Le totalitarisme travesti

RECENSION.
[ Sociopolitique ]

★★★★

texte
Élie Castiel

Essayiste féru de préoccupations sociales contemporaines, de cinéma de genre et de poésie (celle de Rimbaud surtout) – sans doute que j’oublie d’autres affectations, Michel Arouimi cache bien ses tendances politiques même si dans certains de ses écrits, on peut saisir en filigrane les dessous de son parcours idéologique. Après tout, tout homme de lettre ne doit-il pas se compromettre politiquement, même en catimini. De gauche? Pas vraiment. De droite? Peut-être, un peu et parfois beaucoup, et d’autres fois, pas du tout. Centriste? Presque. En fait, selon le sujet abordé.

   C’est ce que l’on ressent à la lecture de ce passionnant recueil de treize chapitres consacrés à diverses manifestations sociopolitiques de notre temps. Des courants de la pensée et de la dynamique qui ont fait et font encore écho dans la mémoire collective.

   Arouimi, dans Le totalitarisme travesti, titre qui suscite le débat autant qu’il laisse au lecteur le soin de s’interroger sur ces questions que nous laissons de côté par inadvertance ou paresse parfois, ne passe pas par quatre chemins, même si dans les quelques parties qui divisent l’opinion publique, il s’avoue plus prudent. Il expose les faits, certes, parfois avec une déréliction passagère car déçu de son temps; et puis, pris par un sentiment d’urgence, il devient aguerri, totalement convaincu de ses théories.

Radicalités

prononcées

  On peut ne pas être d’accord avec tout ce qu’il expose, comme dans le chapitre «Transgenre et nazisme » où il apparente l’homosexualité à cet arsenal LGBT contemporain, effectivement devenu une idéologie que simplement une « affaire d’orientation sexuelle ».En fait, à l’instar d’un Zemmour, par exemple, il y a sans doute dans son discours une « homophobie latente » non avouée. Une impression de ma part sur un sujet brûlant.

   Autre problème : « La désignation LGBT fait d’ailleurs fi des différences mêmes des groupes qu’elle englobe, dans une totalité douteuse… L’assimilation, banalisée par les médias, de la cause LGBT à celle des Juifs ne résiste pas aux valeurs de peuple, réduite à néant par l’idéologie transgenre… » (p. 51) – Une chose est certaine, les triangles Roses ont été victimes des nazis… et bien plus, parmi les principales victimes, les Juifs en l’occurrence, certains, bien que peu, étaient homosexuel(les) et n’avaient pas la vie facile avec leurs propres coreligionnaires, en plus des sévices subis de la part des tortionnaires allemands. On n’en a jamais parlé.

   Mais bon… À la page 143, Arouimi entame l’un de ses plus beaux volets, « Charlie dans le mixeur de l’actualité ». Entre les attentats commis en France et la question israélo-palestinienne, des points communs. Et « La cause des Juifs équivaut-elle à celle des auteurs de caricatures loufoques?… » Question d’autant plus pertinente qu’elle remet en cause l’antisémitisme inhérent d’une nouvelle Europe, dans ce cas, dans l’Hexagone. Il cite des noms, que nous préférons que vous découvriez. Un passage du livre étonnant.

Michel Arouimi cache bien ses tendances politiques même si dans certains de ses écrits, on peut saisir en filigrane les dessous de son parcours idéologique. Après tout, tout homme de lettre ne doit-il pas se compromettre politiquement, même en catimini.

   Il parlera de quelques films qu’il juxtaposera avec certains courants migratoires. Ce côté analogique est plus que bienvenu du moment où chaque phénomène inspire la création d’un autre; c’est dans l’ordre des choses. À titre d’exemple, en rapport avec le film Immigration Game (2017), de l’Allemand Krystof Zlatnik, qui d’après la description qu’en fait Arouimi, demeure d’une grande importance pour comprendre les dessous de l’immigration clandestine. Arouimi reconnaît la pauvreté de la réalisation. Et c’est bien ainsi car, comme c’est souvent le cas, c’est dans ces films que les véritables intentions des auteurs se font sentir.

   En fin de parcours, il dira qu’ « il serait réducteur de ne voir dans l’éthique préoccupante de ce film que l’expression du partage mental de nombreux européens vis-à-vis de la présence des migrants. » Égalité, partage, similarités… quelque chose d’inquiétant lorsque pris d’un soudain besoin d’exprimer ses craintes… l’auteur termine avec « La venue des migrants étant le moyen de catalyser un égalitarisme dont mains penseurs autrefois, cités au début de cet ouvrage, ont pressenti le danger. (p. 178) » Fait-il partie de ces penseurs?

Michel Arouimi
Le totalitarisme travesti
(Coll. « Débats / Questions contemporaines »)
Paris : Orizons, 2021

182 pages
 [ Sans illustrations ]
ISBN : 978-1-0309-0271-6
Prix suggéré : 18 Euros
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