P R I M E U R [ En salle ] Sortie Vendredi 21 octobre 2022
SUCCINCTEMENT. En août 1955, dans le sud des États-Unis, Emmett, un adolescent noir, est assassiné.
CRITIQUE. ★★★ ½
texte Luc Chaput
Stabat Mater
Dans une maison de Chicago, une dame discute de la marche à suivre concernant son fils mort. Elle insiste auprès du représentant de la NAACP, l’organisation de défense des droits des Noirs, pour que le rapatriement du corps du Mississippi soit effectué en vue de son inhumation en Illinois.
En août 1955, Emmett dit Bo Till rend visite à ses cousins dans le delta du Mississippi. La distance géographique et sociétale entre la métropole qu’est Chicago et les mœurs racistes de cet état du Sud est montrée en quelques scènes parlantes. À la suite d’un impair car il ne connaît pas les codes de ce lieu, Emmett est enlevé du domicile des cousins, battu, torturé et tué. Sa mère Mamie prend le devant de la scène obligeant par ses actions et paroles la population, tout moins américaine. à voir l’horreur et les conséquences de ce crime raciste.
La caméra effectue une gradation des gros plans du visage de Mamie soulignant ainsi à sa grandeur. L’interprétation de Danielle Deadwyler est remarquable par sa modulation entre joie, douleur et détermination.
Le scénario de la réalisatrice Chinonye Chukwu et de Michael Reilly ainsi que Keith Beauchamp lui accorde donc la majorité des séquences. La cinématographie de Bobby Bukowski rend à merveille les plaines cotonnières, les villages encore endormis dans leurs certitudes et les oppositions entre Mound Bayou et les localités environnantes. La caméra effectue une gradation des gros plans du visage de Mamie soulignant ainsi à sa grandeur. L’interprétation de Danielle Deadwyler est remarquable par sa modulation entre joie, douleur et détermination.
Les autres acteurs, dont Whoopi Goldberg dans le rôle de la grand-mère Alma, épaulent avec conviction cette marche concertée vers la reconnaissance menée par la cinéaste autrice, il y a peu, de Clemency, un autre film important sur la justice.
J’ai vu récemment sur grand écran Coup de théâtre (See How They Run[1]), une comédie policière prenant Londres comme théâtre au début des années 1950, avec notamment l’acteur noir David Oyelowo interprétant le rôle d’un dramaturge.
A United Kingdom
Tout le long du film, la couleur de peau d’Oyelowo ne semble revêtir aucune espèce d’importance. Pas une remarque ou une attitude désobligeante à son égard, pas une blague (c’est une comédie) douteuse ou raciste. Comme si, de mélanoderme, il avait viré comme par miracle à leucoderme. Il y a environ un an, j’ai vu un autre film au petit écran le mettant en vedette : Un royaume uni (A United Kingdom[2]), réalisé par une Britannique née de parents ghanéens[3], dans lequel il joue le rôle d’un Africain étudiant dans le Londres de la fin des années 1940 et qui tombe amoureux d’une Blanche. Là, c’est tout l’inverse : il fait face à la réalité, à savoir le racisme de la société britannique.Suite