RÉSUMÉ SUCCINCT. En pleine représentation de la pièce Le cocu, un très mauvais boulevard, Yannick se lève et interrompt le spectacle pour reprendre la soirée en main.
C H O I X de la semaine
CRITIQUE Pascal Grenier ★★★ ½
Théâtre
de la vie
En signant un sixième long métrage depuis 2018 (un douzième au total) avec Yannick, on ne peut pas dire que Quentin Dupieux se fait attendre pour nous livrer ses nouvelles fantaisies cinématographiques dont l’approche se caractérise par l’absurde, l’humour décalé et une esthétique visuelle distinctive. Le réalisateur français semble avoir mis un peu de côté sa carrière parallèle de musicien de musique électronique pour se concentrer essentiellement au septième art et on ne s’en plaindra pas, car Yannick est une belle petite pépite d’inventivité et de drôlerie comme lui seul en connaît le secret.
Une mise en scène destabilisée.
Tournée en seulement six jours dans un lieu unique (théâtre Déjazet) et d’une durée d’à peine plus d’une heure, cette comédie douce-amère est un huis clos anxiogène aussi loufoque que malaisant. Il tourne au ridicule le milieu médiocre du théâtre de boulevard tout en proposant une réflexion sur l’art et sur l’importance dans nos vies sous forme d’une brillante mise en abyme. Dans le rôle-titre d’un gardien de nuit imprévisible qui prend la salle et les trois comédiens en otage, Raphaël Quenard excelle à être autant une menace qui finit par attiser une forme de sympathie. Car derrière ce personnage dérangé, il se cache un être profondément blessé et attachant et cette dimension humaine on la retrouvait moins dans ses précédents films à l’humour plus insensé.
[ … ] malgré les nombreuses qualités et le fait qu’on passe un excellent (court) moment de cinéma, on peut reprocher au film de ne pas outre dépasser le stade de l’exercice de style et que pour une rare fois, sa courte durée (souvent une des principales forces dans son cinéma) aurait peut-être eu avantage ici à être un tantinet plus longue.
Et dans le rôle du piètre comédien principal de la pièce, Pio Marmaï tire aussi son épingle du jeu de telle sorte qu’il forme un duo comique fort dynamique en lui donnant la réplique. Dupieux explore souvent des concepts non conventionnels et tire parti des limites spatiales pour renforcer l’originalité de ses films et celui-ci en est peut-être le meilleur exemple. Plus sobre, la mise en scène laisse libre cours à des dialogues brillants qui font mouches dans ce qui au final est sans aucun doute le film le plus accessible et épurés à ce jour de la jeune carrière du cinéaste.
Bon, c’est sûr que malgré les nombreuses qualités et le fait qu’on passe un excellent (court) moment de cinéma, on peut reprocher au film de ne pas outre dépasser le stade de l’exercice de style et que pour une rare fois, sa courte durée (souvent une des principales forces dans son cinéma) aurait peut-être eu avantage ici à être un tantinet plus longue.
J’ai vu le Bye bye 2023 à Radio-Canada. Les producteurs nous avaient avertis qu’il n’y aurait pas de sketches sur les guerres impliquant l’Ukraine et Israël : « On n’a pas eu de flash pour rendre ça drôle; il n’y aura pas de sketches directement là-dessus. »[1]La belle affaire! Si les auteurs n’ont « pas eu de flash », comme ils disent, c’est qu’ils n’ont pas assez travaillé. Ils ont préféré se concentrer sur Michel Barrette et le vélo électrique.
Pour Charlie Chaplin, cela n’a pas été une sinécure que de produire et réaliser Le dictateur, son chef-d’œuvre sur le régime hitlérien. Et pourtant, il l’a fait. Il a bossé fort pour trouver de bonnes scènes (« Œuvre d’une invention prodigieuse. » Mediafilm[2]). Il faut souligner ici que lorsque le film est sorti, la guerre faisait rage en Europe, ce qui ne l’a pas empêché d’être « le plus grand succès commercial »[3] du réalisateur.Suite