Les Rose

PRIMEUR
Sortie
Vendredi 28 août 2020

SUCCINCTEMENT
Après un séjour à la Maison du pêcheur, à Percé, les frères Paul et Jacques Rose se joignent au Front de libération du Québec (FLQ). En octobre 1970, l’enlèvement et l’exécution de Pierre Laporte par la cellule Chénier, dont ils font partie, constituent un choc général. Regard sur une Histoire du Québec moderne.

CRITIQUE.

texte
Luc Chaput

★★★ ½

Remonter le fleuve intranquille de vies

Dans une propriété surplombant un village près du fleuve, deux hommes, l’un âgé, l’autre plus jeune s’occupent à des travaux de réfection de la maison. Les angles de prise de vues d’Éric Piccoli varient captant les actions de ces deux hommes qui aussi échangent lors de pauses. Jacques Rose est l’oncle de Félix Rose, le réalisateur.

Ce long métrage est une œuvre de longue haleine. Félix apprend jeune que son père Paul a été condamné pour avoir tué un homme, le ministre Pierre Laporte en octobre 1970. Cela ne cadre pas du tout avec les sentiments et les impressions qui ont façonné son enfance. Il pose de plus en plus de questions à ce père qui n’est pas disert sur le sujet alors qu’il s‘implique beaucoup comme journaliste, organisateur syndical et homme politique. Le film est donc une reconstitution par le biais d’archives en partie inédites de l’histoire de la famille Rose et de son parcours semblable à bien d’autres familles ouvrières du Québec et d’ailleurs, ce qui a permis à Pierre Vallières d’intituler son essai Nègres blancs d’Amérique.

Un souffle à la fois personnel et plus général irrigue ce long parcours qui prend quelquefois des détours inattendus. La figure de la mère de Jacques et Paul Rose, au nom improbable de Rose Rose, prend ainsi de plus en plus d’importance au détour de photos et films de famille puis dans les extraits de journaux papier ou télévisés. En réaction à l’arrestation de ses fils et des nombreux autres prisonniers politiques au Canada lors de la Crise d’Octobre 1970, elle devient la cheville ouvrière d’un mouvement de défense des prisonniers politiques. La production et la réalisation auraient dû d’ailleurs identifier plus de personnages par le biais de notes de bas d’écran faciles à réaliser par des moyens numériques.

Les archives audio et les échanges avec des membres de la famille sont ainsi bonifiés par le merveilleux travail de montage de Michel Giroux qui a réussi à encadrer, soutenir ou élargir le propos par le biais entre autres d’extraits de nombreuses œuvres de l’ONF. Ainsi le dernier séjour de maman Rose à l’hôpital en 1981 qui a lieu sans la visite de son fils Paul incarcéré trouve un écho imaginatif dans le court métrage Infirmière de nuit (1966), de Pierre Patry.

En remontant ainsi l’histoire de sa famille, Félix Rose l’inscrit, par ce film touffu, de manière incomplète dans celle de l’Amérique du Nord et apporte un autre son de cloche nécessaire pour les jeunes générations dont le cursus scolaire a évincé ou presque cette matière pourtant nécessaire pour comprendre le passé et transformer le présent.

C’est pourtant dans de grands pans de l’entrevue de Paul, tournée en prison en 1980 par Marc Laurendeau, également auteur d’un mémoire de maîtrise sur le FLQ Les Québécois violents que le sujet principal s’exprime, reprenant avec force des idées qu’il continuera de défendre. Le long métrage a néanmoins laissé hors-champ d’autres morts de cette période trouble.  Le témoignage de son frère Jacques, placé à divers moments dans le récit, remplit d’autres cases de façon quelquefois plus émotive. La responsabilité collective de la cellule dans la mort de Laporte est de nouveau assumée complètement.

En remontant ainsi l’histoire de sa famille, Félix Rose l’inscrit, par ce film touffu, de manière incomplète dans celle de l’Amérique du Nord et apporte un autre son de cloche nécessaire pour les jeunes générations dont le cursus scolaire a évincé ou presque cette matière pourtant nécessaire pour comprendre le passé et transformer le présent.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Félix Rose

Genre(s)
Documentaire biographique

Origine(s)
Canada [ Québec ]

Année : 2020 – Durée : 2 h 08 min

Langue(s)
V.o. : français ; s.-t.a.

The Rose Family

Dist. @
Office national du film

Classement
Tous publics

En salle(s) @
Cinéma Beaubien
Cinéma du Musée

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]