Potus
@ Centre Segal

 

CRITIQUE
[ Scène ]

Élie Castiel

★★★ ½

7 fois

« femme »

Dernière pièce de la saison 2023-2024 au Segal, théâtre anglophone assez particulier de la métropole qui a l’habitude d’oser le tout pour le tout, et dans ce cas, où politique, salaceries verbales, tracasseries bureaucratiques et enjeux géopolitiques se soumettent aux codes d’une mise en scène gérée intentionnellement par le 360º pour chaque changement de scène, révélant par là-même ses possibilités; d’une certaine façon, une stratégie efficace dont l’économie et la fonctionnalité produisent, il faut le souligner, les effets voulus : le rire éclatant devant les situations aussi cocasses que sérieuses et ces « four-letter-words » – gros mots en français – qui sortent de la pensée et de la bouche des participantes (elles sont sept), à chaque phrase exprimée. C’est vulgaire, ou plutôt presque nécessaire, et c’est voulu.

Le verbe, issu de la plume de Selina Fillinger, jeune dramaturge américaine qui connaît bien son pays et forcément sa politique ambiante, quel que soit le parti au pouvoir, est une question de langage de la quotidienneté derrière les portes closes.

Les commentaires débutent dès les premières heures de la journée.
Crédit : Emelia Hellman

De la part de Lisa Rubin, metteuse en scène, une question de rythme. Rien ne lui vient à l’idée d’arrêter cette course folle vers un dénouement aussi inattendu que drôlement bordélique. Et pourtant, c’est dramatique, dépasse les fins fonds de la proposition initiale, se dirige dans toutes les directions et finit par soulever le délire de l’assistance.

Mais il faut, faut-il aussi le souligner, tenter de saisir les nuances, ce que nos amis anglophone appellent, délibérément en franglais, les « double-entendres », ces expressions qui ont des doubles significations. Encore une fois, stratégie quasi militaire.

Et la finale, cocasse et drôlement aboutie, à vous de la découvrir, sourires et… C’est straight, gay, ambigu, autre… les lois de l’identitaire n’ont plus d’importance. Bienvenu au nouveau 21e.

Pour que le tout soit efficace, un besoin vital de casting, ici magnifiquement contrôlé par une Rachelle Glait, véritable « Casting Director extraordinaire », qui s’est entourée de sept comédiennes formidables, toutes menées par un enthousiasme hallucinant. Prises de bec, quelques moments d’amitiés, que dire dans des situations rocambolesques. Tout une panoplie d’évènements et de circonstances qui dépassent notre entendement. Elles sont toutes magnifiquement sous contrôle, leur propre contrôle, même lorsqu’elles le perdent.

Excellents costumes de la part de Louise Bourret, comme toujours, bien précise sur les différentes périodes où se passe l’action

Quant au Président des États-Unis d’Amérique, le pays le plus influent du monde, qu’en est-il dans cette farce où les débordements de toutes sortes peuvent passer inaperçus, sauf que les portes et les murs peuvent avoir souvent des yeux et des oreilles. Et la finale, cocasse et drôlement aboutie, à vous de la découvrir, sourires et… C’est straight, gay, ambigu, autre… les lois de l’identitaire n’ont plus d’importance. Bienvenu au nouveau 21e.

 

Potus
or Behind Every Great
Dumbass Are Seven Women
Trying to Keep Him Alive
de Selina Fillinger

 

FICHE ARTISTIQUE
Mise en scène
Lisa Rubin

Assistance à la mise en scène
Alyssa Angelucci-Wall

Directrice du casting
Rachelle Glait

Distribution
Kayleigh Choinière, Rachael Crawford

Catherine Fitch, Elvira Kurt, Cherissa Richards
Astrid van Wieren, Jennifer Villaverde

Éclairages
Sonoyo Nishikawa

Costumes
Louise Bourret

Décors
Ed Sharp

Musique
Christian Thomas

Durée
2 h
[ Incluant entracte ]

Public
Déconseillé aux moins de 16 ans

Diffusion & Billets @
Segal Centre
Jusqu’au 2 juin 2024

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]