P R I M E U R [ En salle ] Sortie Vendredi 16 septembre 2022
SUCCINCTEMENT. Un meurtre a lieu dans le cadre d’une représentation d’une pièce d’Agatha Christie.
CRITIQUE
★★★
texte Luc Chaput
Des apparences
Un homme, égaré dans une forêt enneigée, arrive devant un bar illuminé où il dialogue avec un homme récemment décédé.
Ce cauchemar, aux allures de certaines scènes de The Shining, a frappé le détective chargé de l’affaire qui est alors dans une très mauvaise posture. Nous sommes en 1953 dans le West End, quartier londonien des spectacles. Un artiste relié à la production de The Mousetrap d’Agatha Christie a été tué.
Le scénario de Mark Chappell s’assoit sur les différences entre cinéma et théâtre pour échafauder un discours sur les apparences. Il sème, au détour des répliques et des situations, des indices qui mènent à d’autres affaires et à la vie de certains des protagonistes de l’intrigue. L’inspecteur désabusé joué par Sam Rockwell à l’accent incertain s‘appelle Stoppard comme le dramaturge anglais. Il a comme assistante une jeune policière avide d’instruction et très motivée comme son nom de Stalker l’indique, interprétée avec entrain par Saoirse Ronan.
Réfléchir avant d’enquêter.
La mise en scène de Tom George garde un côté théâtral dans ses confrontations à l’intérieur que ce soit au dit théâtre, à l’hôtel et dans divers autres endroits. Le réalisateur issu de la télévision britannique emploie un peu trop les écrans fragmentés qui ont quelquefois l’allure de cases de bandes dessinées.
Le spectacle cinématographique se déroule avec vivacité. La résolution de l’énigme est assez ingénieuse pour satisfaire un public friand d’incursions policières dans la société britannique.
Le récit inclut des éléments de la pièce de Christie qui est toujours jouée à Londres, ce qui permet de contourner l’interdiction de présenter un film de l’œuvre avant que sa course sur la scène ne soit terminée. La comédie policière joue sur le comique de situations et les différences d’éducation entre les divers personnages. Richard Attenborough1 et son épouse Sheila Sim étaient des acteurs et actionnaires de l’entreprise artistique. Harris Dickinson est beaucoup plus beau que sir Richard qui interprétait le plus souvent des individus ordinaires.
Le spectacle cinématographique se déroule avec vivacité. La résolution de l’énigme est assez ingénieuse pour satisfaire un public friand d’incursions policières dans la société britannique.
1 Richard Attenborough fut un remarquable John Christie dans 10 Rillington Place (L’étrangleur de Rillington Place) de Richard Fleischer (1971), représentation de la cause célèbre qui se déroula au Royaume-Uni à l’époque des premières représentations de The Mousetrap.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE Réalisation Tom George
Scénario Mark Chappell
Direction photo Jamie Ramsay
Montage Gary Olivier Peter Lambert
Musique Daniel Pemberton
Genre(s) Comédie policière
Origine(s) États-Unis
Année : 2022 – Durée : 1 h 38 min
Langue(s) V.o. : anglais / Version française Coup de théâtre
P R I M E U R [ En salle ] Sortie Vendredi 16 septembre 2022
SUCCINCTEMENT. Antoine suit des études de comptabilité sans grande conviction, partageant son temps entre les concours de rap et son job de livreur de sushis. Lors d’une course à l’Opéra Garnier, son destin change du jour au lendemain.
CRITIQUE.
★★★
texte Élie Castiel
Entre
lyrisme classique
et
populaire contemporain
Un film plein de clichés, trop même, mais qu’importe, prévisible, feel-good jusqu’au-boutisme, personnages attachants des deux côtés de la périph, mais un truc formidable, on s’attache à chacune et chacun d’eux; on en redemande chaque fois plus et on retrouve la joie de se donner totalement aux images qui défilent sur l’écran, le Grand de préférence.
Il y a la vedette, le rappeur MB14 (alias Mohammed Belkhir), Michèle Laroque dans le rôle de Mme Loyseau, qui s’occupe des nouvelles voix au prestigieux Opéra de Paris (qu’importe, Garnier ou Bastille) et Alfredo Alagna (est-ce nécessaire de le présenter!?) dans le rôle, bien entendu, de Roberto Alagna.
Un conte de fée pour mâle aguerri, issu de la banlieue, livreur de sushi et qui, fruit de hasard, découvre l’art lyrique. Et encore plus, qu’il a une « voix » qui porte. La suite, vous connaissez.
Claude Zidi Jr., le fils de l’autre (le père spirituel des Bidasses, des Balasko, des De Funès et autres merveilles du cinéma du samedi soir, toujours ou presque efficace) signe un premier long métrage en format solo, se prenant au sérieux (et ça fonctionne totalement, comme par magie,), ne recule devant n’importe quel obstacle pour mener à bien sa mission (grâce aussi aux bons mots des trois scénaristes), en quelque sorte faire le pont entre le rap et l’opéra. Dans la vraie vie, impossible de juger. Au cinéma, tout est possible.
Deux mondes que tout oppose et peut-être une certaine réconciliation.
Et du coup, comme ça, par envoûtement, que seules les images qui défilent peuvent procurer, une sorte d’amoncellement de séquences, de scènes émouvantes qui nous font croire au royaume tant souhaité des possibles.
Dans Ténor, MB14 gagne souvent dans les concours de rap. Lorsqu’il commence à Garnier (ou Bastille), il perd le contrôle de ses priorités et… Et puis, Mme Loyseau… on ne vous dira rien. La petite histoire d’amour avec une de ses « potes » ou une collègue à l’Opéra, pas question pour Zidi Jr. d’aller jusqu’au bout. Tout se concentre sur MB14… et c’est tant mieux.
Une finale au son de l’incontournable Nessun dorma – mieux connu populairement en tant que Vincerò. Magnifiquement orchestrée, fonctionne à merveille, quelques petites larmes au passage. Et tout le monde applaudit.
L’acteur a une gueule, mais il ne cède pas à la tentation de séduire. Expression des yeux, origines arabes aidant, il accumule une série de nuances naturelles et physiques qui le rendent attrayant. Sa fratrie (son frère dans le film et les autres acolytes) apprennent qu’il a en quelque sorte trahi la culture rap. Encore une fois, la suite vous connaissez.
Une finale au son de l’incontournable Nessun dorma – mieux connu populairement en tant que Vincerò. Magnifiquement orchestrée, fonctionne à merveille, quelques petites larmes au passage. Et tout le monde applaudit.
Unir le rap au lyrique? Pas si simple que ça. Pari pourtant gagné pour Zidi Jr. Mais nous sommes bien au cinéma.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE Réalisation Claude Zidi Jr.
Scénario Raphaël Benoliel, Cyrille Droulx Avec la collaboration de Héctor Cabello Reyes
Direction photo Laurent Dailland
Montage Benjamin Favreul
Musique Laurent Perez Del Mar
Claude Zidi Jr., cinéaste. La banlieue, ça compte aussi