Maestro

PRIMEUR
Sortie
Vendredi 8 décembre 2023

RÉSUMÉ SUCCINCT.
Le récit de l’amour aussi grandiose que téméraire qui unira toute leur vie le chef d’orchestre et compositeur Leonard Bernstein et Felicia Montealegre Cohn Bernstein.

 

COUP de ❤️
de la semaine

CRITIQUE
Élie Castiel

★★★★ ½

 

Moderato cantabile

 

Sûrement, Bradley Cooper, romantique assumé, comme il l’avait prouvé dans A Star Is Born / Une étoile est née (2018) avec une Lady Gaga au jeu étincelant, récidive dans le genre avec une non-biographie du célèbre Leonard Bernstein, le chef d’orchestre dont la réputation sulfureuse mais ô combien productive n’est plus à faire.

En plus de se donner le rôle principal – même si les maquillages pour le ressembler ont froissé certains, pour de très mauvaises raisons d’ailleurs – il bénéficie d’une nouvelle muse, Carey Mulligan, campant une Felicia Montealegre Bernstein prête à accepter les infidélités les plus ambigües de son légendaire époux, au jeu impeccable.

Dans la vie de tous les jours, tenant compte des diverses époques que traverse le film, la sexualité de Bernstein est plutôt tolérée dans le monde artistique  auquel il appartient. Pour l’homme de tous les jours, c’est autre chose. D’où cette liberté de mouvements, de gestes, d’un je-m’en-foutisme du qu’en-dira-t-on qu’il peut se permettre, vu son statut social. Si le sujet est abordé , quoique subtilement, sans faire trop de vagues, c’est surtout sa relation avec Felicia et leurs enfants, ainsi que cet amour que Bernstein dédie à la musique qui traverse cette biographie musicale plutôt que romancée.

Se donner entièrement comme pour mieux renaître.

Pour l’occasion, séquence épique dans la cathédrale d’Ely au Cambridgeshire lors de la présentation de la Symphonie nº 2 de Mahler, donnant à Matthew Libatique, un habitué de Darren Aronofsky, de contempler une autre façon de magnifier la majestuosité du grandiose. Et où la prestance volontairement grandiloquente de Cooper et l’intensité de la partition donnent simplement la chair de poule.

Film linéaire, et c’est très bien ainsi, où les différentes étapes de la vie artistique et personnelle du compositeur sont illustrées, soit dans un noir et blanc majestueux et mélancolique ou une couleur propre à l’époque évoquée.

Comme on s’y attendait, le recours à la partition du culte West Side Story passe rapidement, comme un éclair, C’est plutôt la musique classique qui alimente le film. C’est par elle que le destin créateur de l’artiste traverse son époque, s’illustre dans des chemins de traverse, soulève des interrogations et sert de mise en perspective d’une œuvre intemporelle.

Cooper a fait en sorte que Maestro, au titre dignement exaltant, soit aussi un film triste, souvent nostalgique, d’une tristesse malgré les apparences, à fleur de peau, même lorsque ça ne paraît pas.

Mais plus que tout, Maestro est un film fiévreux, obsédant, ardent dans sa démarche, cherchant de tous côtés comment faire face à un sujet aussi téméraire que complexe et capricieux. Une partition musicale en forme de sonatine échevelée, circonspecte, mais tout aussi surprenante.

Il faut observer ces détails qui se faufilent d’une séquence à l’autre et qui transforment la banalité du quotidien en une aventure de l’émerveillement. Rares sont les films américains qui parlent de la classe aisée, de ces bourgeois du monde artistique qui, finalement, n’ont rien à raconter.

Dans le cas de Leonard Bernstein, c’est tout autre choses. Sa mise à exécution d’un personnage légendaire dépasse ce à quoi on aurait pu s’attendre. Ses imitations, si on peut les nommer ainsi, oscillent entre la caricature volontaire et une introspection que l’acteur donne à l’art qu’il pratique, autant comme réalisateur que comme comédien.

Quel est le discours politique de Bernstein et de Montealegre? Cooper n’en fait pas mention. Mais plus que tout, Maestro est un film fiévreux, obsédant, ardent dans sa démarche, cherchant de tous côtés comment faire face à un sujet aussi téméraire que complexe et capricieux. Une partition musicale en forme de sonatine échevelée, circonspecte, mais tout aussi surprenante.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation

Bradley Cooper

Scénario
Bradley Cooper
Josh Singer
Direction photo
Matthew Libatique

Montage
Michelle Tesoro
Musique
Leonard Bernstein

Bradley Cooper, portant la caméra.
Crédit : Jason McDonald (Netflix)

Genre
Drame biographique

Origine
États-Unis
Année : 2023 – Durée : 2 h 10 min
Langue
V.o. : anglais; s.-t.f.

Maestro

Dist. [ Contact ] @
Netflix
[ Equinoxe Films ]

Diffusion @
Cineplex
Cinémathèque québécoise

Classement
Visa GÉNÉRAL
[ Déconseillé aux jeunes enfants ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]