P R I M E U R [ En salle ] Sortie Vendredi 31 mars 2023
SUCCINCTEMENT. Sur une île déserte au large des côtes de Cornouailles, une bénévole pour la protection de la nature observe quotidiennement une fleur rare. Ses observations prennent alors une tournure étrange, presque métaphysique, et remettent en question la notion même de réalité.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE Réalisation Mark Jenkin
Genre Drame psychologique
Origine Grande-Bretagne Année : 2022 – Durée : 1 h 31 min Langue V.o. : anglais Enys Men
P R I M E U R [ En salle ] Sortie Vendredi 31 mars 2023
SUCCINCTEMENT. Après un combat acharné contre une tortue démoniaque, cinq justiciers, les Tabac Force, reçoivent l’ordre de partir en retraite pour renforcer la cohésion de leur groupe qui est en train de se dégrader.
CRITIQUE
★★★ ½
Avec son titre rigolo, l’iconoclaste et productif Quentin Dupieux ne se réinvente pas mais livre une autre irrésistible drôlerie comme lui seul en connaît le secret avec son dernier long (mais court en durée) métrage, le délirant Fumer fait tousser.
Rires
et
délires
texte Pascal Grenier
Bien que le tabagisme soit un élément abordé dans l’intrigue, cette comédie tout aussi loufoque qu’inclassable permet à nouveau au réalisateur-musicien de poursuivre dans sa veine particulière de proposer un univers des plus singuliers. Mais la principale force du réalisateur de Mandibules est de toujours arriver à nous surprendre même si à priori on est habitué à son univers surréaliste et son humour décalé faisant fi de toute logique. Dès les premiers instants, on est charmé par cette bande de justiciers, les Tabac Force, qui affronte une tortue à la grandeur humaine dans un combat féroce digne d’un film de kaijū eiga japonais (clin d’oeil évident à la célèbre tortue Gamera) avant de se faire confier une retraite préventive et rassembleuse par leur commandant-rat en attendant l’imminente menace d’un futur empereur du Mal en Lézardin.
Gilles Lelouch, un nouveau venu dans l’écurie Dupieux.
Dupieux aime le cinéma de genre qu’il décortique et déconstruit à sa manière de « films en aiguille ». On peut lui reprocher son côté très épisodique et en un sens, Fumer fait tousser est un bel exemple de plusieurs courts métrages imbriqués les uns aux autres dans un tout plus ou moins cohérent. Mais la cohérence, on s’en balance puisqu’ici on assiste à peut-être son film le plus divertissant à ce jour. D’une part, on peut apprécier le spectacle comme une sorte de parodie minimaliste de films de super-héros à l’américaine avec de nombreuses divergences dans le récit, mais toujours parsemées de trouvailles et d’inventivités contagieuses; tout cela autour d’un feu de camp et ces histoires loufoques relatées pour notre plus grand plaisir.
On joue le jeu, car c’est fait avec une énergie et un sens de la répartie hautement jubilatoire. Sanglant sans être choquant, ce fourre-tout non sensique se situe quelque part entre Monty Python et certains films hongkongais mettant en vedette Stephen Chow sans perdre l’esprit vif dans une durée relativement courte et concise.
Il en résulte un gros déconnage super jouissif qui a de quoi ravir les plus grands admirateurs de Dupieux et ses bizarreries loufoques ô combien amusantes et loquaces!
Dupieux accueille de nouveaux visages dans son univers particulier (Gilles Lellouche, Vincent Lacoste, Jean-Pascal Zadi et Oulaya Anamara notamment) qui se joignent avec entrain aux côtés d’habitués comme David Marsais, Grégoire Ludig, Alain Chabat et Benoît Poelvoorde pour ne nommer qu’eux.
Il en résulte un gros déconnage super jouissif qui a de quoi ravir les plus grands admirateurs de Dupieux et ses bizarreries loufoques ô combien amusantes et loquaces!
