Prayer for the French Republic.
@ Centre Segal

CRITIQUE.
[ Scène ]

★★★★

L’antisémitisme

n’est pas

un humanisme

texte
Élie Castiel

D’où vient ce fléau mondial qui se perd dans la nuit des temps, depuis que le monde est monde et qui, de nos jours, se répand avec véhémence, même dans notre beau pays, tous territoires confondus?

Pour endiguer le problème, des livres sur la question, des discours, des débats, des recours en justice. Tout type de revendications qui ne servent pas à grand-chose. Et des pièces de théâtre comme celle du jeune Joshua Harmon. À travers la saga d’une famille juive française qui débute lors des évènement tragiques de la Seconde Guerre mondiale et s’étalant jusqu’à nos jours, le récit doux-amer d’une famille où avec le temps, Séfarades et Ashkénazes vivent dans une certaine harmonie, y compris les petits duels familiaux propres à toutes les lignées qui se respectent.

Trois parties où les remous de l’Histoire, avec un grand H, se mêlent aux détours du destin, à la tragédie, à la survie, mais plus que tout au questionnement de sa propre judaïcité – Comment être Juif aujourd’hui? Comment l’afficher sans déclencher des situations néfastes, comme le drapeau israélien brûlé dans une école juive de DDO et dont, à ma connaissance, la majorité des médias n’ont pas parlé. N’eût été un autre groupe, les choses se seraient passées autrement. Mais bon!

Conseil de famille.
Crédit : @ Leslie Chachter

La pièce aborde des questions de fond, comme la situation au Moyen-Orient, ce conflit qui s’envenime de jour en jour et où les deux partis n’arrivent pas à se réconcilier. D’une part, la colonisation perpétuelle du nouveau gouvernement israélien d’extrême-droite qui n’annonce rien de positif – surtout lorsqu’on connaît les vrais motifs d’un certain « Bibi », qui ne mérite surtout pas ce substantif généralement accordé aux charmants enfants; de l’autre, les Palestiniens qui, sous la houlette de certaines forces extrémistes que nous ne nommerons pas, résistent à la tentation d’un accord. Deux peuples sémites, cousins par certaines de leurs traditions, mais qui voient en un accord possible comme une sorte déni de soi, de victimisation de part et d’autre.

La mise en scène de Lisa Rubin, dynamique, svelte, joignant le drame à l’humour, parfois corrosive lorsqu’il s’agit de dire certains « mots » qu’on ne dit pas (provoquant une certaine gêne parmi les spectateurs), mais toujours éprise de ses personnages, toutes et tous d’une qualité de jeu exceptionnelle.

Par contre, lorsqu’au dernier acte, le grand Maurice Podbrey apparaît sur scène, c’est l’Histoire du Théâtre canadien qui se manifeste. Un de ses monuments projette les paroles avec un sensationnel tour de force. C’est un moment de pure émotion.

La survie par la tradition.
Crédit : @ Leslie Schachter

Si dans la première partie, Harmon mélange les pistes, voulant s’en aller dans toutes les directions, ne sachant à quel saint se vouer, les deux autres épisodes suivent une ligne directrice qui, comme on s’y attend, ou non, selon le cas, conduisent les personnages vers une sorte de réconciliation avec eux-mêmes.

Nulle réponse à la fin puisque l’Histoire se répète et continuera. Même si on peut comprendre que le litige judéo-arabe peut, à la rigueur, envenimer le sentiment antisémite, il peut également devenir un alibi totalement gratuit pour exprimer ce sentiment. Une chose est certaine : dans un sens, le Juif restera l’éternel « Juif errant ». Une injustice dans ce bas-monde.

Cette famille juive de France, pays au lourd passé antisémite, du moins dans une proportion de la population – sans compter l’apport de certains nouveaux immigrants avec comme alibi, le conflit israélo-palestinien, décidera de s’installer ailleurs.

Nulle réponse à la fin puisque l’Histoire se répète et continuera. Même si on peut comprendre que le litige judéo-arabe peut, à la rigueur, envenimer le sentiment antisémite, il peut également devenir un alibi totalement gratuit pour exprimer ce sentiment. Une chose est certaine : dans un sens, le Juif restera l’éternel « Juif errant ». Une injustice dans ce bas-monde.

ÉQUIPE PARTIELLE DE CRÉATION
Texte
Joshua Harmon

Mise en scène
Lisa Rubin

Assistance à la mise en scène
Gabriela Saltiel

Interprètes
Ellen David, Eyal Galli
Madison Graves, Daniel Greenberg
Richard Jutras, Michael ‘Misha’ Kreyzerman
Wade Lynch, Alex Poch-Goldin
Maurice Prodbrey, Arielle Shiri
Felicia Shulman

Décor
Brian Dudkiewics
Costumes
Louise Bourret
Lumières
Claude Accolas
Musique & Son
Nick Burgess

Surtitres
Charlie Morin

Durée
2 h 50 min
[ Incluant 2 entractes ]

Diffusion & Billets @
Segal Centre
(Salle 1)
Jusqu’au 14 mai 2023

Auditoire (suggéré)
14 ans +
[ Déconseillé aux jeunes enfants ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon.★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]