Los días de la ballena
SORTIE
VSD
Vendredi 24 juillet 2020
SYNOPSIS SUCCINCT
Cristina et Simón, deux jeunes artistes de graffiti de Medellin, en Colombie, ne reculent devant rien pour sécher leur cours et faire face à une gang de rue dont les membres, eux aussi, pratiquent leur même art. Pour tous, une façon comme une autre d’atteindre, même imprudemment, la maturité.
< CRITIQUE >
texte
Élie Castiel
★★★
Pour apprécier ce premier long métrage à sa juste valeur, un besoin essentiel, celui de comprendre les nouveaux enjeux d’une certaine jeunesse actuelle latino-américaine débarrassée du poids contestataire du passé, inventant et exprimant pour ainsi dire ses propres revendications, usant de l’humour et du je-m’en-foutisme comme des armes à double tranchant. Manque de maturité, certes, mais jeunesse consciente de cet état, vulnérable parfois, et qui se débrouille en brouillant les pistes du quotidien.
Les demi-sel
Comme c’est le cas de Cristina (adorable et fortement convaincante Laura Tobón Ochoa) et de son petit-ami (à temps partiel) Simón (charismatique David Escallón Orrego). Le couple mène le film dans ses périples rocambolesques et familiaux. Comme repères, les murs d’une Medellin qui leur servent de toiles vierges pour leurs graffitis d’une originalité sidérantes. Pour cela, ils sèchent les cours à la fac et peu importe. Apprendre à vivre par l’école de la rue.
Le regard que porte la jeune cinéaste sur la deuxième grande ville de Colombie, après Bogota, est une vision débarrassée des clichés des caïds de la drogue et des tueries clandestines. Il s’agit ici du portrait d’une jeunesse à l’aise, dont les parents sont des professionnels. Aucune revendication politique, mais un souci de liberté. Pour la politique, on verra plus tard.
Comme si à travers le visage d’une grande cité, il y aurait autre chose que le discours public ou étatique. D’où une mise en scène qui échappe aux conventions de la comédie dramatique en se servant d’un matériau unique, essentiel (ça va de soi!), la caméra. Objectif que David Correa Franco caresse avec le plus grand soin en apportant parfois des sophistications, notamment quand il parcourt ces murs blancs transformés en tableaux urbains.
La violence des gangs de jeunes est là et Cristina et Simón ne peuvent y échapper. Pas celles des grands coups à échelle internationale, mais les locales, ces clans de rue qu’on trouve dans toutes les grandes villes du monde. Cristina vit avec son père et sa nouvelle conjointe, sources de petits conflits internes; Simón avec sa grand-mère, ce qui le rend plus vulnérable aux sentiments affectifs. Deux regards sur le monde et soi-même. Mais ce qui fait de Los días de la ballena (en français , Les jours de la baleine) si différent des autres premiers films, c’est sans aucun doute la façon dont la réalisatrice montre le pouls de la ville, sa respiration, en fait ses respirations, ses impulsions, son oxygène, tantôt libre, des fois intempestive. D’où l’importance du travail de son de Daniel Vásquez, aux différentes tonalités. Sans oublier la musique de Víctor Acevedo, superbement choisie.
Et ce dernier plan sublime, inattendu, magique, renversant… nous persuadant une fois pour toutes que le cinéma est sans doute le plus démocratique des arts de la représentation. Prometteur.
La baleine dont il est question, on la verra à deux ou trois reprises au centre de la ville, sans que les habitants fassent attention. Comme si elle se présentait sans crier gare, venant de nulle part pour essayer d’avaler les citoyens. Comme si l’Humain et l’Animal tentaient de juxtaposer leurs différences. Mais par la biais de cette métaphore, aucune pièce à conviction de la part de la jeune cinéaste, plutôt un message aux spectateurs, livrés à eux-mêmes pour trouver une signification à la présence de ce mammifère marin.
Et ce dernier plan sublime, inattendu, magique, renversant… nous persuadant une fois pour toutes que le cinéma est sans doute le plus démocratique des arts de la représentation. Prometteur.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Catalina Arroyave [Restrepo]
Genre(s)
Comédie dramatique
Origine(s)
Colombie
Année : 2019 – Durée : 1 h 20 min
Langue(s)
V.o. : espagnole; s.-t.a.
Days of the Whale
Dist. @
[ Strand Releasing ]
Classement recommandé
Interdit aux moins de 13 ans
Diffusion en ligne @
https://www.outsiderpictures.us/movie/days-of-the-whale/
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]