P R I M E U R [ En salle ] Sortie Vendredi 14 octobre 2022
SUCCINCTEMENT. Des versions imaginées de la mort, en 1809, de Meriwether Lewis sont racontées dans une auberge isolée en pleine nature par son ami Alexander Wilson lors d’une rencontre tendue avec le seul témoin vivant de la dernière nuit du célèbre explorateur.
S A N S COMMENTAIRES.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE Réalisation Clark Richey
Genre(s) Western
Origine(s) États-Unis
Année : 2022 – Durée : 1 h 55 min
Langue(s) V.o. : anglais Mysterious Circumstance: The Death of Merriwether Lewis
Dist. [ Contact ] @ Cinémas Guzzo / Les films
[ Vision Films ]
P R I M E U R [ En salle ] Sortie Vendredi 14 octobre 2022
SUCCINCTEMENT. Il y a des siècles, la rivalité légendaire entre le héros Maula Jatt et Noori Natt, le guerrier le plus redouté du Punjab.
CRITIQUE.
★ ★ ★ ★
Grandiose
et
spectaculaire
texte Élie Castiel
En 2013, il signe Waar (The Strike).
Comme dans ce premier long métrage
bien accueilli, Bilal Lashari, cinéaste
pakistanais, assure la direction photo
et le montage dans ce nouveau projet qui lui tenait à cœur. Non pas un hasard,
mais pour être convaincu de sa réussite.
Pari grandement gagné.
Film fortement épique, agréablement surprenant que The Legend of Maula Jatt; le réalisateur, qui a étudié le cinéma en Californie, convoque, ici, avec un sens inné de la dialectique, les codes du drame shakespearien, le spectacle bien rôdé du péplum (on pense au célèbre Gladiator, de Ridley Scott) et les conflits familiaux de la tragédie grecque. Assez d’ingrédients pour que le résultat s’avère, en principe, concluant.
La mise en scène, expressionniste dans sa forme, joue avec les formes, les couleurs, les ombres et les lumières, rendant le spectacle devant nous intentionnellement crépusculaire, glauque parfois, comme une punition divine.
Puisque ce récit de destins violents décidés par les Dieux ne lésine pas sur les détails graphiques, notamment en ce qui a trait à la violence, comme c’est toujours le cas dans les films (d’action) de cette région du monde.
Ça se passe il y a des siècles, quelque chose comme un âge médiéval. Guerres de pouvoir entre clans opposés, mais aussi entre lutteurs de combats qu’affectionne la foule – qui sera le plus fort? – forte incursion dans le domaine de la virilité, tel que mentionné dans le film. Le plus puissant est celui qui portera le fameux « turban » traditionnel, le plaçant socialement, après Dieu.
Lashari, tout en rendant son film le plus accessible au public étranger, conserve tout de même les éléments fondateurs de sa culture pakistanaise. Le Punjab est présenté selon ses traditions millénaires, mais du point de vue de la Femme, celle-ci manifeste une incroyable liberté d’action et de mouvement – les comédiennes, autant Mahira Khan (rôle de Mukkho Jatti) et Humaina Malik (celui de Daaro Nattni), manifestent une sensualité oscillant entre les principes de l’amour naissant et celui de la vengeance, s’élevant au même niveau que les Hommes. Magnifique geste de solidarité émanant du cinéaste.
Une virilité qui ne renie aucunement la toute-puissance de la femme.
Jusqu’à un certain point, le film n’obéit pas vraiment à la doxa bollywoodienne qui a quand même une influence dans le cinéma pakistanais, très peu vu en Occident. Sans doute que ses études en Californie ont influencé Lashari. Pas de chansons, pas de chorégraphies enlevantes, sauf une scène de danse à unique danseuse qui se conjugue parfaitement avec les événements qui vont suivre.
The Legend of Maula Jatt est un spectacle à grands déploiements à l’ancienne, tel qu’imaginé par un grand cinéphile abreuvé de références qui croit encore (et il n’a pas tort) aux vertus émotionnelles des spectateurs, ces derniers temps largement effacées par une certaine cinématographie qui, elle, croit aux approches cliniques.
On devine plus ou moins la suite des événements, certes, on attend avec impatience, mais peu importe, c’est cela, entre autres charades, le but du film de fiction. Et lorsqu’il conjugue avec forte conviction qualités formelles et récit enlevant, ici puisant dans l’oralité, l’effet peut être farouchement percutant.
