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Tu te souviendras de moi

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 04 novembre 2022

SUCCINCTEMENT.
La famille d’un historien est confrontée par l’arrivée de la maladie d’Alzheimer chez ce professeur.

La

transmission

et

l’oubli

CRITIQUE.

★★★

texte
Luc Chaput

Un homme âgé marche avec un autre plus jeune
près d’un parc. Il lui fait remarquer des éléments
de la flore du coin et établit des similitudes avec
la mondialisation.

La perte de mémoire et sa version plus cruelle de la maladie d’Alzheimer a suscité de nombreuses œuvres de fiction et documentaires depuis Sonia de Paule Baillargeon (1986) et Away from Her de Sarah Polley. La pièce de François Archambault a connu un beau succès critique et public depuis sa présentation en 2014. L’adaptation du réalisateur Éric Tessier et de l’auteur en aère le déroulement à la fois par de nombreux changements de lieux et par des moments de silence entre les êtres et des plans sur les paysages montés élégamment par Jean-François Bergeron. Édouard Beauchemin est un professeur d’histoire qui peut discourir sur de nombreuses époques mais qui a de plus en plus des défaillances concernant sa mémoire à court terme. Ce changement de situation et de personnalité a des effets concentriques sur ses proches qui cherchent des solutions à plus ou moins longue échéance.

Un début de rapport sain sans conflit générationnel.

La présence de Rémy Girard dans ce rôle rappelle bien entendu celui du professeur qu’il campait dans Le déclin de l’empire américain de Denys Arcand et rajoute ainsi un autre niveau à cette investigation mesurée de la place du souvenir dans la société québécoise. Le cinéaste filme avec dextérité la réaction d’un couple de militants lors de la soirée du référendum de mai 1980. L’interaction entre ces deux personnes si différentes que sont Édouard et Bérénice passe ainsi par toutes les gammes pour devenir au fil du temps une musique de chambre mue par la fine éloquence des acteurs que sont Karelle Tremblay et Rémy Girard. Les autres interprètes leur apportent une belle complicité dans l’expression de voix quelquefois dissonantes.

Le constat de l’historien sur l’emprise constante du présent en mutation perpétuelle résonne ainsi encore plus dans ce long métrage lumineux sur la transmission et l’oubli.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Éric Tessier

Scénario
François Archambault
Éric Tessier
D’après la pièce de François Archambault

Images
Pierre Gill

Montage
Jean-François Bergeron

Musique
Martin Léon

Genre(s)
Drame

Origine(s)
Canada [Québec]

Année : 2018 – Durée : 1 h 48 min

Langue(s)
V.o. : français, s.-t.a.

You Will Remember Me

Dist. [ Contact ] @
Les Films Opale

Classement
Visa GÉNÉRAL

Diffusion @
Cinéma Beaubien
Cineplex

[ Salles VIP : Interdit aux moins de 18 ans ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Zaï Zaï Zaï Zaï

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 04 novembre 2022

SUCCINCTEMENT.
Fabrice, acteur de comédie, réalise qu’il n’a pas sa carte de fidélité alors qu’il fait ses courses. Malgré la menace d’un vigile, il parvient à s’enfuir. Commence alors une cavale sans merci, pour celui qui devient rapidement l’ennemi public numéro 1.

Par

un

fâcheux

concours

de

circonstances

CRITIQUE.
★★★

texte
Élie Castiel

Faisant ses courses au supermarché, Fabrice,
acteur de comédies, a oublié sa carte de fidélité.
Assez pour provoquer une série d’évènements
où police, médias, plus ou moins gens de cinéma
et société le considèrent comme un paria.

Fidèle à la bande dessinée de Fabcaro (Fabrice Caro – le personnage principal dans le film tient le même prénom), François Desagnat – deux précédents longs métrages en solo – Adopte un veuf (2016) et Le gendre de ma vie (2018), se soumet aux diktats de la BD, et c’est tant mieux. Cela s’applique aux situations, gestes, mais surtout au dialogue décapant, pince-sans-rire (et en-riant), une interprétation qui secoue les règles de l’art, d’où, par moments, jaillit une tendresse bouleversante de la part de Jean-Paul Rouve, excellent dans ce rôle de mal assorti à une société du spectacle qui se nourrit de fausses vérités, de racisme ordinaire (les quelques références sourdes envers les Juifs), d’irresponsabilité dans les forces de l’ordre.

Mais surtout un panorama sans vergogne d’une France actuelle qui fait défaut sur différents points de vue – social, politique, individuel, familial – La bourgeoise se trouve ainsi coincée, les (faux) intellectuels sont trop véreux ou disent des propos vides de sens, les avocats se trompent de dossier lors de comparutions à la Cour.

À bien y penser.

Une interprétation qui secoue les règles de l’art, d’où, par moments, jaillit une tendresse bouleversante de la part de Jean-Paul Rouve, excellent dans ce rôle de mal assorti à une société du spectacle qui se nourrit de fausses vérités, de racisme ordinaire…

Un petit groupe du milieu du cinéma tente néanmoins de le réhabiliter, voyant en ce délit une faute sans réelle importance. Benjamin, un acteur, tient à jouer le rôle de Fabrice, ses déboires, son accusation, sa séparation avec sa femme.

