipe. Les deux employés obligés de retourner au village ont un dialogue enlevé et instructif sous le regard d’une caméra sise sur le banc arrière. Le changement de carrière  est alors évoqué.

Appuyé par la forte interprétation d’Hitoshi Omika, son habituel assistant, dans le rôle principal et par une troupe d’acteurs peu connus, dans ceux de villageois pas si anonymes, Hamaguchi a construit, en conjugaison avec sa compositrice, une œuvre subtilement écologique sur les effets nocifs ou non de nos actions.

La rencontre avec Takumi, sur son lieu de travail continuée dans la voiture et au restaurant, apporte de nouvelles informations sur la région. Hana, pendant ce temps, continue à explorer le voisinage et la bande-son privilégie souvent le silence quand elle est seule, fascinée par les cerfs au loin ou plus près. Par la présence répétée de ces cervidés dans le cours de son long métrage et dans sa fin étonnante, Ryûsuke Hamaguchi retrouve-t-il des accents souterrains du shintoïsme1 pour qui ces animaux sont un lien avec l’au-delà ? Peut-être.

Appuyé par la forte interprétation d’Hitoshi Omika, son habituel assistant, dans le rôle principal et par une troupe d’acteurs peu connus, dans ceux de villageois pas si anonymes, Hamaguchi a construit, en conjugaison avec sa compositrice, une œuvre subtilement écologique sur les effets nocifs ou non de nos actions.

1 Hayao Miyazaki, dans son grand Princesse Mononoke (Mononoke-hime), y dépeint plus de ces pistes de liens entre l’humain et la nature selon cette religion ancestrale.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Ryûsuke Hamaguchi

Scénario : Ryûsuke Hamaguchi, d’après une idée de
Ryûsuke Hamaguchi et Eiko Ishibashi
Direction photo : Yoshio Kitagawa
Montage : Ryûsuke Hamaguchi, Azusa Yamasaki
Musique : Eiko Ishibashi

Genre(s)
Drame
Origine(s)
Japon
Année : 2023 – Durée : 1 h 46 min
Langue(s)
V.o. : japonais ; s.-t.a.
Akua wa sonzai shinai

Ryûsuke Hamaguchi

Dist. [ Contact ] @
Enchanté Films
[ filmswelike]

Diffusion @
Cinéma Beaubien
 Cinéma du Musée
 Cinéma du Parc
Cinémathèque québécoise

Classement
Visa GÉNÉRAL

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]