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Rojo

PRIMEUR @ 11
Sortie
Ven 13 mars 2020

SUCCINCTEMENT
Argentine, 1975. Claudio, avocat réputé et notable, accepte de fermer les yeux sur les pratiques du régime en place. Lors d’un dîner, il est violemment pris à parti par un inconnu et l’altercation vire au drame.

COUP DE CŒUR
de la semaine

texte
Élie Castiel

★★★★

Sans directement la raconter, en quelque sorte, en retraite comme si le fait divers évoqué contenait en lui une période grise de l’Histoire d’un pays; en filigrane, dans la pensée de ceux et celles qui l’ont vécue ou ont, du moins, suivi les évènements en s’y intéressant aux nouvelles locales et aux tristes faits quotidiens.

Ces enfants de la « Guerra sucia » (guerre sale), en fait des Hommes et des Femmes contestataires, arrêtés et séquestrés par la dictature argentine mise en place entre 1976 et 1983, et royalement soutenue par les États-Unis. Comme dans le Chili de Pinochet, qui ouvre les portes de la dictature le 11 septembre 1973. Le mot d’ordre : « fermer sa gueule et laisser faire le gouvernement ». Ainsi, on pourra vivre en paix.

Une histoire d’Argentine

C’est dans cette atmosphère de fausse quiétude dans un restaurant de Mar del Plata que commence cette brillante thèse sur le pouvoir et la résignation. L’altercation entre deux hommes devient la métaphore de deux visions politiques : le premier, avocat, suivant les règles du gouvernement à venir, et le second, qui nous semble violent, critiquant avec véhémence le pouvoir en place en la personne de l’avocat. À partir de cet incident, mis en scène avec un doigté exemplaire dans sa continuité, le dialogue encouru et les conséquences néfastes (qu’on évitera de vous raconter).

Un suspense s’ensuit donc, rappelant le côté cinéphile de Naishtat, amoureux semble-t-il du polar, d’un certain film noir à la Melville, mâtiné de Gavras par la simplicité du récit et son recours à l’intime. Et comment ne pas souligner ces rencontres dans le bureau du procureur où les accommodements les plus déraisonnables ont droit de cité. Comme quoi, l’amitié, en période de crise, peut parfois devenir une arme à double tranchant.

La dissidence n’appartient qu’à un petit groupe, tous et toutes issu(es) de toutes les classes sociales, l’ouvrier autant que l’intellectuel, des enfants bercés par des familles communistes ou aux fortes croyances socialistes d’une certaine époque. Ces idées politiques ne sont pas présentes concrètement dans le film, mais elle s’expriment en filigrane, par des gestes, dans des situations.

Avec une incroyable économie de moyens, le jeune cinéaste s’approprie du médium cinéma, de son importance démocratique, pour mettre en scène un essai politique (ou, comme dans a plupart des cinématographies engagées latino-américaines, puisent également sur les vies intimes) d’une portée sociale extraordinaire.

La simplicité du propos, sa rigueur dans le contenu, la vision politique du réalisateur, son recours à l’Histoire, sont autant d’atout confirmant la présence du cinéma d’une époque. Ce retour à 1975, orchestré en 2018, est un pas en avant alors que les sociétés ont changé lâchement la notion de démocratie en des préaux de l’individualisme, car souvent cachés.

Avec une incroyable économie de moyens, le jeune cinéaste s’approprie du médium cinéma, de son importance démocratique, pour mettre en scène un essai politique… d’une portée sociale extraordinaire.

Rojo (Red, dans la langue de Shakespeare, Rouge dans celle de Molière) comporte autant de significations idéologiques que de métaphores thématique. Essayer, pour le spectateur, d’en trouver le sens selon sa propre perception de la vie et de la politique est déjà un acte de résistance et de complicité, qu’importe de quel côté on se place.

Benjamin Naishtat a brillamment accompli un film grand public à la fois intellectuel, utilisant les codes du suspense politique et plus que tout, poussant le spectateur-témoin, quelle que soit sa classe sociale, à réfléchir sur la question.

Construit selon les techniques éthiques  et de style des années 1970, notamment dans les films latino-américains, Rojo est aussi un vibrant hommage à un cinéma qui fut. Deux comédiens se surpassent dans cette œuvre engagée, Darío Grandinetti (entre autres, dans Julieta, 2016, de Pedro Almodóvar) et le Chilien, surprenant Alfredo Castro, remarqué il y a peu de temps dans Museo, du Mexicain Alonso Ruizpalacios. Indiscutablement essentiel.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Benjamin Naishtat

Genre(s)
Drame social

Origine(s)
Argentine / Belgique

Brésil / Allemagne
France / Pays-Bas

Année : 2018 – Durée : 1 h 49 min
Langue(s)
V.o. : espagnol; s.-t.a.