Puis, pour que le film fonctionne tel que projeté, des acteurs et des actrices qui comptent. Courtes apparitions de Yolande Moreau en commissaire de police à la retraite obligée de reprendre son service pour cause d’insuffisance de personnel, Rouve, dont nous reconnaissons, comme toujours, sa verve et son mélange de tendre gouaille et de sérieux; le franco-kabyle Ramzy Bedia s’en tire comme d’habitude à merveille. Idem pour le reste du casting.

Et l’enregistrement en studio d’une chanson où des copains et copines de Desagnat l’interprètent sous la houlette d’un Benjamin Biolay qu’on entrevoit à travers quelques mouvements de caméra plutôt rapides et discrets.

Effectivement, un des moments forts parmi d’autres dans cette comédie loufoque où la déraison l’emporte sur la sagesse. Sympa avec ses airs de drôlerie.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
François Desagnat

Scénario
François Desagnat
Jean-Luc Gaget

Images
Olivier Gossot

Montage
Grégoire Sivan

Musique
Yuksek

François Desagnat, réalisateur.
Une sorte de dérapage contrôlé.

Genre(s)
Comédie

Origine(s)
Belgique

France

Année : 2020 – Durée : 1 h 22 min

Langue(s)
V.o. : français

Zaï Zaï Zaï Zaï

Dist. [ Contact ] @
K-Films Amérique

Classement
Visa GÉNÉRAL

Diffusion @
Cinéma Beaubien
Cineplex

[ Salles VIP : Interdit aux moins de 18 ans ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Philippe Cyr

Philippe Cyr
Crédit : Gaëlle Leroyer

  Ne

jamais

cesser

de

captiver

   

ENTREVUE.
[ Scène ]

proposée par
Élie Castiel

 

 

Depuis août 2021, il assure la direction artistique et la codirection générale du théâtre Prospero, un des hauts lieux de la dramaturgie alternative montréalaise. Nul doute, qu’à sa façon, il poursuit avec haute exigence le travail audacieux mené avec succès de ses prédécesseurs, mais chaque nouvelle tête pensante apporte en soi son lot de créativité, une nouvelle orientation proche de sa contemporanéité, mais plus que tout, ce rapport à la scène constamment renouvelé, sans quoi les nouveaux concepts deviennent stériles. Rencontre avec Philippe Cyr; ses réponses projettent, malgré les temps que nous vivons, des promesses d’un meilleur présent et d’un futur pas si lointain, on pourrait même dire, radieux.

Que représente Déclarations dans votre mandat en tant que directeur artistique?
Philippe Cyr : Bien sûr que nous avons présenté des spectacles depuis ma nomination à la direction artistique, mais dans un sens, Déclarations représente un premier geste de commissariat, une étape importante.

Dans quel sens ce projet vous a séduit?
J’ai l’habitude d’aborder les projets avec un regard instinctif dans la mesure où l’œuvre nous provoque, nous oblige à réfléchir. Je suis attiré également par la forme, la structure. Dans le cas du Canadien Jordan Tannahil, c’est vraiment là sa force de persuasion qui pourrait pousser un organisme théâtral à monter une de ses pièces. Dans son cas, la forme est une sorte de défi bien particulier, en même temps l’œuvre produit une sensation de sensibilité, de fragilité, j’ajouterais même de fébrilité qui dépasse la texture même du texte. Je trouvais intéressant, voire mieux, inspirant, lorsqu’un auteur canadien s’exprime de cette manière-là. D’une certaine façon, ça défait ces a priori qu’on peut avoir sur le théâtre canadien anglais voulant qu’il soit plus conventionnel, plus dans les normes. Avec Jordan, c’est complètement l’inverse qui se produit. C’est chouette de défaire ces fausses impressions. On se rend compte que nos collègues anglophones sont aussi capables de créer des œuvres hybrides, hors du commun, qui s’inscrivent dans un rapport formel, pourquoi pas revendicateur.

Effectivement, c’est bien le cas. Par ailleurs, dans votre programmation, en ce qui a trait au théâtre étranger, vous avez une prédilection pour la dramatugie du Nord et de l’Est de l’Europe.
Effectivement, bien que dans les années à venir, il n’est pas hors de question qu’on n’aborde pas certains pays du sud. Mais il faut comprendre que le territoire ne peut s’élargir que sur plusieurs années. Il est évident qu’en Europe, il y a un autre bassin de création important qu’il faudra un jour explorer.

Le côté queer n’est ni frontal, ni ostentatoire. Mais d’autre part, je crois que le théâtre, d’ici ou d’ailleurs, je suppose, se doit de visibiliser les identités queer. Il y a un travail important de sensibilisation, de normalisation des minorités sexuelles qui doit êtrte entrepris.

