Montréal Girls
P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 09 juin 2023
★★★
texte
Élie Castiel
La cinéaste, originaire du Salvador, depuis bien longtemps « québécoise », affiche avec une assurance, par moment touchante, de connivence envers les personnages. Déjà quelque chose de gagné.
Patricia Chica signe un premier
long métrage sur l’amour et le
respect qu’elle ressent pour sa
ville… Montréal
Qu’il s’agisse de Ramy, qu’on avait vu dans Antigone, de Sophie Deraspe, ici tenant le rôle principal avec une assiduité à la fois vulnérable, combattante ou plus encore, ces « filles de Montréal », libres, terriblement physiques, sans aucune inhibition sur les choses du sexe, ne se posant pas de questions sur leur recours à l’anglais comme langue de communication, le plus souvent bilingues et en fin de compte, vivant leur montréalité tous azimuts et développant avec panache ce sens quasi survolté de la franchise.
La cinéaste, plus connue jusqu’ici pour ses courts sujets, s’inscrit finalement dans le long métrage par le biais de la chronique de mœurs. Il n’est donc pas par hasard que la direction photo d’Alexandre Bussière (de nombreux courts et en 2018, Identités, de Samuel Thivierge) capte la métropole comme rarement vue auparavant. Souvent prise en plongée ou contre-plongée, comme s’il s’agissait de la situer dans un contexte mégalopole nord-américain et dans le même temps ouverte à toutes les tentations. Montréal est un personnage à part entière et souvent, le territoire géographique et la vie des individus se confondent avec une matérialité surprenante.
Effectivement, les excès auxquels Ramy s’intègre avec une facilité souvent naïve n’apparaisse pas aussi banals. Si Chica évite le sexe complaisant, il n’en demeure pas moins que les participantes et les participants semblent vivre ces moments avec une dédication surprenante, tout à fait conscient.e.s. que la caméra les capte amoureusement.
Si le roman emblématique Two Solitudes (Deux solitudes) de Hugh MacLennan veut encore dire quelque chose, Montréal Girls présente de multiples solitudes, ces nouveaux arrivants de nombreux pays qui, consciemment ou non ont choisi l’anglais comme langue d’apprentissage. Toutes ces revendications sur la langue, ils ne s’en soucient guère. Ils passeront de l’une à l’autre, évacuant toutes résonnances politiques. La seule séquence où apparaît Martin Dubreuil dialoguant avec Ramy, tous deux face au Saint-Laurent, en est l’exemple le plus édifiant.
Surtout, ces québécois de longue date, de souche étrangère, ont (presque) finalement l’occasion d’avoir du temps-écran dans un film de fiction tourné au Québec. Il est temps.
Et justement, ces « Montréal Girls », affichent toutes une sensation de bien-être, de vivre « le moment », mais qui au fond, cache une solitude, celle de soi, de trouver l’âme-sœur, de penser l’avenir et qui, de loin, dépasse toutes velléités nationalistes.
Surtout, ces québécois de longue date, de souche étrangère, ont (presque) finalement l’occasion d’avoir du temps-écran dans un film de fiction tourné au Québec. Il est temps.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Patricia Chica
Scénario
Patricia Chica
Kamal John Iskander
Direction photo
Alexandre Bussière
Montage
Patricia Chica
Musique
Suad Bushnaq
David Deïas
Genre
Chronique sociale
Origine
Canada
Année : 2022 – Durée : 1 h 35 min
Langue(s)
V.o. : anglais, français; s.-t.a.
Les filles de Montréal
Dist. [ Contact ] @
Filmoption International
[ Objectif 9 ]
Diffusion @
Cinéma du Parc
Cinémathèque québécoise
Classement
Interdit aux moins de 13 ans
ÉTOILES FILANTES
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½ [ Entre-deux-cotes ]