P R I M E U R
[ En salle ] Sortie
Vendredi 04 novembre 2022
SUCCINCTEMENT. En 1862, 13 ans après la Grande Famine. Lib Wright, infirmière anglaise, est appelée dans les Midlands irlandais par une communauté dévote pour passer 15 jours au chevet de l’une des leurs.
P R I M E U R [ En salle ] Sortie Vendredi 04 novembre 2022
SUCCINCTEMENT. La famille d’un historien est confrontée par l’arrivée de la maladie d’Alzheimer chez ce professeur.
La
transmission
et
l’oubli
CRITIQUE.
★★★
texte Luc Chaput
Un homme âgé marche avec un autre plus jeune près d’un parc. Il lui fait remarquer des éléments de la flore du coin et établit des similitudes avec la mondialisation.
La perte de mémoire et sa version plus cruelle de la maladie d’Alzheimer a suscité de nombreuses œuvres de fiction et documentaires depuis Sonia de Paule Baillargeon (1986) et Away from Her de Sarah Polley. La pièce de François Archambault a connu un beau succès critique et public depuis sa présentation en 2014. L’adaptation du réalisateur Éric Tessier et de l’auteur en aère le déroulement à la fois par de nombreux changements de lieux et par des moments de silence entre les êtres et des plans sur les paysages montés élégamment par Jean-François Bergeron. Édouard Beauchemin est un professeur d’histoire qui peut discourir sur de nombreuses époques mais qui a de plus en plus des défaillances concernant sa mémoire à court terme. Ce changement de situation et de personnalité a des effets concentriques sur ses proches qui cherchent des solutions à plus ou moins longue échéance.
Un début de rapport sain sans conflit générationnel.
La présence de Rémy Girard dans ce rôle rappelle bien entendu celui du professeur qu’il campait dans Le déclin de l’empire américain de Denys Arcand et rajoute ainsi un autre niveau à cette investigation mesurée de la place du souvenir dans la société québécoise. Le cinéaste filme avec dextérité la réaction d’un couple de militants lors de la soirée du référendum de mai 1980. L’interaction entre ces deux personnes si différentes que sont Édouard et Bérénice passe ainsi par toutes les gammes pour devenir au fil du temps une musique de chambre mue par la fine éloquence des acteurs que sont Karelle Tremblay et Rémy Girard. Les autres interprètes leur apportent une belle complicité dans l’expression de voix quelquefois dissonantes.
Le constat de l’historien sur l’emprise constante du présent en mutation perpétuelle résonne ainsi encore plus dans ce long métrage lumineux sur la transmission et l’oubli.
P R I M E U R [ En salle ] Sortie Vendredi 04 novembre 2022
SUCCINCTEMENT. Fabrice, acteur de comédie, réalise qu’il n’a pas sa carte de fidélité alors qu’il fait ses courses. Malgré la menace d’un vigile, il parvient à s’enfuir. Commence alors une cavale sans merci, pour celui qui devient rapidement l’ennemi public numéro 1.
Par
un
fâcheux
concours
de
circonstances
CRITIQUE. ★★★
texte Élie Castiel
Faisant ses courses au supermarché, Fabrice, acteur de comédies, a oublié sa carte de fidélité. Assez pour provoquer une série d’évènements où police, médias, plus ou moins gens de cinéma et société le considèrent comme un paria.
Fidèle à la bande dessinée de Fabcaro (Fabrice Caro – le personnage principal dans le film tient le même prénom), François Desagnat – deux précédents longs métrages en solo – Adopte un veuf (2016) et Le gendre de ma vie (2018), se soumet aux diktats de la BD, et c’est tant mieux. Cela s’applique aux situations, gestes, mais surtout au dialogue décapant, pince-sans-rire (et en-riant), une interprétation qui secoue les règles de l’art, d’où, par moments, jaillit une tendresse bouleversante de la part de Jean-Paul Rouve, excellent dans ce rôle de mal assorti à une société du spectacle qui se nourrit de fausses vérités, de racisme ordinaire (les quelques références sourdes envers les Juifs), d’irresponsabilité dans les forces de l’ordre.
Mais surtout un panorama sans vergogne d’une France actuelle qui fait défaut sur différents points de vue – social, politique, individuel, familial – La bourgeoise se trouve ainsi coincée, les (faux) intellectuels sont trop véreux ou disent des propos vides de sens, les avocats se trompent de dossier lors de comparutions à la Cour.
À bien y penser.
Une interprétation qui secoue les règles de l’art, d’où, par moments, jaillit une tendresse bouleversante de la part de Jean-Paul Rouve, excellent dans ce rôle de mal assorti à une société du spectacle qui se nourrit de fausses vérités, de racisme ordinaire…
Un petit groupe du milieu du cinéma tente néanmoins de le réhabiliter, voyant en ce délit une faute sans réelle importance. Benjamin, un acteur, tient à jouer le rôle de Fabrice, ses déboires, son accusation, sa séparation avec sa femme.
Puis, pour que le film fonctionne tel que projeté, des acteurs et des actrices qui comptent. Courtes apparitions de Yolande Moreau en commissaire de police à la retraite obligée de reprendre son service pour cause d’insuffisance de personnel, Rouve, dont nous reconnaissons, comme toujours, sa verve et son mélange de tendre gouaille et de sérieux; le franco-kabyle Ramzy Bedia s’en tire comme d’habitude à merveille. Idem pour le reste du casting.
Et l’enregistrement en studio d’une chanson où des copains et copines de Desagnat l’interprètent sous la houlette d’un Benjamin Biolay qu’on entrevoit à travers quelques mouvements de caméra plutôt rapides et discrets.
Effectivement, un des moments forts parmi d’autres dans cette comédie loufoque où la déraison l’emporte sur la sagesse. Sympa avec ses airs de drôlerie.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE Réalisation François Desagnat
Scénario François Desagnat Jean-Luc Gaget
Images Olivier Gossot
Montage Grégoire Sivan
Musique Yuksek
François Desagnat, réalisateur. Une sorte de dérapage contrôlé.