Le rire

PRIMEUR
Semaine 05
du Ven 31 jan au Jeu 06 fév 2020

SUCCINCTEMENT
Au Québec, une guerre cruelle a fait de nombreux morts. Valérie a miraculeusement survécu, contrairement à son conjoint qui a été abattu sous ses yeux. À Montréal, huit ans plus tard, la jeune femme occupe un emploi de préposée aux bénéficiaires dans un CHSLD.

Réalisation
Martin Laroche

CRITIQUE
Luc Chaput

★★★ ½

Dans une salle de bain, un couple se détend lors de ses ablutions. La jeune femme, en plaçant son visage sur la porte-miroir de l’armoire de pharmacie, provoque un rire communicatif par l’aspect étrange que prend les deux parties de son visage. Valérie et Gabriel forment un jeune ménage uni aux parcours contradictoires.

Ce dernier long métrage de Martin Laroche contient au début une scène désarçonnante avec une performance de danse contemporaine dans le couloir d’un CHSLD et le titre du film apparaît alors en surimpression. Valérie y travaille et a des bonnes relations avec plusieurs employés et résidents. Elle a trouvé en Jeanne à laquelle Micheline Lanctôt apporte l’étendue de sa culture et de son talent multiforme une interlocutrice privilégiée à qui elle peut raconter plus tard, dans un moment de détente propice aux réminiscences, l’épisode de sa survie lors d’une guerre civile.

Le miroir brisé
de la mémoire

Alors que Roy Andersson, dans Chansons du deuxième étage (Sånger från andra våningen), amenait des séquences indicatrices des liens entre une partie de la population suédoise et le régime nazi durant la Seconde Guerre mondiale1, le réalisateur-scénariste, en s’inspirant de massacres de ce même conflit dans une longue séquence détaillée, n’offre pas de passage évident pour le spectateur vers certains événements sanguinaires en Amérique latine, au Liban ou au Rwanda. Ces épisodes auraient pu impliquer de près ou de loin certains de leurs voisins qui pourraient aussi croiser au détour d’une rue des individus porteurs de funestes souvenances.

Des bouffées mémorielles assaillent Valérie et par osmose son copain et les cauchemars prennent l’apparence incarnée d’une patiente du CHSLD où elle travaille. La cinématographie de Mathieu Laverdière accentue alors la distance entre les scènes nocturnes dans leur appartement et celles de jour plus réalistes car plus posées et empreintes de codes médicaux. Le réalisateur manie également  les codes des attentes des spectacles d’humour par le brillant monologue que Valérie réussit à faire accepter à un auditoire non préparé comme celui qu’il avait au début de ce même long métrage.

Le cinéaste Martin Laroche, après Manèges humains et surtout le plus linéaire Tadoussac, avec l’aide majeure de sa productrice Fanny-Laure Malo, offre ici un miroir de la condition humaine brisé en plusieurs fragments contradictoires et nous incite à en construire notre propre kaléidoscope.

Léane Labrèche-Dor porte ce film de son immense talent confirmant sa palette tragédienne. Elle y est le fil conducteur de cette plongée dans les travaux et les jours de lendemains post-traumatiques et de la reconquête d’une certaine sérénité. Des personnages altiers ou plus incongrus sont aussi l’occasion d’admirer les compositions de nombreuses interprètes inégalement connues. Le cinéaste Martin Laroche, après Manèges humains et surtout le plus linéaire Tadoussac, avec l’aide majeure de sa productrice Fanny-Laure Malo, offre ici un miroir de la condition humaine brisé en plusieurs fragments contradictoires et nous incite à en construire notre propre kaléidoscope.

1 Ce fait est un des thèmes du premier tome de la série des romans Millénium de Stieg Larsson.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Sortie
Ven 31 jan 2020

Genre(s)
Essai dramatique

Origine(s)
Canada [ Québec ]

Année : 2019 – Durée : 2 h 03 min

Langue(s)
V.o. : français; s.-t.a.
Laughter

Dist. @
Maison 4tiers

Classement
Interdit aux moins de 13 ans

En salle(s) @
Cinéma Beaubien
Cinéma du Parc
Cineplex

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]