P R I M E U R [ En salle ] Sortie Vendredi 05 mai 2023
SUCCINCTEMENT. Mira Ray essaie de surmonter le décès de son fiancé et envoie une série de messages romantiques à son numéro de téléphone… sans réaliser que…
S A N S COMMENTAIRES.
3 RAISONS (ou moins) pour aller le voir quand même /
1 > Le rôle principal féminin est attribué à une vedette de Bollywood, suscitant ainsi un bain de fraîcheur.
2 > Est-ce possible de manquer Céline dans un premier rôle au Grand écran?
3 > Celles (et ceux) qui s’intéressent encore au genre.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE Réalisation James C. Strouse
Genre Comédie sentimentale
Origine États-Unis
Année : 2023 – Durée : 1 h 44 min
Langue V.o. : anglais & Version française Aimer à nouveau
P R I M E U R [ En salle ] Sortie Vendredi 05 mai 2023
SUCCINCTEMENT. Un calligraphe part à la recherche d’une clé de la connaissance dont il a besoin.
CRITIQUE
★★★
texte Luc Chaput
Une toupie chambranlante
Un fonctionnaire chargé de recopier les œuvres marquantes dans un format éternel reçoit une visite inattendue.
Déjà, dans Physique de la tristesse, gagnant du Grand Prix Annecy, le cinéaste bulgaro-canadien s’intéressait à la relation entre l’histoire familiale et l’évolution du monde. Il adapte ici en prises de vues réelles le roman Spinning Top de l’auteur bulgaro-américain Vladislav Todorov. Le titre de toupie fait référence au monument ayant cette forme au sommet de la Bouzloudja, dans leur pays natal. Cette salle de congrès du parti communiste est actuellement dans une état de décrépitude.1
Une référence au sommet de la Bouzloudja.
Dans un futur plus ou moins rapproché, le calligraphe Krypton travaille et vit è l’intérieur de cet immeuble dans lequel des Immortels dont il fait partie préparent leur départ. Le récit de Todorov et Ushev devient une science-fiction dystopique dans lequel un homme est entraîné dans une aventure qui le dépasse. L’universitaire Todorov est un spécialiste de l’histoire du cinéma de l’Europe de l’Est. Ushev parsème ses séquences de références entre autres à Metropolisde Fritz Lang dans cette critique des avantages qu’avait la nomenklatura dans ces contrées. Des mythes plus anciens tels que La belle au bois dormant participent à cette quête.
Le passage au long métrage n’est donc pas tout à fait réussi par ce cinéaste dans cette recherche du nombre d’or auquel fait référence le titre.
Toutefois, la mise en scène virtuose considérant les faibles moyens dont elle aurait disposé ne réussit pas à impliquer directement le spectateur dans les aventures de Krypton et Gangara qui sont sortis de la Toupie pour accomplir une mission. Leur interprétation pourtant bonne insère les protagonistes dans des séquences avec une impression de déjà vu et qui donc en minent l’impact. Le passage au long métrage n’est donc pas tout à fait réussi par ce cinéaste dans cette recherche du nombre d’or auquel fait référence le titre.
1 On voit la même structure dans une meilleur état dans la dernière partie de I Feel Good de Gustave Kervern et Benoît Delépine.
P R I M E U R [ En salle ] Sortie Vendredi 05 mai 2023
SUCCINCTEMENT. De retour d’Allemagne dans son village natal multiethnique, en Transylvanie, Matthias constate que lorsque son ex-petite amie qui dirige l’usine locale décide de recruter des employés étrangers, la paix de la petite communauté est troublée.
Le FILM de la semaine.
CRITIQUE
★★★★
texte Pascal Grenier
Les
Huns
et
les
autres
Christian Mungiu est l’un des cinéastes roumains parmi les plus importants du 21e siècle. Et avec ce sixième long métrage, le réalisateur de Au-delà des collines / Dupa dealuri conserve cette propension à travailler son côté formel.
Film-somme, regard intellectuel, analyse de l’état des lieux actuel dans la majorité des pays de l’Union européenne, de plus en plus métissés par les vagues d’immigration des derniers temps.
Il y a d’abord ce titre R.M.N. acronyme de résonance magnétique nucléaire et qui fait figure de métonymie et d’un microcosme tel un scanner cérébral essayant de détecter des choses sous la surface. Et puis il y a le contexte, un petit village multiethnique en Transylvanie où un homme, Matthias, y revient après avoir quitté son emploi dans une boucherie, en Allemagne, suite à une dispute avec son patron raciste.
On suit donc le destin de cet homme à la tête dure qui veut passer plus de temps avec son jeune fils, sa femme qu’il n’aime plus et qu’il méprise tout en cherchant à reconquérir une ancienne flamme. À tout ceci se greffent ces deux ouvriers du Sri Lanka dont la venue vient semer la pagaille et l’ire de la communauté qui voit d’un mauvais oeil l’arrivée de ces voleurs d’emploi à quelques jours de la période des vacances de Noël. C’est dans ce microcosme sociétal que va se jouer cette joute raciale et nationaliste remplie de haine et de xénophobie.
Comme une sorte de pacte dans la transmission des valeurs, quelles qu’elles soient.
Sous ce kaléidoscope humain, le roumain quinquagénaire parle avec intelligence de cette peur de l’étranger qui est parfaitement ancrée dans l’ère du temps et cette nouvelle ère postpandémique aux effets fâcheux et socialement néfastes. On y parle de racisme systémique, de cette peur de l’inconnu qui est aussi présente à travers le personnage du jeune fils, témoin d’un incident dans le boisé derrière la maison où il habite et qui le traumatise depuis.
Ces angoisses irrationnelles sont aussi répandues chez les citoyens de cette communauté multiethnique où la population majoritairement Roumaine, Hongroise et Allemande se réunit dans une agora qui constitue le moment-clé de ce dernier tiers tendu à souhait.
Filmé en plan fixe, le plan-séquence de 17 minutes, participe d’une joute de relations de pouvoir où l’on va décider du triste sort de ces niveaux immigrants légaux parias. Mungiu démontre que les intérêts locaux attisent la rhétorique politique et engendre une manifestation des préjugées axés sur le racisme populiste de salon. La violence, réactionnaire et verbale, dénote la vision sombre et amère du cinéaste envers les habitants de ce village roumain de l’Europe centrale en pleine décomposition qu’il condamne à travers son lot de contradictions.
Sous ce kaléidoscope humain, le roumain quinquagénaire parle avec intelligence de cette peur de l’étranger qui est parfaitement ancrée dans l’ère du temps et cette nouvelle ère postpandémique aux effets fâcheux et socialement néfastes.
S’inspirant d’un scandale récent similaire autour de la Boulangerie Ditroi qui s’est produit au début de 2020, Mungiu construit un drame au dénouement différent et avec des personnages fictifs qui s’inscrit dans la pure tradition d’un cinéma national et engagé tournant autour de l’animalisation de l’homme et de sa perte de logique.
Cette perte de réflexion renvoie aussi au personnage du père de Matthias qui va subir des tests médicaux approfondis suite à des facultés affaiblies récentes où il perd l’usage de la parole.
Un des nombreux fils conducteurs parmi tant d’autres de ce film intelligent, dense et complexe qui se clôture par un rebondissement inattendu et sur une finale énigmatique et symbolique qui laisse place à l’interprétation.