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Drishyam 2

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 18 novembre 2022

SUCCINCTEMENT.
Vijay Salgaonkar pourra-t-il protéger sa famille lorsque l’enquête qu’on mène sur lui en ce moment se complique davantage.

Le

scénario

comme

pièce

à

conviction

CRITIQUE.

★★★★

texte
Élie Castiel
En principe, la réalisation de Drishyam 2
était prévue pour Nishikant Kamat,
signataire de la première partie, mais
décédé prématurément en 2020. Les
producteurs ont jeté leur dévolu sur
Abhishek Pathak, un des producteurs
du film original. Plus jeune, relevant le
défi de tourner une suite tout en prenant
le risque d’échouer.

Même acteurs principaux, dont un Ajay Devgn, comme toujours, excellent – Devgn, en fait, est l’un des comédiens bollywoodiens des plus discrets, ce qui ne l’empêche pas de se donner entièrement à son métier. Ses participations, qu’il s’agisse de cinéma grand public ou de niveau plus recherché, sont, habituellement, de calibre surprenant.

Le passage d’Abhishek Pathak à la New York Film Academy est-il pour quelque chose à la réussite de Drishyam 2, dont le titre anglais souligne toute sa complexité – Visuals Can Be Deceiving. C’est sur cette idée que Pathak construit une suite, axée sur les apparences, les fausses et les vraies vérités, sur l’idée qu’on peut se faire de la réalité. Et plus que tout, sur ce qu’on oublie souvent dans tout système de justice : l’idée de revoir certains cas en cours de traitement.

Drishyam 2 repose essentiellement sur le personnage de Vijay Salgaonkar, patron d’un cinéma qu’il a fait construire après l’achat d’un terrain. Un cinéma qui fonctionne même très bien. On apprendra qu’il est scénariste et a travaillé avec un grand du métier – en révéler davantage serait injuste. Sauf que Vijay est le principal accusé d’un crime commis dans la première partie. Arrêtons!

Entre ce qu’on voit et ce qu’on ne dit pas.

Mais puisque Drishyam 2 est surtout un film sur le travail scénaristique, cette prise de décision narrative (et parfois collective) qui construit l’intrigue, sur son importance capitale au succès ou non du film, les choses se présentent sous un nouvel angle.

Pathak, en quelque sorte, prolonge son image sur celui du personnage principal. Il parle de lui tout en s’assurant que la suite de l’original suit une certaine logique.

En fait, tout est une question de scénario. C’est ce que semble dire un Abhishek Pathak serein, conscient de l’impact des images en mouvement, adepte inconditionnel du cinéma.

Mais l’originalité de Drishyam 2 est sans contredit son refus d’accéder à un hommage traditionnel au réalisateur de l’original ou que la suite suive une horizontalité convenue. Au contraire, Nishikant Kamat, plutôt que devenir le sujet d’une dédicace posthume transparaît par le biais de quelques brèves séquences tirées de son film, intentionnellement mal juxtaposées au film présent, comme si le rapport entre les deux films tenait sur un fil mince, prêt à céder à n’importe quel instant.

Malgré ses apparences de confusion, d’irritabilité, de faux raccords, Drishyam 2, toujours selon l’idée originale de Jeethu Joseph, est prescrit cette fois-ci à partir d’une adaptation de Pathak, qui remplace Upendra Sidhaye, de la première partie.

En fait, tout est une question de scénario. C’est ce que semble dire un Abhishek Pathak serein, conscient de l’impact des images en mouvement, adepte inconditionnel du cinéma.

Le cinéma indien confirme encore une fois son audace authentique et sa fulgurante personnalité.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Abhishek Pathak

Scénario
Aami Keeyan Khan.
D’après une idée de Jeethu Joseph

Direction photo
Sudhir K. Chaudhary

Montage
Sandeep Francis

Musique
Devi Sri Prasad

Au centre, Abhishek Pathak.
Essayer de se dépasser.

Genre(s)
Drame criminel

Origine(s)
Inde

Année : 2022 – Durée : 2 h 20 min

Langue(s)
V.o. : hindi; s.-t.a.

Visuals Can Be Deceiving 2

Dist. [ Contact ] @
Imtiaz Mastan

Classement
Interdit aux moins de 13 ans

Diffusion @
Cineplex

[ Salles VIP : Interdit aux moins de 18 ans ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Les nuits de Mashhad

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 18 novembre 2022

SUCCINCTEMENT.
Iran 2001. Une journaliste de Téhéran plonge dans les faubourgs les plus mal famés de la ville sainte de Mashhad pour enquêter sur une série de féminicides. Elle va s’apercevoir rapidement que les autorités locales ne sont pas pressées de voir l’affaire résolue.

COUP de ❤️
de la semaine.

Le

faux

innocent

qui n’aimait pas

certaines femmes

CRITIQUE.

★★★★

texte
Élie Castiel

En 2018, après quelques courts sujets, Ali Abbasi nous séduit agréablement bien avec Border (Gränz), non seulement un film sur l’étrangeté transcendée, mais sur une tentative de décloisonner l’altérité, la rende subtile, la situer dans la sphère de la normalité selon un regard social bien précis. Cela résidait dans le travail affectueux du plan et dans le jeu prenant de deux protagonistes hors-pair. En 2022, retour aux sources.. ou presque, puisque Les nuits de Mashhad a été tourné en Jordanie.

Inutile de rappeler que le film sort ici à poing levé, l’Affaire Mahsa Amini, alimentant tous les médias du monde, provoquant en Iran des manifestations inattendues alors que les voix se délient et menacent. comme il se doit, l’ordre public de ce pays aux multiples violations des droits humains.

