Les innocents
P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 13 mai 2022
SUCCINCTEMENT.
Un été, quatre enfants se découvrent d’étonnants pouvoirs et jouent à tester leurs limites, loin du regard des adultes.
Le FILM
de la semaine.
CRITIQUE.
★★★★
texte
Élie Castiel
Jeux
interdits
Quelque chose d’insidieusement fébrile s’établit entre la caméra aussi discrète que persuasive, les lieux, des espace extérieurs (la cour, la forêt) et intérieurs (maison) en forme de huis clos, sortes de no man’s land occupés par les forces du Mal et les personnages, particulièrement les enfants, devenus pour la circonstance, des disciples du surnaturel, du fantastique. Sous la lentille inquiétante de Eksil Vogt, ils ne sont plus ces pré-adolescents en devenir, mais des êtres aux pouvoirs étranges qui, justement, se font les apôtres du cinéaste, trop avide de tourner un film de genre comme il les affectionne. Sans compromis.
La morale est absente dans Les innocents, ou du moins porte les parures de l’angoisse, de l’inquiétant; par instinct, par découverte de quelque chose d’autre que le côté candide de l’enfance.
L’étonnant chez Vogt, c’est cette complaisance totalement assumée à décortiquer les contours du ressenti, sans se poser trop des questions, sans réfléchir davantage; c’est également donner à l’enfance la possibilité de sentir ces foudroyantes envies de faire du mal. Mais non pas comme les adultes, de façon le plus souvent préméditée, mais guidée par une sorte d’état d’esprit venue d’ailleurs. Mais est-ce vraiment le cas?
D’où ce côté magnifiquement invraisemblable qui donne au film ses meilleurs moments. Il y a, chez cette bande de jeunes en délire, cette volonté de participer à des jeux interdits, auxquels ils et elles ne sont pas habitué(es). Peut-être bien que l’absence estivale de petits voisins leur ouvre la porte aux mille et une tentations.
La direction des comédiennes et des comédiens se trouve ainsi mêlée à un rapport de forces égalitaire entre le cinéaste et les protagonistes. Qui mène le vraiment jeu? Répondre à cette question devient inextricablement du ressort des spectateurs, face à un dilemme générationnel peu illustré au cinéma.
Le plus marginal, Ben, ou Benjamin, excellent Sam Ashraf qui ne devrait pas trop attendre, on le souhaite, à avoir un rôle dans un des films de M. Night Shyamalan; comme ses collègues dans cette aventure risquée, il tourne ici son premier film.
Ashraf, cependant, demeure la révélation du film, frôlant avec une maîtrise impitoyable les forces de la douleur et du tourment. Tout comme la petite Ramstad, un véritable acteur sur qui on peut d’ores et déjà compter.
Et pourtant, la petite Aisha, la plus intense, celle par qui le mal pourrait s’éteindre, est campée formidablement par une Mina Yasmina Bremseth Asheim impeccable. Sans oublier Rakel Lenora Fløttum (une Ida autiste qui défend divers registres avec acuité) et la petite Alva Brynsmo Ramstad, incarnant une Anna qui devrait lui ouvrir les voies pour d’autres rôles.
Ashraf, cependant, demeure la révélation du film, frôlant avec une maîtrise impitoyable les forces de la douleur et du tourment. Tout comme la petite Ramstad, un véritable acteur sur qui on peut d’ores et déjà compter.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Eskil Vogt
Scénario
Eskil Vogt
Direction photo
Sturla Brandth Grøvlen
Montage
Jens Christian Fotstad
Musique
Pessi Levanto
Genre(s)
Suspense fantastique
Origine(s)
Norvège / Suède
Danemark / Finlande
France / Grande-Bretagne
Année : 2021 – Durée : 1 h 57 min
Langue(s)
V.o. : norvégien; s.-t.f. / s.-t.a.
The Innocents
De uskyldige
Dist. [ Contact ] @
Sphère Films
Classement
Interdit aux moins de 13 ans
[ Horreur ]
Diffusion @
Cinéma du Parc
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]