Les hommes de ma mère

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 4 août 2023

SUCCINCTEMENT.
Elsie, la vingtaine, désabusée, est surprise par les dernières volontés de sa mère. Elle doit retrouver ses cinq ex-maris pour disperser ses cendres en cinq endroits distincts.

Le FILM
de la semaine

CRITIQUE
Élie Castiel

★★★ ½

Un

brin

de

tendresse

Force est de souligner que le premier long métrage d’Anik Jean trouvera son public, ce qu’on appelle communément, parfois à tort,  « grand public », mais aussi ses détracteurs, ses incorrigibles, ceux qui taxeront le film de trop jouer sur l’émotion, sur ce sentiment qui caractérise facilement les âmes jugées sensibles. Les émouvoir coûte que coûte. À n’importe quel prix.

Et bien entendu, compter sur des comédiens de grand talent qui se sont montré prêts à défendre, par leur présence, le bien-fondé de la proposition d’Anik Jean, dont Les hommes de ma mère constitue le premier long métrage.

Elle entre par la grande porte et c’est bien, puisque comptant aussi sur la présence (en quelques retours en arrière tournés en noir et blanc) d’Anne-Marie Cadieux (Anne, la mère) alors que c’est là où l’on retient la véritable proposition de la réalisatrice.

Si Les hommes de ma mère, titre on ne peut plus direct, est « arrangé avec les gars et les filles des vues », c’est surtout qu’il est « bien arrangé ». Ce sont « les hommes » dont il est question; moins en ce qui a trait aux femmes puisque l’étrange quête que mène Elsie est de retrouver ceux qui ont, à un moment ou un autre, partagé la vie de sa mère – et bien sûr, suivre les dernières volontés de celle-ci, pas si bizarres qu’elles paraissent.

Malgré les circonstances, une sensation de triste plénitude.

La jeune femme va chercher à retrouver les traces de ces hommes campés par Colm Feore (Neil), Patrice Huard (Paul), Marc Messier (J.-A.) et Benoît Gouin (Yves), tous de conditions sociales différentes. Des comédiens qui ont aussi fait leur preuve à de très nombreuses occasions.

Mais plus que tout, il y a, chez Jean, cette heureuse tendance à légitimer l’émotion, à la rendre palpable, à lui attribuer une certaine condition difficile à expliquer.

C’est aussi une histoire de deuil, qu’il faut sevrer, le retenir sans que pour cela il retienne toute notre attention. Non pas pour oublier, mais pour mieux saisir que la vie qui continue. Le film est fait de ces solides moments où la retenue (ou son contraire) se manifeste telle qu’on l’attend. Le scénario de Maryse Latendresse – deux courts sujets et l’apprécié premier long Pas d’chicane dans ma cabane, de Sandrine Brodeur-Desrosiers, constitue un fer de lance pour un sujet mûri depuis quelque temps.

Le Grec, ou plutôt freudien, Œdipe n’est pas loin dans cette anti-saga familiale. Mais en fait, Anik Jean refuse cette étape psychanalytique, préférant compter sur les errances psychologiques d’Elsie, s’attachant de très près à ses déambulations, ses doutes sur ce que sa mère lui a léguée – Même à la lecture du testament, elle demeure neutre comparé aux autres membres de l’assistance.

Un premier long métrage convenable, bien senti par tous les protagonistes, évitant le pathos gratuit. Et possiblement qu’il aurait fallu possiblement écourter de quelques minutes pour le rendre encore plus crédible.

Il y a aussi des femmes dans Les hommes de ma mère, mais elles restent périphériques. C’est voulu ainsi puisque ce sont « ces » hommes qu’on veut connaître, les sortir de l’oubli. C’est de cela qu’il s’agit. Et seule Elsie demeure le centre d’attraction « au féminin ».

Justement, chez Anik Jean, se précise cette affinité féminine à diluer, parfois malgré les apparences, le côté machiste des hommes si souvent montré dans la plupart des films. Ici, ils sont également vulnérables.

Et puis, lequel d’entre eux est le géniteur d’Elsie? Celle-ci finit-elle par vraiment connaître sa mère? Les questions demeurent ouvertes… ou peut-être pas.

Un premier long métrage convenable, bien senti par tous les protagonistes, évitant le pathos gratuit. Et possiblement qu’il aurait fallu possiblement écourter de quelques minutes pour le rendre encore plus crédible.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Anik Jean

Scénario
Maryse Latendresse
Direction photo
Steve Asselin

Montage
Jean-François Bergeron
Musique
Anik Jean

Anik Jean

Genre
Drame
Origine

Canada [Québec]
Année : 2023 – Durée : 2 h 06 min
Langue
V.o. : française; s.-t.a.

My Mother’s Men

Dist. [ Contact ] @
Immina Films
[ Jessie Films ]

 

Diffusion @
Cinéma Beaubien
Cineplex

Classement
Visa GÉNÉRAL

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon.★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]