Le film d’Abbasi est un défi, une tentative de fictionnaliser un fait divers, objet d’un documentaire de moyen métrage, signé en 2002 par le Canado-iranien Maziar Bahari, And Along Came a Spider, avec l’aide de la journaliste d’enquête  Roya Karimi, alors que le réalisateur rencontre Saeed Hanaei, tueur en série, voulant débarrasser la ville sainte de Mashhad de ses prostituées, Il en a tué 16.

Un homme dans la foule.

Comme dans le documentaire, même motivations conduisant le « coupable » à excercer son droit à laver le linge sale de la ville, à la débarrasser de ses effets polluants, c’est-à-dire la corruption sexuelle. Une seule loi, celle de la Charia.

Et les clients, eux ! Qu’en est-il dans ce va-et-vient entre tradition issue de la voix divine héritée d’une idée de l’Islam et le recours à une vision plus juste de la réalité. Mais à l’intérieur de ces enjeux fondamentaux, seule « la femme » est la coupable, la seule, notamment lorsqu’elle s’abroge des droits uniques, depuis toujours réservés aux hommes.

On retiendra la séquence magnifiquement « mise en scène » alors que le fils du « rédempteur du mal » montre comment son père s’en prenait aux femmes pour finir par les abattre – les références au documentaire (que vous pouvez voir gratuitement, ici, gratuitement, au complet) sont évidentes.

Déroutant, tristement tragique, pervers dans certains détails graphiques, Les nuits de Mashhad n’épargne personne, ne laisse pas indemne. Non seulement un film sur le féminicide en Iran, mais aussi, à bien poser son regard, un procès de l’Homme contemporain, de sa masculinité ébranlée à brûle-pourpoint, de ses libertés acquises depuis la nuit des temps, mais mal aiguisée. Essentiel.

Plus que dans le cinéma du réel, la fiction dramatise le plus souvent le propos, rend ce qui pourrait être la réalité tragique, reconfirme le regard du réalisateur sur la question, mais plus que tout, conçoit le cinéma comme une arme à double tranchant où tous les coups sont permis. Avec Les nuits de Mashhad, nous sommes devant un fait accompli : quelle différence, selon le cas, entre filmer ce qui existe et ce qu’on imagine. Entre les masques du quotidien et les artifices de la fiction, existe-t’il vraiment des cloisons ?

Deux approches de mise en scène dans Les nuits de Mashhad. D’une part, la fiction qui s’installe à mesure que les événements deviennent de plus en plus dramatiques – le graphisme est parfois opulent, faisant croire qu’en tournant à l’extérieur de son pays d’origine, on peut quand même se permettre quelques variantes. Influence de l’équipe étrangère, souvent très avide de gestes revendicateurs. Ou simple geste politique tel que véhiculé par les cinéastes engagés iraniens exilés ailleurs pour tourner.

Innocente, sans protection

De l’autre, éviter le suspense traditionnel car le coupable, on le reconnaît quasiment dès le départ, même si on plein visage n’apparaît qu’un peu plus tard dans le plan. Son plaidoyer, celui de ses proches. Autant dire celui d’une société attachée à ses mœurs, ses coutumes, sans traditions ancestrales, une idée du monde, de la vie, mais surtout de la femme et de son rôle dans la cité et l’intime.

Deux façons de filmer. La première maniant la caméra dans des milieux peu reluisants où les « interdits » sont montrés comme des ombres dangereusement menaçantes. Ombres diaphanes, éclairages nocturnes tirant du brun, nuits pluvieuses propices aux péchés, lieux désaffectés, terrains vagues.

La seconde, reprenant en quelque sorte les codes du documentaire auquel le film fait référence est un brillant travail de mise en situation où deux styles s’affrontent, deux postulats  dont Abbasi se fait seul maître. Une proposition cinématographique dignement éclairée.

L’acteur Medhi Bajestani incarne fébrilement ce meurtrier qui, en fin de compte, renvoit à sa propre image sacrificiel. La journaliste est incarnée par Zar Amir Ebrahimi, dans un sens, représentante d’un Occident que l’on croit, dans certains pays, encore aujourd’hui, pourvoyeur du mal et de la décadence. Jusqu’à un certain degré, il est vrai que l’Occident est en décadence. Mais la voie de la dictature est-elle pour autant une solution. D’autant plus que dans les dictatures, règne aussi la corruption.

Déroutant, tristement tragique, pervers dans certains détails graphiques, Les nuits de Mashhad n’épargne personne, ne laisse pas indemne. Non seulement un film sur le féminicide en Iran, mais aussi, à bien poser son regard, un procès de l’Homme contemporain, de sa masculinité ébranlée à brûle-pourpoint, de ses libertés acquises depuis la nuit des temps, mais mal aiguisée. Essentiel.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Ali Abassi

Scénario
Ali Abassi
Afshin Kamran Bahrami
[ en colloboration de Jonas Wagner ]

Direction photo
Nadim Carlsen

Montage
Olivia Neergaard-Holm

Musique
Martin Dirkov

Ali Abassi.
S’il faut tourner ailleurs, soit!

Genre(s)
Suspense

Origine(s)
Allemagne / Danemark

France / Suède

Année : 2022 – Durée : 1 h 58 min

Langue(s)
V.o. : persan; s.-t.f. ou s.-t.a.

Holy Spider
Ankabout Moghadas

Dist. [ Contact ] @
Sphère Films

Classement
Interdit aux moins de 13 ans
[ Violence ]

Diffusion @
Cineplex

[ Salles VIP : Interdit aux moins de 18 ans ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

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