Nos belles-sœurs

P R I M E U R
Sortie prévue
Jeudi 11 juillet 2024

RÉSUMÉ SUCCINCT.
Une femme au foyer gagne un million de timbres qui, selon elle, lui donneront accès au bonheur et au monde nouveau dont elle rêve depuis si longtemps. Une version cinématographique d’une des œuvres emblématiques de Michel Tremblay.

 

CRITIQUE
Élie Castiel

★★★

La p’tite vie

À souligner : Nos belles-sœurs et non pas Les belles-sœurs, comme si on signant ce premier long métrage en solo, René Richard Cyr s’appropriait l’une des œuvres emblématiques de Michel Tremblay, signalant ainsi son caractère culte et la situant d’une certaine manière dans le domaine public. Rien de moins, avec la bénédiction du l’auteur original. La brève apparition de ce dernier, accompagné d’une de nos icônes nationales, Denise Filiatrault, dans un greasy spoon, en est une preuve de bonne foi.

Côté scène, l’adaptation « Yiddish », mise en scène par Cyr lui-même au Segal, en 2014, s’affirmait comme l’une des plus brillantes, confirmant jusqu’à un certain point le côté universel de ce récit assumant un kitsch totalement décomplexé, présent ici.

Force est des nous demander pourquoi une version cinématographique aujourd’hui ? René Richard Cyr peut se défendre en réinventant – ajout de personnages masculins, une séquence chorégraphique en discothèque qui, à mon avis, rompt avec l’époque où a lieu le récit. Mais bon, des détails qui ne peuvent aucunement gâcher le plaisir de ce spectacle rassembleur.

Le bingo, comme exutoire à cette p’tite vie.

Le grand public est bien servi et sans aucun doute, le film atteindra sans problème le succès escompté, voir même dépassera les attentes. On parle de rêves de biens de toutes sortes (le Québec entre, à l’époque, dans la modernité occidentale et surtout nord-américaine du consumérisme), de jalousies à double sens, de tendresse ordinaire, de rapports familiaux ; bref, de tous ces thèmes propres au répertoire tremblaysien.

Les fameux timbres-primes Gold Star toujours en cours au début des années 1970 alors qu’on oublie un tant soi beaucoup les soucis politiques qui germent dans la province, préférant se raconter des histoires pour en finir avec la p’tite vie, pour accéder à une meilleure existence. Rien de répréhensible à cela.

En somme : beaucoup de Tremblay, un peu d’Almodóvar (côté chromatique), un peu de soi-même, vu les antécédents souvent prodigieux, un duo pas toujours assorti de théâtre et de cinéma et, surtout, un immense plaisir à réaliser et surtout à jouer.

Dans la mise en scène. René Richard Cyr oscille entre le drame et la comédie, se permet des petites touches de velléités, affirmant même que tourner des films est un labeur d’amour.

D’autant qu’il est entouré d’une belle gang de filles formidables, dont Geneviève Schmidt, notre Germaine Lauzon nationale, sort la plus gagnante. Effectivement, la comédienne traverse d’un moment à l’autre divers registres qui la place parmi les artistes de scène (et de cinéma) les plus intéressants de sa génération.

En somme : beaucoup de Tremblay, un peu d’Almodóvar (côté chromatique), un peu de soi-même, vu les antécédents souvent prodigieux, un duo pas toujours assorti de théâtre et de cinéma et, surtout, un immense plaisir à réaliser et surtout à jouer.

À vous d’en juger, individuellement ou collectivement.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
René Richard Cyr

Scénario  : René Richard Cyr.
D’après l’œuvre de Michel Tremblay
Direction photo : Yves Bélanger
Montage : Arthur Tarnowski
Musique
Daniel Bélanger

Genre(s)
Comédie musicale
Origine(s)
Canada [Québec]
Année : 2024 – Durée : 1 h 42 min
Langue(s)
V.o. : français ; s.-t.a.
Sisters and Neighbors

René Richard Cyr

Dist. [ Contact ] @
TVA Films
[ Cinémaginaire ]

Diffusion @
Cinéma Beaubien
Cineplex

Classement
GÉNÉRAL

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]