Pacifiction
P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 10 mars 2023
Sur l’île de Tahiti, en Polynésie française, le Haut-Commissaire de la République De Roller, représentant de l’État Français, est un homme de calcul aux manières parfaites. Néanmoins…
CRITIQUE.
★★★★
texte
Élie CASTIEL
États perturbés d’apesanteur
Un si beau film, si porté par la majestuosité des plans, justement dû à leur simplicité, cette façon de contempler l’imprévu, le banal même, l’objectif de la caméra se plantant là où il faut, lorsqu’il le faut. Et rien que cela.
Thriller, film politique, anticolonialiste, subversif? Tout cela à la fois et qui permet à Benoît Magimel d’accroître son registre, déjà bien fourni. Un de ces comédiens de l’Hexagone pour qui « impossible n’est pas français ». Il est de presque la totalité des plans. Il illumine chacune de ses présences et exerce une influence particulière dans chaque parole prononcée.
Première impression étonnante quant à Albert Serra avec La mort de Louis XIV (2016), rendez-vous avec un cinéaste pour qui récit et tempérament se conjuguent en même temps, s’enchevêtrent dans une sorte d’amalgame dont le résultat est impressionnant.
Un état d’apesanteur, de flottaison, d’être dans l’eau, justement dans ce Pacifique mythique qui entoure le lieu de Pacifiction. Une étrange sensation d’immersion que laisse libérer le film. Autant dans les lieux que chez les personnages. Qu’importe les bases d’un récit ayant rapport au nucléaire, quelque part en Polynésie. Qu’importe les rapports entre les protagonistes. Les amis comme les ennemis. Pour Serra, c’est l’acte de filmer qui compte avant tout.
C’est aussi la relation entre le plan et son cheminement dans le film. Le montage d’Ariadna Ribas, le cinéaste lui-même et Artur Tort, également directeur photo participe de cet état d’esprit qui consiste à fantasmer l’image, comme dans un rêve éveillé.
La langueur physique des personnages et celle des situations se manifeste selon un procédé de mise en scène soudainement possédé par son propre abattement, par son énergie intentionnellement dépourvue de tonus.
La mélancolie aussi bien que la contemplation sont aussi des piliers de ce film singulier qui méritait un meilleur accueil cannois.
Pour le spectateur, une expérience hors de l’ordinaire, un rendez-vous avec les sens et l’ouïe dont les silences expressifs s’expriment jusqu’à la toute fin. Une finale qui nous laisse intentionnellement sur notre faim. Comme quelque chose d’inachevé qu’on est prêt à pardonner puisqu’en plus de Magimel, on est séduit par la sensualité des corps (aussi bien féminins que masculins) exhibés et le naturel électrisant de l’actrice trans Pahoa Mahagafanau (Shannah).
La mélancolie ainsi que la contemplation sont aussi des piliers de ce film singulier qui méritait un meilleur accueil cannois.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Albert Serra
Scénario
Albert Serra
Baptiste Pinteaux (dialogue)
Direction photo
Artur Tort
Montage
Ariadna Ribas
Albert Serra
Artur Tort
Musique
Joe Robinson
Marc Verdaguer
Genre(s)
Drame politique
Origine(s)
France / Espagne
Allemagne / Portugal
Année : 2022 – Durée : 2 h 45 min
Langue(s)
V.o. : multilingue; s.-t.f. ou s.-t.a.
Tourment sur les îles
Dist. [ Contact ] @
Enchanté Films
[ FilmsWeLike ]
Diffusion @
Cinéma du Musée
Cinémathèque québécoise
Classement
Interdit aux moins de 13 ans
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon.★★★ Bon.
★★ Moyen.★ Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]