Le principe d’Archimède

CRITIQUE
SCÈNE
Élie Castiel

★★★ ½

LA RUMEUR

Vrai ou faux? Le mensonge peut-il sortir de la bouche des enfants? Rumeur ou fait accompli? Avec Le principe d’Archimède, le Catalan Josep Maria Miró nous ramène au (dés)ordre en mettant les pendules à l’heure. Selon la définition du moteur de recherche Google, « Le principe d’Archimède stipule qu’un objet plongé dans un fluide subit une force de poussée vers le haut dont la force est égale au poids du fluide déplacé par l’objet. ». La pièce de Miró prend des proportions scientifiques en relation avec l’axiome du titre. Lorsque le poids des mots et des situations flottent, il est difficile de départager le vrai du faux, la vérité du mensonge.

Et lorsque l’expérimentation relève des êtres humains, de leur physicalité, de leur raison, leur imagination, leur vision de la vie et de la sexualité et notamment de leur notions sur les principes du réel et de l’imaginé, le constat est d’autant plus virulent pour un public d’aujourd’hui. À tort ou à raison, puisque submergé par une vision politiquement correcte de la vie, de plus en plus envahissante dans les sociétés occidentales.

Et lorsqu’il s’agit de sexe et que ça concerne des enfants, et lorsqu’on est parents, le dilemme est encore plus ravageur, expliquant magnifiquement bien les derniès secondes de cette pièce sur le doute, cette zone grise qui dirige notre quotidien.

 © Marie-Andrée Lemire

Une écriture moderne, adaptée au goût du jour, proche des spectateurs car certains pourront y voir un miroir  de leurs propres confusions. Les auteurs classiques offraient des solutions aux problèmes posés. Aujourd’hui, la théâtralité post-moderne engagée pose des questions et demande aux spectateurs de trouver leurs propres réponses ou dénouements.

Existe-t-il une forme de sexualité chez les enfants? Oui, évidemment, mais elle est constituée d’un mélange de curiosité naïve et de signes identitaires en gestation qui, dans la très grande majorité des cas, ne se transforment pas en actes. Miró ne va pas par le dos de la cuillère; il explore des thèmes qui l’interpelle, poussant parfois jusqu’à la provocation; et puis, du coup, réalisant que les limites sont essentielles pour ne pas trop choquer tout en choquant.

… le spectateur, saisit par son oeil-voyeur et une ouïe indiscrète, plonge lui aussi comme témoin à charge d’une affaire d’attouchement, vraie ou fausse, qui vire au cauchemar. Point de calme après la tempête.

Une mise en scène ou plutôt « en situations » accueillant des moments forts, graves, douloureux, difficiles à entendre, mais dans le même temps, contribuant à faire de l’expérience théâtrale un rendez-vous privilégié avec la vie, ses mensonges et ses vérités. Tout en soulignant une interprétation d’ensemble sentie, avec une Geneviève Alarie extraordinaire, sentant à chaque fois la charge émotionnelle des situations.

Qui sont les véritables coupables? En fait, il y a-t-il vraiment des coupables? De par sa forme narrative, on apprend des choses sur presque chaque personnage. Impossible de l’éviter. Hétérosexualité? Homosexualité? Peu importe. Et le spectateur, saisit par son oeil-voyeur et une ouïe indiscrète, plonge lui aussi comme témoin à charge d’une affaire d’attouchement, vraie ou fausse, qui vire au cauchemar. Point de calme après la tempête.

ÉQUIPE DE CRÉATION
Texte
Josep Maria Miró
Traduction
Juan Arango
d’après El principio de Arquímedes
Adaptation
Kariane Héroux-Danis
Mise en scène
Christian Fortin
Assistance à la mise en scène
Frédéric Boudreault
Scénographie
Xavier Mary

[su_expand height=”0″ link_style=”button”]

Costumes
Audrée Villeneuve
Éclairages
Claire Seyller
Son
Benjamin Prescott La Rue
Distribution
Geneviève Alarie (Anne), Lucien A. Bergeron (Pierre)
Daniel D’Amours (Vincent), Sébastien Rajotte (David)
Durée
1 h 20
(Sans entracte)
Représentations
 Jusqu’au 16 novembre 2019
Prospero
(Salle principale)

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

[/su_expand]