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CRITIQUE
Élie Castiel
★ ★ ★
La meute
Quelques courts pour la Québécoise Annick Blanc avant d’intégrer dans le milieu compétitif du long québécois, on pourrait même ajouter, par la (grande) porte. L’accueil au récent Fantasia, du moins selon les échos, était mitigé. Nous l’avons vu en lien dans une copie sensationnelle – couleur / cinémascope.
Le résultat : un film de genre à l’œil féminin sur la masculinité toxique (comme on se (com)plaît à dire de plus en plus de nos jours. Et à raison, force est de souligner.
À première vue, ces hommes-chasseurs qui se retrouvent en pleine forêt, dans le danger, armés, sans femmes, évoquent en quelque sorte ceux de La meute, adaptation scénique de Marc Beaupré – incidemment, il campe un rôle ici – tirée du texte incendiaire de Catherine-Anne Toupin. Rien à voir avec Jour de chasse, mais mêmes effets anxiogènes de la part de ces hommes (in)vulnérables.
Déjà, la durée du film, à peine 80 minutes, incluant le générique de fin, établit un constat : créer une situation, l’envelopper de quelques incidents, peu, pas trop, pour subir finalement le drame. L’intégration de la seule femme, travailleuse du sexe en rupture avec son proxénète, lors du prologue, est mise en scène avec une précision de l’accommodement raisonnable extraordinaire. Bien que, une fois, dans le groupe, certains écarts de conduite, mais pas ceux auxquels nous nous attendions, font surface. Il y a là un extraordinaire équilibre d’écriture.
Et puis, la forêt, nue, vierge, rebelle, sauvage, sans équivoques. Comment l’apprivoiser ? Impossible si on suit la logique impitoyable de la jeune cinéaste. Un inconnu qui se présente. Des situations dramatiques s’ensuivent. Ricanements, xénophobie, racisme, sexisme, virilité exacerbée.
Du coup, une finale absolument inespérée qui défie certaines lois rigides du film de genre. Annick Blanc aime le cinéma et il bien clair que ses images illustrent parfaitement bien cet engouement pour la logique allégorique, surréaliste, fantasmée de cet acte filmique bien particulier.
[ … ] un film de genre à l’œil féminin sur la masculinité toxique (comme on se (com)plaît à dire de plus en plus de nos jours. Et à raison, force est de souligner.
Sans trop dévoiler, on peut se permettre de souligner que l’individu ne peut rien contre la force acquise de la Nature. C’est d’ailleurs un des dénominateurs communs que partageaient la plupart des films programmés au récent Fantasia.
Des interprètes masculins exemplaires. Tous, sans exception. La seule femme, rôle tenu par Nahema Ricci, celle du bel ouvrage cinématographique québécois, Antigone, de Sophie Deraspe, jouant sur divers registres d’interprétation avec une énergie farouche. Elle masculinise son comportement tout en demeurant femme ; s’emploie à œuvrer pour une totale adhésion. C’est une survivante. À la rigueur, on pourrait questionner, avec le sourire aux lèvres, pourquoi elles conservent ces longs faux ongles dans un environnement naturel indompté. Mais tout compte fait, consciente que la survie ne tient qu’à un mince fil, elle tisse cette matière textile par ses propres moyens.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Annick Blanc
Scénario : Annick Blanc
Direction photo : Vincent Gonneville
Montage : Amélie Labrèche
Musique : Peter Venne
Genre(s)
Suspense psychologique
Origine(s)
Canada
Année : 2024 – Durée : 1 h 20 min
Langue(s)
V.o. : français ; s.-t.a.
Hunting Daze
Dist. [ Contact ] @
Maison 4 :3
[ Midi la Nuit ]
Diffusion @
Cinéma Beaubien
Cinéma du Parc
Cineplex
Classement
Visa GÉNÉRAL
[ Déconseillé aux jeunes enfants ]
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]