Les films québécois ne sont plus exportables

AVANT-PROPOS
Avec le consentement de l’auteur, je me permets un bref préambule à son texte.
Pour un petit territoire comme le nôtre, tenant compte du très faible pourcentage de cinéphiles (dans le véritable sens du terme), le nombre de longs, courts et moyens métrages produits et réalisés, tous genres confondus, mais surtout subventionnés, dépassent l’entendement. Quels sont les véritables buts des deux principaux donateurs, la SODEC et Téléfilm Canada, dans cet exercice visant à séduire les divers acteurs de la culture cinématographique? Le Blanc constate que « tant qu’il… » Juste observation qui montre jusqu’à quel point tout cet emballage cinématographique ne vise qu’à contenter une partie, disons « accessoire », du milieu. Plus ça va, plus c’est pareil.

Élie Castiel
Rédacteur en chef

TRIBUNE
Libre.

texte
Sylvio Le Blanc

Seuls cinq films québécois ont été montrés commercialement en France l’année dernière : Babysitter de Monia Chokri, La déesse des mouches à feu d’Anaïs Barbeau-Lavalette, Falcon Lake de Charlotte Le Bon, Souterrain de Sophie Dupuis et Un été comme ça de Denis Côté1. Un succès d’estime, tout au plus, pour certains d’entre eux.

Souterrain, de Sophie Dupuis

Les films qui ont obtenu un succès public relatif au Québec n’ont pas marché en Europe ou n’y ont pas été montrés. Moins de 20 000 Québécois sont allés voir Viking et Falcon Lake en salle2. Quelque chose ne va pas dans notre cinéma, car nous semblons incapables d’allier qualité et succès public.

François Truffaut3, un des cinéastes préférés de Steven Spielberg, n’aurait pas réalisé 22 longs métrages s’ils n’avaient pas, pour la plupart, plu au public. Pas un seul chef-d’œuvre d’Alfred Hitchcock n’a fait un flop, commercialement parlant. Mais au Québec, qu’un film plaise ou non au public n’a aucune espèce d’importance. Tant qu’il recevra des fonds de la SODEC et de Téléfilm Canada, qu’il contentera certains critiques sous influence et les dirigeants de la Berlinale, le très surcoté4 Denis Côté, le fils spirituel de Jean-Luc Godard, continuera de produire ses œuvres indigestes.

Si nos films plaisent peu ou prou à l’extérieur du Québec, en revanche, ils sont nombreux ceux tournés ailleurs en français, souvent à faible budget, qui plaisent ici. Nos cinéastes devraient en prendre de la graine, mais comme plusieurs d’entre eux estiment avoir déjà trouvé la recette gagnante…

 

NOTES BIBLIOGRAPHIQUES

1 La Dépêche du Midi (France, Gers), Des films québécois à l’affiche, le vendredi 25 novembre 2022, p. 28.

2 https://www.lapresse.ca/cinema/chroniques/2023-01-23/cinema-quebecois/la-nouvelle-grande-seduction.php

3 https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Truffaut#Filmographie

4 « Le très surcoté Québécois Denis Côté, dont le ton prétendument décalé et punk continue de faire illusion dans les festivals, pousse ici les portes d’un institut pour jeunes femmes accros au sexe. Une hypersexualité qu’elles semblent pourtant apprécier, mais qui, sous l’écriture du cinéaste, devient une nymphomanie de pacotille pour films érotiques de quatrième partie de soirée sur le câble. L’emballage chic et toc, interminablement bavard et pseudo intellectuel, ne fait guère effet, masquant mal le regard ambigu d’un réalisateur observant de manière oblique des bouffées de désir féminin (une jeune fille se tape toute une équipe de jeunes footballeurs, une autre drague un routier en lui promettant qu’il pourra jouir de tous ses orifices). Fantasmes qui sont ceux d’un mâle alpha et hétéro. » Xavier Leherpeur, L’OBS, le jeudi 28 juillet 2022, pp. 62-63.