Murina
P R I M E U R
[ En Salle ]
Sortie
Vendredi 15 juillet 2022
SUCCINCTEMENT.
Sur l’île croate où elle vit, Julija souffre de l’autorité excessive de son père. Le réconfort, elle le trouve au contact de sa mère et de la mer, un refuge dont elle explore les richesses. L’arrivée d’un riche ami de son père exacerbe les tensions.
Le FILM
de la semaine.
CRITIQUE.
★★★★
texte
Élie Castiel
Jamais sensualité ne fut aussi bien partagée. Le premier long métrage de la croate Antoneta Alamat Kusijanović ne répond de rien. Il engage cette jeune femme de 17 ans dans une odyssée identitaire pourtant sereine entre l’abandon de soi, de ses sens, de ses fantasmes non encore définis, indicibles, comme si les cacher faisait partie de son jeu. Il y a, chez Julija, fin de l’adolescence, une part de perversité candide et de goût pour la provocation.
Il y a sa mère, encore belle femme, qui ne recule pas face au dilemme de la jalousie avec sa fille, mais sans trop la provoquer. Impossible d’accepter le temps qui passe. Une jeune femme en devenir qui commence à vivre; une qui a déjà vécu et qui cherche à stabiliser son couple.
L’espace d’un été
Et les hommes, le père (très efficace Leon Lučev), pris dans une affaire de transformation de terrain vierge en projet hôtelier. Et Javier (Cliff Curtis, remarqué il y a longtemps dans le très bon Once Were Warriors / Nous étions guerriers / L’âme des guerriers), un ami de longue date venu lui donner des conseils. Curtis, au jeu intentionnellement physique, naviguant entre l’attrait de l’interdit envers Julija et également sa mère. Sous le soleil tout est permis.
Entre temps, Julija aguiche sans s’en rendre compte (surtout un jeune touriste qui se trouve dans les parages avec ses copains/copines), se permet quelques calembours même si elle n’est pas vraiment faite pour la parole. Le peu qu’elle dit résonne comme un tonnerre de propositions.
Gracija Filipović illumine l’écran scope dans presque tous les plans, investit son corps de sirène comme on peut d’ores et déjà constater dans un séquence au début lorsqu’elle exécute une plongée sous-marine (comme d’habitude) avec son père. Mais comme la mise en scène est assurée par une femme et que les femmes, en général, n’ont aucun problème avec le corps masculin ou féminin, la physicalité des deux protagonistes, dans cette partie, est filmée avec un goût prononcé de l’érotique, pour l’une ou pour l’autre.
Incontestablement, Antoneta Alamat Kusijanović sait magnifiquement filmer les sensations intérieurs et celles que procure la physicalité.
Il n’est guère surprenant qu’on retrouve le nom de Martin Scorsese parmi les coproducteurs, très friand de découvertes internationales, comme si cet engouement se voulait une sorte de résistance à l’effet « quoi que ça coûte » imposé par l’industrie américaine du cinéma grand public.
Puis, du coup, sans tambour, ni trompettes, la révélation, pour Julija, qu’elle est devenue femme. Incontestablement, Antoneta Alamat Kusijanović sait magnifiquement filmer les sensations intérieurs et celles que procure la physicalité.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Antoneta Alamat Kusijanović
Scénario
Antoneta Alamat Kusijanović, Frank Graziano
D’après un idée d’ Antoneta Alamat Kusijanović
Direction photo
Hélène Louvart
Montage
Vladimir Gojun
Musique
Evgueni Galperine
Sacha Galperine
Genre(s)
Drame
Origine(s)
Croatie / Brésil
États-Unis / Slovénie
Année : 2021 – Durée : 1 h 36 min
Langue(s)
V.o. : anglais, croate; s.-t.a. ou s.-t.f.
La murène
Dist. [ Contact ] @
[ Kino Lorber ]
Classement (suggéré)
Visa GÉNÉRAL
[ Déconseillé aux jeunes enfants ]
Diffusion @
Cinéma du Musée
Cinéma du Parc
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]