P R I M E U R [ En Salle ] Sortie Vendredi 1er juillet 2022
SUCCINCTEMENT. Jeeta, électricien dans un village du pendjab survient aux besoins de sa famille. Pour voir sa sœur cadette mariée, il a retardé son propre mariage. Sans compter sur les problèmes des autres membres de la famille élargie.
P R I M E U R [ En Salle ] Sortie Vendredi 1er juillet 2022
SUCCINCTEMENT. Paris, années 80. Elisabeth vient d’être quittée par son mari et doit assurer le quotidien de ses deux adolescents, Matthias et Judith. Elle trouve un emploi dans une émission de radio de nuit, où elle fait la connaissance de Talulah, jeune fille désœuvrée qu’elle prend sous son aile.
Le FILM de la semaine.
CRITIQUE.
★★★★
texte Élie Castiel
Une ville de Paris, terriblement urbaine, unique, majestueuse, comme jamais filmée auparavant. Sébastien Buchmann prend parti pour ses rues, ruelles, grands boulevards, ses enseignes, un ciel gris aussi, ou les intérieurs, là où l’éclairage assume son intimité, « cache » ce « qui se cache » derrière chacun des personnages de ce récit en forme de chronique familial qui refuse catégoriquement le pathos.
Une
ville
la
nuit
Un choix narratif issu de trois plumes aguerries, Hers lui-même, prêtant l’oreille à Maud Ameline et Mariette Désert. Des mots qui s’installent, qui durcissent, qui adoucissent selon les circonstances, qu’on prononce en faisant du mal ou du bien sans s’en rendre compte.
Et surtout qui définissent l’A.D.N. moral, psychologique et comportementale des principaux protagonistes : une femme, sa fille, son fils et une rescapée de la rue (troublante et versatile Noée Abita).
Trois années charnières, 1981, 1984 et 1989. Début, milieu et fin d’une décennie marquée socialement par le Sida, ici, dommage, absent, comme s’il n’avait jamais eu lieu. Mais bon, on ne peut pas parler de tout.
Une sorte de lien intégrateur.
Un choix intentionnel que de se concentrer sur Elizabeth (Charlotte Gainsbourg de plus en plus versatile et jouant habilement le jeu des rôles atypiques; elle vient de quitter son mari, ou est-ce le contraire? Peut importe ce détail. Refaire sa vie, un véritable acte de courage qui relève d’un nouveau regard sur le monde, à peine un peu plus d’une décennie avant le nouveau siècle.
Ce passage du temps annoncée est illustré par une sorte d’absence psychique de la part des protagonistes comme s’ils et elles n’étaient pas en mesure d’imaginer ce nouveau temps.
Mitterrand, impossible de ne pas citer ce détail. Un nouveau gouvernement, un nouvel Hexagone, le socialisme triomphant. Peu à dire sur cet engouement, mis à part quelques séquences d’archives au début du film.
Mais Hers ne prend pas « ses » spectateurs pour des idiots. Ils et elles auront bien compris. Il installe sa mise en scène nostalgique pour, en fait, bien comprendre les enjeux de cette époque. Si « Les passagers de la nuit » est le titre d’une émission pour les couche-tard, comme il en existe encore dans les grandes villes, c’est aussi celui d’un film qui définit ses propres personnages comme issue de la nuit, de l’obscurité d’où ils veulent en sortir.
Emmanuel Béart en animatrice de cette émission-conseils s’invente un personnage pris entre la caricature pittoresque et, dans l’intimité, quelque chose qui lui ressemble plus.
Dans un sens, Les passagers de la nuit c’est surtout un film sur le verbe, la parole engagée, qu’elle soit politique, sociale, intime ou amoureuse. Du coup, à l’instar de tout film français qui se respecte.
Quito Rayon Richter (Mathias) et Noée Abita (Talulah) s’en tirent avec tous les honneurs, y compris Megan Northam (Judith), d’une grande maturité.
