Marco da Silva Ferreira
@ Danse Danse (PdA)
CRITIQUE
[ Danse ]
Élie Castiel
★★★★
Carcaça
Rythme
Politique
et
volupté

Crédit : Danse Danse
Un nouveau venu, grand admirateur de Hofesh Shechter, chorégraphe israélien établi à Londres, fondateur de sa propre compagnie de danse, et avec qui il a collaboré, Marco da Silva Ferreira souligne avec véhémence ses origines portugaises qui se perd allègrement à travers diverses époques et doit ses origines à une africanité fondatrice.
D’où, à un moment donné dans ce Carcaça (en français, Carcasse) fustige les sonorités arabisantes et même issues d’un sépharadisme hispanique d’une époque plus harmonieuse oubliée et peu connue, pour les rendre accessibles au monde d’aujourd’hui. Ça se confirme dans les quelques brefs moments chantés, voix fausses peu importe, ce sont les intentions qui confirment la règle.
Une scénographie nue, immaculée, comme l’espace scénique devenait le lieu de toutes les possibilités, ce à quoi la chorégraphie de Da Silva Ferreira devient comme par envoûtement la métaphore sociale et politique d’un lieu du monde. Entre désaveu d’un colonialisme du passé, notamment inspiré vers la fin du spectacle et la joie de simplement danser pour que le corps puisse s’épanouir dans toute sa splendeur, le chorégraphe autodidacte, qui a un futur assuré dans le monde la danse contemporaine, répare les mauvais pas, embrase ses danseurs et danseuses lorsqu’il le faut, souligne parfois à gros trait les préceptes d’une idéologie, comme ce « Tous les murs tombent » magnifiquement direct et sans nuances, prouvant que parfois, être catégorique vaut vraiment le coup, quitte à choquer certaines âmes pieuses.

Un mimétisme bienveillant.
Crédit : José Caldeira (@ melanie.boiliveau)
Les interprètes, puisqu’ils ne font pas que danser, se donnent à cœur joie dans cet essai chorégraphique fort rythmé qui leur donne la possibilité d’exprimer leurs craintes, leurs espoirs, leurs désamours, les influences qu’ils tiennent du monde, leur queeritude réinventée face à une société qui reprend petit à petit, mais progressivement ses mauvaises habitudes homophobes.
En fin de compte, après mûre réflexion, nous nous rendons compte que le message de Marco da Silva Ferreira compte, à l’instar de plusieurs artistes du milieu culturel, que la coexistence (coexistência en portugais) est l’arme contre tous les maux idéologiques du monde.
C’est par la danse, le toucher, le rapport à l’autre, la nudité contrôlée et un état d’esprit désinvolte que ces protagonistes mènent la cadence et finissent par emporter l’adhésion de la grande majorité des spectateurs.
En fin de compte, après mûre réflexion, nous nous rendons compte que le message de Marco da Silva Ferreira compte, à l’instar de plusieurs artistes du milieu culturel, que la coexistence (coexistência en portugais) est l’arme contre tous les maux idéologiques du monde.
À Danse Danse, une fin de saison 2024-2025 enivrante.
Concept artistique & Chorégraphie
Marco da Silva Ferreira
Assistance artistique
Catarina Miranda
Interprètes
André Garcia, Cacá Otto Reuss
Fábio Krayze, Marc Oliveras Casas
Marco da Silva Ferreira, Maria Antunes
Max Makowski, Mélanie Ferreira
Nelson Teunis, Nala Revlon
Interprète dans la distribution initiale Leo Ramos
Scénographie Emmanuel Santos
Costumes Alexandar Protic
Éclairages Cárin Geada
Son João Monteiro
Concept musical
João Pais Filipe (percussionniste), Louís Pestana (musicien électronique)
Durée
1 h 15 min
(sans entracte)
Diffusion & Billets @
Place des Arts
(Théâtre Maisonneuve)
Jusqu’au 3 mai 2025
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]