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Tommy Guns

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 28 avril 2023

SUCCINCTEMENT.
En 1974, les Portugais et leurs descendants fuient l’Angola où des groupes indépendantistes récupèrent leur territoire.

 

Le FILM
de la semaine.

CRITIQUE

★★★★ 

 

Nul doute que c’est avec ce second long métrage, précédé en 2019 de la science-fiction Serpentarius (Serpentário) que le portugais Carlos  Conceição acquiert ses lettres de noblesse.

 

D’une

morale

stoïcienne

texte
Élie Castiel

Notamment chez la critique spécialisée, en rapport direct avec un certain cinéma hors de l’ordinaire et fréquemment en demande il y a quelques décennies par une cinéphilie plus imposante.

Ici, pas de ligne claire, rectiligne, joignant les principales étapes d’un récit qui n’en est pas un. Plutôt une idée, plus clairement, une proposition qui tient debout, intelligente, voire intellectuelle, reposant sur des mésaventures personnelles ou celles partagées par un peloton de l’armée portugaise d’occupation en Angola.

De Manoel de Oliveira, maître à penser du cinéma portugais, tout comme Pedro Costa, autre transfuge du cinéma cérébral lusitanien, Conceição hérite ce refus d’un cinéma taillé sur du béton, à l’instar aussi du thaïlandais Apichatpong Weerasethakul, autre plasticien de l’ellipse narrative.

Celles et ceux qu’on croit être des personnages principaux ne sont que de passage, le temps de nourrir la narration de tel ou tel épisode fragmentairement construit. Et pourtant, on ose penser autrement dans ce début où la missionnaire en Angola, sans aucun mot prononcé, raconte sa mission comme si nous y étions les témoins. La donne change pour aller ailleurs. Ce soldat si convaincu de la non-violence, fervent admirateur de Dieu et qui pourtant, après un accouplement avec une insulaire…

Entre le despotisme de la colonisation (de dos) et l’attirance du regard (de face).

Un an avant la guerre dans ce milieu des années 70, les horreurs, le nationalisme exacerbé des Portugais, comme jadis les Français en Algérie. Simulacres ou réalités, fausses impressions ou certitudes. Le film de Conceição circule entre les différentes approches narratives et formelles. Il tâte aussi le dangereux terrain du cinéma de genre, notamment dans l’illustration de ces zombies revenus sur terre pour procéder à des règlements de comptes.

Et puis, la garnison des soldats, des éphèbes pour la plupart, et quoi qu’on en dise, renouant avec la dialectique homoérotique d’une Claire Denis, même si, ici, non assumée, tout au plus à pendre sur des pincettes, comme si le contraire se voulait un affront à l’intelligence du spectateur.

Quelques très brèves séquences font part de cet attrait, mais de façon quasi voilée. Et soudain, un « repos du guerrier » par la présence d’une strip-teaseuse venue de la capitale, exécutant admirablement bien un déshabillage devant les soldats, au son d’une chanson de Demis Roussos – la plupart d’entre eux, montrant une réaction plutôt idoine, de respect plutôt que de désir.

Un film de terre ferme, dure, inhospitalière et dont le titre original, Nação Valente, qui veut dire « Nation courageuse », renferme la quintessence même d’une culture millénaire chargée de gloire, mais aussi d’avilissements.

Le cinéaste joue ainsi avec les sensations, les désirs non avoués, le manque d’empathie. Tous ces ingrédients néfastes que tout conflit armé peut générer.

Tout compte fait, à y voir de près, Tommy Guns est un film sur l’errance, sur l’exil de l’âme, sur ses affronts que crée le nationalisme opportuniste. Sur les désordres de deux peuples qui ne peuvent s’entendre sans la supériorité de l’un (les Blancs) sur l’autre (les Angolais).

Un film de terre ferme, dure, inhospitalière et dont le titre original, Nação Valente, qui veut dire « Nation courageuse », renferme la quintessence même d’une culture millénaire chargée de gloire, mais aussi d’avilissements.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Carlos Conçeicão

Scénario
Carlos Conçeicão
Direction photo
Vasco Viana

Montage
António Gonçalves

Musique
Pièces variées

 

Carlos Conceição.
Poursuivre une certaine rigueur formelle.

Genre
Drame de guerre

Origine
Portugal
France
Angola
Année : 2021 – Durée : 1 h 58 min

Langue
V.o. : portugais, s.-t.a. ou s.-t.f.

Nação Valente

Dist. [ Contact ] @
[ Kino Lorber ]

 

 

Diffusion @
Cinéma du Musée
 Cinéma du Parc

Classement (suggéré)
Interdit aux moins de 13 ans
[ Violence ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon.★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

1 275 276 277 278 279 789