Ce n’est pas par hasard si on nous montre un extrait du Rohmer, Les nuits de la pleine lune, avec une Pascale Ogier lumineuse, malheureusement décédé peu de temps après.
Dans un sens, Les passagers de la nuit c’est surtout un film sur le verbe, la parole engagée, qu’elle soit politique, sociale, intime ou amoureuse. Du coup, à l’instar de tout film français qui se respecte.
P R I M E U R [ En Salle ] Sortie Mercredi 06 juillet 2022
SUCCINCTEMENT.
Les retrouvailles mouvementées entre trois amies du secondaire. Après un début de soirée festif et bien arrosé le trio de trentenaires se délie : les vieilles tensions rejaillissent, les discussions s’enveniment et les révélations se succèdent.
CRITIQUE.
★★★ ½
texte Élie Castiel
Nous n’avons pas vu la pièce de Catherine Chabot, coscénariste du film avec Émile Gaudreault. Cela importe peu puisque le résultat est une comédie dramatique totalement cinématographique qui investit les lieux, les situations impossibles sur une scène de théâtre, le rapprochement de la caméra avec les personnages.
Tout un bagage d’éléments filmiques qui apportent plus de clarté, mais n’empêchent nullement que la pièce soit fortement appréciée, justement pour les défis qu’elle propose aux spectateurs.
Si d’une part, la bande-annonce ne semblait pas se dérouler sous de bons auspices, force est de souligner que le résultat final étonne, surprend, nous reconnecte sans jugement moral ni pédagogique à une certaine réalité pour qu’en fin de compte, il soit question d’une remise en question de notre québécitude.
Car c’est de cela qu’il s’agit surtout. De cette tendance depuis des lustres, chez l’homo quebecensis, à conserver, malgré les avancées de la modernité et un nouveau siècle qui s’impose de plus en plus, ses obsessions traditionnelles, linguistiques, chez les intellectuels, philosophiques, comme si chaque appel au nouveau, ou renouveau, constituait un complot pour déconstruire l’identité québécoise.
Faux-semblants
C’est peut-être le temps de se dire les quatre vérités.
La force du scénario réside justement dans cette aptitude à parler de choses graves dans un registre à l’amiable, sans trop agresser les spectateurs, encore (partout dans le monde) trop sensibles à ce genre de choses.
La séquence finale, d’une éclatante (littéralement et métaphoriquement) puissance prophétique situe le déroulement de l’action dans une sorte de tragédie grecque ou encore de drames de l’Ancien Testament où la puissance des Dieux ou du seul Dieu est plus forte que tout et dirige les Humains. Une première partie légère cède la place à un extraordinaire processus de thérapies, de réévaluations sur le sens de l’amitié et la vraie définition du couple. Quelque chose comme si « Thirty » était « the New Twenty », comme si on n’avait jamais grandi.
Mais cette partie est aussi le résultat d’une mise en scène magistralement maîtrisé, tant par les mouvements de caméra que par un montage des plus énergiques, voire intransigeant, n’évitant pas les défis, surmené, dynamique.
Sans rien enlever à ces filles et ces gars, tous et toutes formidables, Mariana Mazza, notre Stand-Up, notre Humoriste nationale électrocute l’écran autant par son registre diversifié que par cette envie insurmontable, et c’est tant mieux, de dominer son personnage par les voies de la détermination. Et tout cela, sans rien enlever à ses acolytes, impeccables.
Et cette agglomération de surmenages, de moments de tensions, d’autres agréables où les réparties aussi jouissives qu’adorables bénéficient de la présences d’excellents interprètes, uni(es) pour la circonstance.
Sans rien enlever à ces filles et ces gars, tous et toutes formidables, Mariana Mazza, notre Stand-Up, notre Humoriste nationale électrocute l’écran autant par son registre diversifié que par cette envie insurmontable, et c’est tant mieux, de dominer son personnage par les voies de la détermination. Et tout cela, sans rien enlever à ses acolytes, impeccables.