RÉSUMÉ SUCCINCT. Un groupe d’amis se mettent en tête d’émigrer vers le Canada ou les États-Unis en empruntant une route clandestine appelée “Donkey Flight”, au risque et péril de leur vie.
BREFS APERÇUS < Le réalisateur, entre autres, du très charmant PK (2014), avec un Aamir Khan au talent de comique aussi subtil que contrôlé, opte ici pour un des vétérans du cinéma Bollywoodien, l’encore incontournable Shah Rukh Khan qui, depuis quelque temps, question de poursuivre sa carrière face aux nouveaux venus, évite ses tics habituels pour offrir une prestation hors du commun;
< Le thème de l’immigration clandestine est traité avec un humour bon enfant, même si à un certain moment le récit prend des proportions dramatiques bien senties, propres au cinéma populaire de cette partie du monde;
< Les interprètes s’en tirent magnifiquement bien face à un sujet grave et, faut-il ajouter, très actuel.
RÉSUMÉ SUCCINCT. Dans un quartier de Marseille en crise, des solidarités anciennes continuent et des nouvelles voient le jour.
CRITIQUE Luc Chaput
★★★ ½
Association
de
bienfaiteurs
Le soir, dans un espace peu éclairé près d’un restaurant, dans le fracas des trains circulant près d’une gare, un homme lit. Il est à la fois dans son plaisir livresque et dans l’attente de son amie en réunion dans le dit restaurant.
Un buste d’Homère est au faîte d’une colonne sur une place dans un quartier central de Marseille, symbole du lien millénaire entre ces deux civilisations méditerranéennes. Une tragédie, décrite par le biais des actualités télévisées, y a causé un traumatisme évident. Certains comme Alice, interprétée par Lola Naymark avec une déterminante fraîcheur, s’activent à renforcer le tissu social échancré.
Au bord de la mer, tout est possible.
Le cinéaste et son collaborateur habituel, le dramaturge Serge Valletti, ont concocté une histoire aux passerelles familiales et urbaines, pleines de ruelles et de plages. Une famille arménienne avec sa matriarche encore active dans le domaine hospitalier constitue l’autre point d’ancrage de ce récit. La cinématographie en scope, due au talent de Pierre Milon, élargit les perspectives sur ces rues et placettes qui peuvent être pourtant bien étroites.
Des musiques de Mozart, Schubert, Aznavour et Delerue accompagnent naturellement ces expressions culturelles, ciment indispensable à nos édifices communs dans ces cités qui, partout sur notre astre terrestre, sont loin d’être tranquilles.
Par le biais d’acteurs complices s’engouffrant dans les habits de personnages dont ils ont modulé ailleurs d’autres variations, le discours sur l’amour, la transmission, la solidarité et l’entraide citoyenne garde un côté souvent guilleret et optimiste malgré un fort parfum de mélancolie. Une mise en abyme prépare une prise de parole réussie que prolonge plus tard dans le rêve une prestation théâtrale de Rosa à laquelle Ariane Ascaride, sa chère muse, apporte son élégance instinctive.
Des musiques de Mozart, Schubert, Aznavour et Delerue accompagnent naturellement ces expressions culturelles, ciment indispensable à nos édifices communs dans ces cités qui, partout sur notre astre terrestre, sont loin d’être tranquilles.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation Robert Guédiguian
Scénario Robert Guédiguian Serge Valleti Direction photo Pierre Milon Montage Bernard Sasia Musique Michel Petrossian
Robert Guédiguian. Crédit : Matteo Severi
Genre Comédie dramatique Origines France / Italie Année : 2023 – Durée : 1 h 47 min Langue V.o. : français Et la fête continue!
RÉSUMÉ SUCCINCT. Au cours de l’été 1957, Enzo Ferrari, ancien pilote automobile, est en crise. La faillite guette l’entreprise que lui et sa femme, Laura, ont créée à partir de rien dix ans plus tôt. Pour tenter d’assurer leur survie, il jette les dés sur une course à travers l’Italie, l’emblématique Mille Miglia.
