Logic of the Worst
CRITIQUE.
[ SCÈNE ]
★★★
texte
Élie Castiel
Au cours de quelques brefs moments, lorsque les deux comédiennes et les trois comédiens vivent les silences, leur présence sur scène se fait sentir. Une fois le verbe reconquis, chacun déploie du mieux qu’il peut pour arriver à raconter un récit sur la « platitude » de la vie, sur la remise en question de nos existences, sur ce qui nous touche quotidiennement de près ou de loin et fait en sorte que nous nous accrochons à notre corps.
Le texte d’Étienne Lepage est un argumentaire existentiel et c’est par le mode de la parole urbaine contemporaine qu’il déplie son savoir-faire, mieux encore son « savoir dire ». Il est question des relations (limitées à celles hétéronormatives, ou du moins si on se fie à ce qu’on nous raconte) qui envahissent nos vies. Pour ne pas vivre seul, pour s’identifier à l’autre ; pour être aimé et peut-être aimer. Logic of the Worst est justement baigné des fausses attentes, des interrogations parfois douteuses qu’on se donne la peine de « vivre » avec trop de sérieux.
Et la finale est l’une des plus belles à laquelle nous ayons assisté depuis longtemps. Peut-être même jamais vue. Simplement, il suffit de partir. Pour ne plus rien dire.
La majorité des comédiens sont francophones et ça se sent dans l’accent puisque c’est à la version anglaise de La logique du pire que nous assistons. Peu importe, le message passe adroitement. L’accent n’est plus un obstacle. Belle stratégie de la part d’Étienne Lepage qui démocratise le moment théâtral – bien entendu, dans le théâtre classique, on peut, sur ce point, émettre des réserves – le rendant accessible à un plus grand nombre de comédiens.
En toute
confidence
On parle de masturbation, de scatologie, de tristesse, de bonheurs, de nothingness, que je traduis par « néant », même si ce n’est de cela qu’il s’agit. Sans doute du « vide », de l’immobile.
Lepage favorise les monologues. Parfois vides de sens, mais il faut savoir lire (et entendre) entre les lignes. Par moments, bouleversants. Courts, trop cours, mais suffisamment concis pour comprendre ce qui se passent derrière la tête des intervenants.
Si, la plupart du temps, les protagonistes s’adressent directement aux spectateurs, les mots émis paraissent comme des confessions, des intimités dites en toute liberté.
Et la finale est l’une des plus belles à laquelle nous ayons assisté depuis longtemps. Peut-être même jamais vue. Simplement, il suffit de partir. Pour ne plus rien dire.
ÉQUIPE PARTIELLE DE CRÉATION
Texte
Étienne Lepage
Mise en scène
Étienne Lepage
Frédérick Gravel
Interprètes
Jon Lachlan Stewart
Yannick Chapdelaine
Marie Bernier
Marilyn Perreault
Philippe Boutin
Décor
Romain Fabre
Costumes
Romain Fabre
Éclairages
Alexandre Pilon-Guay
Musique(s)
Robert M. Lepage
Frédérick Graval
Production
Étienne Lepage
Durée
1 h 10 min
[ sans entracte ]
Diffusion @
Centaur
[ Salle 1 ]
Jusqu’au 05 mars 2022 / 19 h
Recommandation
Déconseillé aux moins de 16 ans
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]