Nuit
@ Danse Danse (PdA)

CRITIQUE
[ Danse ]
Élie Castiel

★★★★

Symphonie

du geste

Crédit : Elle Marie

À l’époque, Nuit se présentait comme une révélation dans le domaine de la danse contemporaine québécoise, un espace de la représentation où les codes précédents s’estompaient au profit d’une avant-garde annonçant subrepticement le présent.

La reprise, des décennies plus tard, de cette œuvre emblématique par la Compagnie de la Citadelle, sous la houlette de Laurence Lemieux – qui l’a dansée en 2002 (sic) – n’est rien d’autre qu’une relation privilégiée avec l’Histoire de la danse, reprenant régulièrement des velléités du passé. Comme si le XXe siècle était le précurseur de la danse post-actuelle.

Un décor imposant où ces immenses murs aux gris graduels s’annoncent comme des remparts où l’Humain, tout en ayant droit de cité, est obligé de justifier constamment sa présence, la sienne et celle des bruits d’une nature tantôt sereine, mais plus fréquemment austère et dont le bruit de ces bottes noires de combat assure la continuité.

Les danseurs et les danseuses les portent avec vaillance et du coup, incertitude passagère ; des instruments de lutte, la teinte des costumes portés soulignent ce rituel qui se perd dans la nuit du temps. Il y a, dans ce brouhaha inquiétant quelque chose d’intemporel, tel un monde qui ne cesse de se créer, mais s’arrêtant pour éviter d’aboutir à une entité qu’on ne devine pas.

Avant tout, Nuit est une chorégraphie philosophique où la métaphysique, ou l’abstrait du geste, n’est rien d’autre que ce sensible rapport entre l’Être et le néant voulant prendre forme.

Entre l’incertitude et une certaine cohésion.
Crédit : Kendra Epik

C’est à ce moment où l’on prend conscience de cela et qu’on réalise que Jean-Pierre Perreault (1947-2002, ‘sic’) est déjà, à l’époque, un visionnaire. Que reste-t’il de tout cela aujourd’hui ?

La réponse que Louis Lemieux rappelle est celle d’un homme habité par ce moment chorégraphique inusité, donnant aux spectateurs cet essentiel besoin de réfléchir sur la question. Ne pas le faire serait porter atteinte aux préceptes rigoureux de la danse moderne.

La relation entre l’espace habité et ceux et celles qui prennent place devient de plus en plus arbitraire, selon les lieux géographiques. Perreault « l’a vu venir » et on sait pertinemment que c’est de plus en plus compliqué. D’où, également, une politisation de l’œuvre. La danse n’est plus seulement « danse », mais un moyen directe de relation avec notre monde.

La réponse que Louis Lemieux rappelle est celle d’un homme habité par ce moment chorégraphique inusité, donnant aux spectateurs cet essentiel besoin de réfléchir sur la question. Ne pas le faire serait porter atteinte aux préceptes rigoureux de la danse moderne.

FICHE ARTISTIQUE PARTIELLE

Chorégraphie
Jean-Pierre Perreault
Interprètes
Morgyn Aronyk-Schell, Valerie Calam
Tyler Gledhill, Sully Malaeb Proulx
Connor Mitton, Natasha Poon Woo
Heidi Strauss, Brodie Stevenson, Jarrett Siddall

ScénographieCostumesMusique
Jean-Pierre Perreault
Conception originale des éclairages
Jean Gervais
Coordination des costumes
Valérie Calam, Marianna Rosato

Durée
1 h 20 min

(sans entracte)
Diffusion & Billets @
Place des Arts
(Théâtre Maisonneuve)
Jusqu’au samedi 22 mars 2025

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]