Maula Jatt est les héros de cette histoire, incarné en muscles et intelligence par un Fawad Khan totalement investi. Son rival, Noori Natt, est campé par une force de la nature, Hamza Ali Abbasi, une bête d’arène. Deux fortes gueules, deux jeunes talents dont les ambitions de réussite ne sont plus à confirmer.
D’autres parts, le film fonctionne merveilleusement bien puisqu’il réussit sans trop d’efforts, peut-être sans s’en rendre compte, à émousser notre intérêt pour ce qu’on considère comme le « vieux » cinéma, celui du Grand Écran en CinémaScope ou en 70 mm – non pas comme stratégie publicitaire à l’encontre du streaming et des puissants lobbys comme Netflix ou autres substituts, mais comme approche de séduction sincère, sans mauvais réflexes, visant à réapproprier notre regard vers la bonne direction.
On devine plus ou moins la suite des événements, certes, on attend avec impatience, mais peu importe, c’est cela, entre autres charades, le but du film de fiction. Et lorsqu’il conjugue avec forte conviction qualités formelles et récit enlevant, ici puisant dans l’oralité, l’effet peut être farouchement percutant.
P R I M E U R [ En salle ] Sortie Vendredi 14 octobre 2022
SUCCINCTEMENT. Après la Fashion Week, Carl et Yaya, couple de mannequins et elle, également influenceuse, sont invités sur un yacht pour une croisière de luxe. Les événements prennent une tournure inattendue.
Le Film de la semaine.
CRITIQUE.
★ ★ ★ ½
texte Pascal Grenier
Des
êtres
dans
les
nuages
Cinq ans après avoir reçu la Palme d’or avec The Square, le suédois Ruben Östlund remporte à nouveau, avec Triangle of
Sadness, la célèbre Palme cannoise avec son plus récent film, faisant de lui seulement le neuvième cinéaste doublement palmé.
Ce film controversé n’ayant pas l’unanimité auprès de la critique poursuit dans la veine satirique que son oeuvre précédente. Si The Square était une satire acerbe du milieu de l’art contemporain, son nouveau film offre une caricature sans filtre (pour reprendre le titre français) du monde capitaliste d’aujourd’hui. Divisé en trois actes, on suit le parcours de deux jeunes influenceurs qui se retrouvent embarqués sur un navire de croisière nourri de l’élite cosmopolite. S’ensuivent une violente tempête et un naufrage où les survivants se retrouvent dans un microcosme social où ils sont forcés de cohabiter et s’entraider sur une île déserte.
Ainsi, Triangle of Sadness (qui signifie avoir une ride entre les yeux dans le jargon de la chirurgie esthétique) se présente comme une version cynique et moderne de La grande bouffe (La grande abbuffata), de Marco Ferreri revu et corrigé par un disciple de Lars von Trier. Une oeuvre volontairement provocatrice, souvent chaotique où le cinéaste fustige tout ce qui bouge sur son passage: de la pensée libérale bien-pensante, en passant par la lutte des classes et la capitalisme sauvage, on ne peut pas dire que sa vision donne dans la dentelle.
Mais même si son discours s’éparpille, on ne peut qu’admirer la volonté d’aller plus loin que précédemment dans cette description d’un monde hyper décadent peuplés d’être plus immoraux les uns que les autres. À la fois iconoclaste et féroce jusqu’à la moelle, Östlund dépeint un monde anarchique en pleine perdition. Sa vision au vitriol risque d’en offusquer plusieurs avec notamment cette deuxième partie dont le couronnement consiste en une longue séquence d’anthologie lors d’un repas mémorable où les participants ne peuvent contenir ce qu’ils ont absorbé dans leur corps et leur estomac.
Mais heureusement, une finale ouverte et ambigüe, ferme la boucle sur une note concluante.
Pour appuyer sa vision, le réalisateur de Force Majeure (Turist) force l’admiration avec une réalisation méticuleuse et précise où l’élégance côtoie le pathos. Il prend des risques dans sa proposition (notamment d’éliminer une partie de sa distribution à mi-chemin) et n’hésite pas à chavirer son univers dans la hiérarchie la plus totale en provoquant au passage un malaise palpable chez le spectateur. Toutefois, le dernier acte se situant quelque part entre les célèbres minisérie Lost (en français Les disparus) et Robinson Crusoé (Crusoe), est moins réussi que ce qui précède… comme si la fable subversive tournait un peu à vide dans son illustration où l’humour cède un peu le pas à un climat tendu propre au film de survie.
Mais heureusement, une finale ouverte et ambigüe, ferme la boucle sur une note concluante.