Sur un autre ordre d’idée, l’Affaire Kanata (Lepage) a engendré toute une série de nouveaux paramètres qui poussent les compagnies théâtrales québécoises à revoir leurs niveaux d’intégration, particulièrement envers les artistes racisées.
En fait, il faut aborder la question en tenant compte que le théâtre québécois (et le cinéma NDRL), a un grand retard sur cette question. L’affaire-Kanata nous a grandement interpeller et par la même occasion remettant en question notre confort installé depuis de nombreuses décennies, disons depuis toujours. Il était primordial que nous ouvrions nos portes à la diversité.

Jordan Tannahill
Crédit : CAIO SANFELICE

En même temps, il y a, bien sûr, les facteurs talent, intégration à la culture québécoise et pour ne pas le répéter assez, bonne connaissance de la langue française, des attributs qui doivent aussi être pris en compte. N’est-ce pas le cas?
Cela va de soi, j’ajouterais que la diversité, est une question aussi de survie sociale. Il faut l’approcher de tous les fronts, envisager toutes les possibilités qu’elle offre. À mon avis, ce n’est pas seulement une question de représentativité, mais aussi une question de pratique. Le public, lui, est également diversifié. Il s’agit d’une égalité des chances. L’espace est important pour les artistes de la diversité afin que le plus grand nombre puissent pratiquer leur métier.

Mais n’y a-t-il pas déjà un peu trop de créations à tous les niveaux culturels dans un territoire national aussi petit que le Québec?
Je pense qu’un foisonnement d’idées créatives, des propositions élargies, de défis à surmonter, à promouvoir, sur tous les courants de l’expression artistique est sain pour toutes cultures, quelles qu’elles soient. Les pays se forment ainsi. Et puis, ces créations ne s’adressent pas uniquement à une seule tranche de la population. Elles visent des publics pluriels.

D’autre part, la dramaturgie québécoise contemporaine aborde essentiellement des sujets intimes, personnels, au détriment d’une approche universelle. Est-ce que les courants de la politique et du social sont évités.
C’est vrai, mais je crois que si on aborde des thèmes politiques, par exemple, ils doivent s’entrecroiser avec des créations intimes, personnelles, et vice-versa. Mais c’est vrai que dans la création québécoise, le théâtre de l’intime est omniprésent. Il est important que la courbe d’une saison théâtrale soit diversifiée quant aux thèmes abordés.

Déclarations, déjà le titre est une affectation en soi, où l’intime s’exhibe.
C’est bien le cas. Mais ce qui a  conduit à produire la pièce, c’est ces facteusr qui nous poussent à la considérer comme un coup de cœur. Donc, nous ne suivons pas une feuille précise de critères. Je crois qu’il faut savoir comment défendre de manière sensible les propositions reçues. C’est dans un sens large que je me suis intéressé à cet auteur-là. J’ai fait des recherches sur ces écrits, son parcours de militant LGBTQ, ses déclarations, son argumentations, tout cet éventail d’interrogations m’a interpellé. À mon sens, c’est une question de comment manier la forme et dans le même temps l’émotion. Et c’est rare que cette chose existe dans un texte. J’ai également imagniner si le texte est montable. C’est inusité qu’on propose cela au public. La pièce a été remarquée à Toronto, à raison de quelques représentations, mais le fait qu’on la traduise et on la monte pendant trois semaines ici, est quand même un défi de taille pour le Prospero. J’aime bien que notre rapport au public soit une prise de risque, une gageure, une provocation dans le bon sens du terme, visuellement et auditivement. En fait, c’est une question de partage. La pièce de Tannahill s’inscrit dans un cursus de projets difficiles à réaliser, et pour moi, il y a là une posture par rapport à la pratique, et je crois aussi qu’on se doit d’aller dans cette direction. Il y a, dans cette proposition, un haut degré d’audace, cette difficulté essentielle sans quoi la création stagne. En fin de compte, ça produit une coversation stimulante.

Jusqu’à quel point il était important d’aborder, en filigrane je suppose, le thème de la  queeritude au théâtre, on doit l’admettre pas très inscrit dans le parcours québécois. Et pourtant, nous vivons, notamment dans les grandes villes, dans un climat soit-disant, très ouvert!
Quoique la fonction queer ne constitue pas le fondement même de la pièce, le point central, elle est intégrée, non pas comme objet étranger, mais au contraire, comme une évidence. Du fait même que l’auteur en question est queer, et qu’il doit créer en fonction de sa réalité, et pas impérativement en prenant des accents militants. Le côté queer n’est ni frontal, ni ostentatoire. Mais d’autre part, je crois que le théâtre, d’ici ou d’ailleurs, je suppose, se doit de visibiliser les identités queer. Il y a un travail important de sensibilisation, de normalisation des minorités sexuelles qui doit êtrte entrepris.

Déclarations

Déclarations
texte : Jordan Tannahill

mise en scène : Mélanie Demers
Du 1er au 19 novembre 2022
Diffusion & Billets @
Théâtre Prospero
[ 1er novembre : complet ]

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