Le schpountz
< CRITIQUE par Élie Castiel >
★★★½
LES FEUX DE LA RAMPE
L’adaptation en québécois d’Emmanuel Reichenbach brille par les dialogues empruntés à Marcel Pagnol, d’après son scénario de film, un mélange de drôlerie, de phrases parfaitement symétriques et empreinte d’un humanisme attendrissant.
Le schpountz se prend pour quelqu’un qu’il n’est pas, mais finit par nous convaincre qu’il a tout le talent du monde comme comédien, qu’il a le sens de la scène, et plus que tout, il peut nous faire rire autant que nous émouvoir. Dans un sens, oser, quitte à se casser la gueule. Comme le fait un Rémi-Pierre Paquin impérial, enivré par son personnage, s’offrant la scène comme un cadeau princier.
Nouvelle tendance, le décor de chaque partie est désormais changé par les comédiens et les artisans derrière les coulisses s’il est nécessaire. Alternative dynamique car elle semble faire partie de la pièce; on gagne du temps et ça fait bouger les interprètes.
Comme d’habitude, Denise Filiatrault possède la scène, espace dramaturgique qu’elle défend depuis des décennies avec un enthousiasme délirant, une envie qui ne s’éteint jamais. Pas une seconde de perdue. Ça bouge constamment et elle en est consciente.
L’accent québécois créer par Reichenbach n’est peut-être pas le marseillais d’origine, mais il possède assez de latinité pour nous convaincre des situations et des réparties, toutes aussi brillantes et subtilement travaillées. Nous sommes convaincus de l’ensemble des comédiens et des comédiennes de ce récit sur les apparences, les effets-miroir à double sens, la famille, la superficialité du monde du spectacle, mais aussi ses lumières, sa faculté à nous faire rêver et son inaccessibilité.
Oui, Théo rêve d’être sous les feux de la rampe, son rêve deviendra peut-être réalité. Peu importe puisque c’est le résultat, comme dans tous les écrits de Pagnol qui fait ressortir sa morale. Et nous sortons du théâtre emportés par un message à saveur intemporelle sur notre condition d’individu; que nous le voulions ou pas. Les feux de la rampe, ce n’est pas donné à tout le monde, mais tout le monde y a accès. Même dans Le schpountz.
Comme d’habitude, Denise Filiatrault possède la scène, espace dramaturgique qu’elle défend depuis des décennies avec un enthousiasme délirant, une envie qui ne s’éteint jamais. Pas une seconde de perdue. Ça bouge constamment et elle en est consciente.
FICHE TECHNIQUE
Auteur: Marcel Pagnol
Adaptation: Emmanuel Reichenbach, d’après le scénario du film de Pagnol
Mise en scène: Denise Filiatrault
Assistance à la mise en scène: Marie-Hélène Dufort. Décors : Jean Bard
Costumes: Pierre-Guy Lapointe.
Accessoires: Pierre-Luc Boudreau.
Éclairages: Martin Sirois
Musique: Guillaume St-Laurent
Maquillages et Coiffures: Jean Bégin
Perruques: Rachel Tremblay.
Distribution: Rémi-Pierre Paquin, Stéphan Allard, Raymond Bouchard, Marilyse Bourke, Normand Carrière, Alexandra Cyr, Matthieu Lorain Dignard, Philippe Robert, Linda Sorgini.
Durée: 1 h 30, (Sans entracte)
Représentations: Jusqu’au 8 juin 2019, Théâtre du Rideau Vert