Maigret
P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 29 juillet 2022
SUCCINCTEMENT.
Maigret enquête sur la mort d’une jeune fille. Rien ne permet de l’identifier, personne ne semble l’avoir connue, ni se souvenir d’elle. Il rencontre une délinquante, qui ressemble étrangement à la victime, réveillant en lui le souvenir d’une autre disparition, plus ancienne et plus intime.
COUP de ❤️
de la semaine.
CRITIQUE.
★★★★
texte
Élie Castiel
Contrairement aux Maigret de la fin des années 50 et très début des 60, comme l’incontournable Maigret tend un piège (1958) du prolifique Jean Delannoy, six décennies plus tard Patrice Leconte, jeune garçon à l’époque, doit se rappeler de ses moments intenses que procurait l’enquête menée par un Gabin, alors inimitable. On ne pouvait imaginer que lui dans ce rôle à la fois plein de fermeté et protecteur des faibles.
Le Maigret-Depardieu, 60 ans plus tard, est une affaire de morale personnelle, un engagement spirituel, un rapport à la fois amical et atteint par ce goût si contemporain de la déconstruction entre le roman de Simenon (ou l’auteur lui-même) et un cinéaste curieux, transformateur, face à son métier.
Et lorsqu’on décide d’avoir un nom comme Yves Angelo à la barre de la direction photo, nul doute que le projet lecontien ne peut que réussir. L’image, effectivement, contribue davantage à ce récit-piège qui ressemble à tant d’autres, comme si à elle seule contribuait à faire de cette version du célèbre inspecteur quelque chose d’inusité, une curiosité qui réanime l’envergure envers l’écrit de Simenon.
Les plongées, les contre-plongées et autre afféteries esthétiques, si chère au concepteur des images, entre autres, dans le très bon Le colonel Chabert (1994), également réalisateur dans ce film, ne sont pas que des caprices, mais mettent en exergue la silhouette quasi abyssale, obsédante et pourtant organique de Gérard Depardieu.
Quand
l’inspecteur
s’en mêle
Car Maigret, celui de Patrice Leconte, c’est aussi et pourquoi pas surtout, Depardieu, l’Homme, l’acteur, le charisme puissant ou essayant de le maintenir, s’en fichant carrément des réactions négatives, essayant de poursuivre sa carrière contre vents et marées, face à une horde irrépressible de nouveaux venus et d’une nouvelle spectature qui, de jour en jour, change la donne quant à ce que le cinéma doit offrir de nos jours.
Maigret, encore une fois celui de Leconte, c’est un pari, une gageüre tenant presque du suicide; c’est prouver que malgré les nouveaux codes en matière de production, il est encore possible d’en faire à sa tête, de poursuivre une carrière artistique qu’on s’est tracé depuis quelques décennies, quitte à ce qu’on ait abordé le cinéma avec quelques grivoiseries plutôt douteuses. Légères erreurs de jeunesse. Mais tout le monde a commencé petit.
Le film nous envoûte aussi par ce ton mélancolique qui nous ramène à la vie. Pour Leconte, sans aucun doute, une façon comme une autre de continuer à croire à la machine-cinéma, infernale, contagieuse, (inter)changeable, dénudée souvent d’humanité, mais dans le même temps servant de secours thérapeutique à l’âme humaine.
Soulignons que la présence de Jérôme Tonnerre au scénario contribue à formuler les répliques à la « Audiard », probablement inspiré de « Simenon ». Elles sont corrosives, directes (trop par les temps qui courent alors que la société est atteinte d’une sensibilité à fleur de peau).
Le film nous envoûte aussi par ce ton mélancolique qui nous ramène à la vie. Pour Leconte, sans aucun doute, une façon comme une autre de continuer à croire à la machine-cinéma, infernale, contagieuse, (inter)changeable, dénudée souvent d’humanité, mais dans le même temps servant de secours thérapeutique à l’âme humaine.
Quand l’inspecteur s’en mêle, il ne peut échapper à ces multiples éclaboussures, surtout lorsque le royaume de l’intime y est sournoisement, impitoyablement amalgamé.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Patrice Leconte
Scénario
Patrice Leconte
Jérôme Tonnerre
D’après le roman de Georges Simenon
Maigret et la jeune morte
Direction photo
Yves Angelo
Montage
Joëlle Hache
Musique
Bruno Coulais
Genre(s)
Drame policier
Origine(s)
France
Belgique
Année : 2022 – Durée : 1 h 28 min
Langue(s)
V.o. : français
Maigret
Dist. [ Contact ] @
Axia Films
Classement
Visa GÉNÉRAL
Diffusion @
Cinéma Beaubien
Cineplex
[ Salles VIP : Interdit aux moins de 18 ans ]
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]