Les héroïques

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 22 juillet 2022

Le FILM
de la semaine.
★★★★

CRITIQUE.
texte
Élie Castiel

Écueils rédempteurs

François Creton s’empare habilement du film comme si cette histoire lui appartenait. À chaque plan, il laisse une empreinte indélébile, multipliant son registre de façon admirable, passant d’un abandon pour la vie à une situation pour en tirer le mieux qu’elle puisse offrir.

Maxime Roy, dont c’est ici le premier long métrage, prolongement en quelque sorte de son court Beautiful Loser (2018,) signe un drame urbain puissant, pas celui des quartiers luxueux, mais de la périphérie où la survie fait partie du quotidien.

Si Les héroïques a parfois recours aux codes du documentaire, ce n’est pas essentiellement pour filmer un quartier, un milieu particulier, mais entrer dans le for intérieur, dans la pensée, les gestes et la volonté de changer d’un ancien perdant (junky). Il assiste aux réunions des AA, s’invente une nouvelle vie avec son ex, s’occupe à son tour du gosse, le petit qui passe entre les bras du père ou de mère (très convaincante Clotilde Courau).

Et il y a le père de Michel, Richard Bohringer qu’on a plaisir à revoir alors qu’on pensait qu’il avait abandonné le cinéma ou plutôt le contraire, que le cinéma l’avait abandonné.

La mise en situations et en images de Maxime Roy procède par moments de bravoure, de petits miracles que seul le cinéma peut se permettre. Comme ce voyage à moto où Michel (Creton) emmène son père vers un ultime tour vers la vie et la liberté. Magnifique façon d’amadouer la finitude. Sur fond du Stabat Mater de Pergolèse, ce plan rapproché résonne comme s’il s’agissait d’une offrande à la vie. Car Les héroïques, titre on ne peut plus antinomique, mais au fond, d’une cohérence exceptionnelle, est avant tout un film d’atmosphères, de regards sociaux, de confrontations entre le marginal et le rêvé, entre la vie et son refus, entre l’amour et la solitude.

On regrette les erreurs du passé, on rêve d’un meilleur avenir. Et à un peu plus de 50 piges, Michel est prêt malgré les obstacles à refaire sa vie. C’est un film intime, douloureux, crève-cœur; effectivement, aussi déchirant que rempli de vie même si elle ne se manifeste que par petites doses. Et dans cet univers sombre, glauque, quasi-anti-rédempteur, une mise en scène qui privilégie l’impossible voyage à la vie, à la redécouverte de soi et surtout des autres.

On regrette les erreurs du passé, on rêve d’un meilleur avenir. Et à un peu plus de 50 piges, Michel est prêt malgré les obstacles à refaire sa vie. C’est un film intime, douloureux, crève-cœur; effectivement, aussi déchirant que rempli de vie même si elle ne se manifeste que par petites doses.

Mais encore une fois, impossible d’oublier François Creton qui, en dépit des présences très solides de Roméo Creton (son fils dans la vraie vie), Patrick d’Assumçao, remarqué dans L’inconnu du lac, d’Alain Guiraudie, et la grande Ariane Ascaride, impose avec une grâce étonnante son parcours souvent semé d’embûches vers l’apaisement tant souhaité. Lorsqu’il sourit en voiture en compagnie de son fils et de Patrick (d’Assumçao), on s’aperçoit que deux dents avant lui manquent. C’est ce détail anodin qui fait la puissance élégiaque de sa formidable personnalité, finalement retrouvée. Puissant.

 FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Maxime Roy

Scénario
Maxime Roy
François Creton

Direction photo
Balthazar Lab

Montage
Clément Candelara
Nicolas Desmaison

Musique
Pierre Rousseau

Genre(s)
Drame

Origine(s)
France

Année : 2021 – Durée : 1 h 39 min

Langue(s)
V.o. : français
Les héroïques

Dist. [ Contact ] @
K-Films Amérique

Classement
Visa GÉNÉRAL

Diffusion @
Cinéma Beaubien
Cineplex
[ Salles VIP : Interdit aux moins de 18 ans ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]