P R I M E U R [ En salle ] Sortie Vendredi 31 mars 2023
SUCCINCTEMENT. Chef cuisinier dans ses beaux jours, Camilo est aujourd’hui un cinquantenaire usé qui travaille pour une compagnie d’entretien ménager. Un ancien collègue va lui donner sa chance dans un resto à Baie-Comeau. Mais il n’a pas compté sur la visite de Tania, sa fille avec qui il avait coupé les liens, qui lui demande de s’occuper de son petit-fils.
Le FILM de la semaine.
CRITIQUE
★★★★
texte Élie Castiel
Les points d’attache de Katherine Jerkovic, diplômée en cinéma de l’Université Concordia, plus précisément dans le domaine de la réalisation, se situent entre la Belgique et l’Uruguay. Cette double appartenance lui confère-t-elle une sorte d’immunité diplomatique cinématographique?
Les
routes
ondulées
de
l’ailleurs
Autant dire que c’est Montréal (et La Malbaie) qu’elle a choisi pour illustrer le récit d’un immigrant mexicain installé ici depuis longtemps. Et puis, le grand miracle qui s’accomplit lorsqu’il a la possibilité d’obtenir un poste de chef dans un restaurant de La Malbaie.
Un renversement de la part de Jerkovic montrant jusqu’à quel point la trajectoire immigrante peut s’avérer errante, occupant un vaste territoire selon les possibilités qui s’ouvrent aux nouveaux arrivants. Cette étape dans la vie de Camilo (sensible Jorge Martinez Colorado, alliant avec justesse distanciation, nostalgie, résilience et plus encore, résignation). Après tout, la chance lui sourit.
Et puis, des nouvelles de sa fille qu’il n’a pas vue depuis des lustres (vous connaîtrez les détails en allant voir le film) qui lui demande de s’occuper de son petit-fils, Zachary (très juste et naturel Enzo Desmeules Saint-Hilaire).
Hésitation de la part de Camilo qui voit son projet bouleversé, suivi d’une espèce d’épiphanie, de volte-face inespéré face à son existence dans la découverte de ses véritables racines familiales.
Vers quelque chose de plus profond.
Sur ce point, sans pathos, sans effets mélodramatiques, avec un sens particulièrement aigu de la psychologie, Jerkovic distille ces retournements de situations en les convertissant en comportement tout à fait normaux.
À un certain point, les liens entre Camilo et Zachary, d’abord circonspects, deviennent des modes de vie.
Et puis, le retour de Tanya, sa fille (très compétente Eva Avila), avec qui les « nouveaux » rapports ne peuvent qu’être anguleux. Belle occasion pour la cinéaste de situer son travail dans la direction d’acteurs.
Plus fidèle à sa latinité, Jerkovic aborde ces thèmes si prisés comme le rachat, la quête d’un idéal, la réalisation qu’il peut être brisé en accueillant une expérience toute nouvelle dans la vie.
[ … ] La mise en scène, à la fois touchante et se permettant de prendre un certain recul, parvient justement à entretenir un certain équilibre, nécessaire pour désengorger l’ensemble.
La direction photo de Léna Mill-Reuillard (très remarquée dans le brillant Une colonie de Geneviève Dulude-De Celles) ajuste l’objectif selon les situations, les lieux, chacun donnant droit à un changement dans la couleur.
Plus fidèle à sa latinité, Jerkovic aborde ces thèmes si prisés comme le rachat, la quête d’un idéal, la réalisation qu’il peut être brisé en accueillant une expérience toute nouvelle dans la vie.
La mise en scène, à la fois touchante et se permettant de prendre un certain recul, parvient justement à entretenir un certain équilibre, nécessaire pour désengorger l’ensemble.
Reste, néanmoins, que dans cet univers de changements constants, Jerkovic administre cette notion si précieuse de solidarité pour palier à l’inévitable solitude. Une force qui vient de l’esprit, soumise également aux variantes du cœur.
Encore une fois, les cinéastes de la diversité tracent de plus en plus les chemins d’une complète insertion dans le cinéma québécois, quelles que soient les origines. C’est tout à fait normal.
Après Les routes en février (2018), Katherine Jerkovic a senti le besoin de continuer son périple vers la découverte de l’ailleurs, même si incertain.