[ Red ]

Dist. @
Acéphale

Classement
ND
[ En attente ]

En salle(s) @
Cinéma Moderne
(Affiche des horaires irréguliers)
Cinémathèque québécoise

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Run This Town

PRIMEUR @ 11
Sortie
Ven 13 mars 2020

SUCCINCTEMENT
Le comportement du maire d’une grande ville canadienne occasionne des problèmes à son équipe et suscite des interrogations .

BRÈVE

texte
Luc Chaput

★★

Feuilleton inadéquat

Bram, un journaliste novice, se rend à un rendez-vous clandestin pour recevoir des informations et des preuves. La suite ne se passe pas comme il espérait. Dans son premier long métrage, le scénariste et réalisateur Ricky Tollman tente de recréer l’atmosphère régnant en 2013 à la mairie de Toronto et dans certains journaux pendant que Doug Ford était maire. Il s’est inspiré de nombreux témoignages, d’articles de journaux et même de chroniques. L’interaction entre Ford et son équipe de communication dirigée par Kamal paraît plausible ainsi que celle des membres entre eux pour contrer les mauvaises nouvelles. L’emploi d’un journaliste débutant, que Ben Platt incarne avec bonhomie, comme un des personnages principaux rend le processus inutilement désordonné tellement il n’est pas conseillé ni encadré par ses confrères.

… le maquillage et les prothèses desservent fortement l’interprétation du Britannique Damian Lewis dans ce rôle pourtant central qui achève de plomber ce film inadéquat sur cet épisode récent de la métropole canadienne qui en a complexifié l’image hier si prude.

L’arrière-plan de la Ford Nation qui a permis à la famille Ford de se constituer une base politique régionale, métropolitaine puis provinciale et qui lui a permis de contrer les articles de médias dits élitistes est à peine effleuré. Le maire Ford apparaît comme une personne balourde et plutôt cassante et le maquillage et les prothèses desservent fortement l’interprétation du Britannique Damian Lewis dans ce rôle pourtant central qui achève de plomber ce film inadéquat sur cet épisode récent de la métropole canadienne qui en a complexifié l’image hier si prude.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Ricky Tollman

Genre(s)
Chronique politique

Origine(s)
Canada

Année : 2019 – Durée : 1 h 39 min
Langue(s)
V.o. : anglais

Run This Town

Dist. @
Entract Films

Classement
Tous publics
[ Déconseillé aux jeunes enfants ]

En salle(s) @
Cineplex

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

The Hunt

PRIMEUR @ 11
Sortie
Ven 13 mars 2020

SUCCINCTEMENT
Une douzaine d’inconnus venant des quatre coins des États-Unis se réveillent aux abords d’une forêt après avoir été drogués et bâillonnés, sans savoir comment ils sont arrivés là.

BRÈVE

texte
Luc Chaput

★★★

Chimères contemporaines

Dans un avion privé, des dirigeants vaquent à leurs occupations pendant un long voyage. Leur quiétude est interrompue par l’irruption d’une personne qui se demande ce qu’elle fait là. Cette opposition entre classe riche et gens pauvres est la base du traitement que les scénaristes Nick Cuse et Damon Lindelof, qui ont écrit des séries télé d’anticipation (The Leftovers), réservent à The Most Dangerous Game de Richard Connell, déjà mis en images par Irving Pichel et Ernest B. Schoedsack en 1932. La première séquence, dans une forêt et un champ, frappe par son côté violent et sanglant assumé dans ce type de productions d’horreur. La suite est un jeu du chat et de la souris où les personnalités se dévoilent dans un parcours où la mondialisation des échanges sert de moteur à des dialogues souvent satiriques qui montent en épingle l’incompréhension mutuelle que les réseaux sociaux et autres haut-parleurs modernes ont amplifiée.

The Hunt, quant à lui, même s’il ménage la chèvre et le chou, montre bien l’horreur sous-jacente dans ce déferlement constant d’images plus ou moins trafiquées.

Craig Zobel met en scène avec efficacité les différentes scènes d’action où l’emploi de la musique classique, inhabituelle dans ce type de long métrage, augmentera le plaisir de certains. Les deux protagonistes principaux sont des femmes différentes par leur allure et leur éducation et servies par Betty Gilpin et Hilary Swank, deux actrices en grande forme physique et intellectuelle. Le personnage de Crystal pourrait être une version plus âgée de celui d’Everdeen, interprétée par Jennifer Lawrence dans la série Hunger Games. Sa biographie ressemble aussi à celle de Rachel dans Jusqu’au déclin de Patrice Laliberté sur les dérives de la pratique survivaliste. The Hunt, quant à lui, même s’il ménage la chèvre et le chou, montre bien l’horreur sous-jacente dans ce déferlement constant d’images plus ou moins trafiquées.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Craig Zobel

Genre(s)
Satire politico-social

Origine(s)
États-Unis

Année : 2019 – Durée : 1 h 30 min
Langue(s)
V.o. : anglais & Version française

La chasse

Dist. @
Universal Pictures

Classement
Interdit aux moins de 13 ans
[ Langage vulgaire / Violence ]

En salle(s) @
Cineplex

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

1 713 714 715 716 717 789