Le FILM de la semaine
CRITIQUE Élie Castiel
★★★★
Pistes
irréconciliables
Nonobstant la trame différente des films de ses (presque) contemporains, Sydney Lumet et Sydney Pollack, Michael Mann, dans « son » Ferrari, recèle un certain néant face à l’adversité, qu’on retrouve chez le premier, celui de Dog Day Afternoon (Un après-midi de chien) et la mélancolie ineffable, quasi indescriptible, manifeste dans This Property is Condemned (Propriété interdite), de Pollack.
Ici, Enzo Ferrari (Adam Driver) est de presque tous les plans. L’acteur se donne entièrement à ce jeu de tractations psychologiques qui le gardent indemne grâce à son sang-froid, sa détermination, un regard sur la vie qui se résume aux bolides et aux courses, cachant pour ainsi dire le vide existentiel de la perte (on ne vous dit pas plus).
Une leçon de vie auto-administrée qui renvoit à l’enfance, à son statut de coureur professionnel – bel exemple de premiers plans en noir et blanc filmés comme des actualités où le grain attribué à un certain cinéma du milieu du XXe siècle résonne avec une acuité déconcertante – une longue parenthèse qui ne perd pas son temps à établir la véritable passion du principal intéressé.
Et sa femme – l’une des plus belles prestations de Penélope Cruz, effacée dans sa position d’épouse abandonnée, mais encore combative dans ses prises de position.
Contre toute attente, la plongée concédant ici un sentiment de supériorité et de domination.
Mann réussit un beau travail multi-narratif en, d’une part, participer à jeu de couple en rupture d’amour (bonne raison pour la tragédie qu’elle autant que lui ont vécue). Comme soin palliatif à ces soubresauts, une amante, Lina Lardi (convaincante Shailene Woodley), qu’il aime d’un profond amour et que, par la suite…
Entre ses joutes familiales et infidèles, la course, rien que la course, pour gagner seulement. Donnant pour ainsi dire les plus belles séquences du film alors que l’objectif du directeur photo Erik Messerschmidt (entre autres, du très beau et incompris Mank) joue la carte du ratio 2.39:1 signalant avec une précision tamisée le cadre comme geôlier d’une existence.
Sociologiquement, Michael Mann établit le processus qui consiste à intégrer dans le même parcours narratif aussi bien le couple dans la poursuite du rêve fixé que les divers enjeux économiques qui s’ensuivent, les courses elles-mêmes, de nouveaux joueurs (coureurs) qui tentent leur chance de s’intégrer à l’écurie par tous les moyens.
La piste emportée de la vie, celle des courses, celle existentielle, la personnelle aussi bien que la collective, tout cela intégré dans un même film qui peut donner le vertige, mais qui, malgré les quelques failles relatives à la mise en place d’une certaine italianité, réussit tout de même à susciter un certain engouement.
Mais plus que tout, Ferrari est un film d’acteur, certes, tous les comédiens impliqués, elles aussi bien qu’eux, mais surtout Adam Driver, totalement absorbé par son personnage : comportement, gestuel, expressions du visage, parler, intonation, attitude. C’est à un jeu explosif que nous avons droit et l’acteur, l’un des plus beaux spécimens de sa génération, en est tout à fait conscient. Il compte les moments, sait en profiter, se retient lorsqu’il le faut.
C’est sans doute au montage adroit de Pietro Scalia que le personnage déploie ses moments les plus forts : couper les moments inutiles, insister sur d’autres, faire des transitions adroites qui ne minent pas la continuité du récit. Et le son fait partie de ce film bruyant qui fracasse tout sur son passage – un accident de parcours dans un chemin de campagne habité demeure l’un des moments les plus insoutenables du film.
La piste emportée de la vie, celle des courses, celle existentielle, la personnelle aussi bien que la collective, tout cela intégré dans un même film qui peut donner le vertige, mais qui, malgré les quelques failles relatives à la mise en place d’une certaine italianité, réussit tout de même à susciter un certain engouement.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation Michael Mann
Scénario Troy Kennedy.
D’après le livre de Brock Yates, Enzo Ferrari : The Man, The Cars,
The Races, The Machine Direction photo Erik Messerschmidt Montage Pietro Scalia Musique Daniel Pemberton
Michael Mann
Genre Drame biographique Origines États-Unis / Italie Grande-Bretagne / Chine Année : 2023 – Durée : 2 h 11 min Langue V.o. : anglais / Version française Ferrari