Luz
P R I M E U R
Numérique
Sortie
Mardi 06 avril 2021
SUCCINCTEMENT
La liaison amoureuse entamée en prison entre Carlos et Ruben, pourra-t-elle survivre à l’extérieur?
CRITIQUE.
[ Sphères LGBT ]
texte
Élie Castiel
★★★ ½
Les histoires d’amour, quelle que soit l’orientation sexuelle des personnes impliquées, finissent bien en général. Ou c’est selon l’idée qu’on se fait dans la plupart des cas. Et lorsque le cinéma LGBT se prononce sur la question, force est de souligner que nonobstant les préjugés, le courant passe comme par enchantement pour la simple raison que ça situe le récit dans le lieu de tous les possibles. Ajoutons aussi que des récits pareils parfois nous confrontent à la réalité d’un 21e siècle qui tarde à mûrir en ce qui a trait aux choses de l’amour, sentiment victime d’un individualisme collectif qui ne cesse de brouiller les pistes de l’âme. Peut-on aimer?
Carlos y Ruben
Il y a Ruben (excellent Ernesto Reyes) qui entre en prison et finit dans la même cellule que Carlos (impeccable Jesse Tayeh), pas très accueillant. Petit à petit, et on le sent à chaque plan, une solide amitié se transforme en passion amoureuse. Et puis, une trahison affective qui obéit aux règles du pénitencier (départ de Carlos) et que le cinéaste et réalisateur Jon Garcia explique par quelques gestes minimalistes.
Deuxième partie, Ruben sort de prison trois ans plus tard et veut retrouver sa fille, que garde prisonnière Julio, son cousin, mafioso, qui l’a conduit derrière les barreaux. Une affaire concernant la femme que Julio aimait (une surprise qu’on ne dévoilera pas).
Donc, un second épisode qui s’annonce comme la vraie découverte du film : aimer? Ne pas aimer? Avoir confiance en l’autre ou pas? La liaison sentimentale, forte et magnifiquement charnelle entamée en prison peut-elle survivre à l’extérieur? Garcia répond avec une grâce qui n’a d’égal que le pouvoir de l’amour. Entre deux hommes. Et pourquoi pas.
Ça se passe comme nous l’avions prévu. Car au cinéma, encore une fois, les histoires d’amour finissent bien en général.
Justement, il y a, de la part du cinéaste, ce défi permanent qui consiste à valider les relations amoureuses entre personnes du même sexe : l’homosexualité n’est donc plus une seule affaire de sexe, mais aussi de sentiments, de partage, de fidélité, et pas nécessairement au sens orthodoxe du terme, de vie familiale et de confiance (très belle scène où Carlos montre son coffre-fort et annonce à Ruben qu’il lui donnera une clé, au cas où…). Cette confiance aveugle arrive avec le temps. Le signataire de ces lignes en a les preuves les plus concrètes.
Et puis, bien entendu, comment ne pas parler de mise en scène. Elle juxtapose les deux parties avec un sens inouï de la transition, qu’arrive à parfaire le montage de Matthew Gift (premier travail d’édition). Les séquences de sexe ne sont pas gratuites; au contraire, elles contribuent à consolider davantage le rapport entre les deux protagonistes, ne s’embarrassent guère de montrer la nudité masculine et, mine de rien, contraint la directrice photo Sarah Whelden de s’approprier les corps.
Mais elle filme aussi des lieux intérieurs (prison, maisons, commerces…) et des paysages sublimes. La musique originale et quelques chansons en espagnol soulignent le caractère dramatique de la production. Le drame existe, on le sent à chaque séquence, mais aussi la conclusion à laquelle on s’attend. Et nous avons raison. Ça se passe comme nous l’avions prévu. Car au cinéma, encore une fois, les histoires d’amour finissent bien en général. Du moins, c’est ce que l’on souhaite. En français, Luz veut dire « Lumière », tout à fait approprié au film dont il est question.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Jon Garcia
Scénario
Jon Garcia
Direction photo
Sarah Whelden
Montage
Matthew Gift
Musique
Jim Brunberg
Benjamin Landsvert
Genre(s)
Drame
Origine(s)
États-Unis
Année : 2020 – Durée : 1 h 59 min
Langue(s)
V.o. : anglais, espagnol; s-t.a.
Luz
Dist. [ Contact ] @
[ Dark Star Pictures ]
Classement (suggéré)
Interdit aux moins de 16 ans
Diffusion @
Format numérique