Présence autochtone 2023

A Boy Called Piano

| Festival |

texte
Luc Chaput

 

Nouvelles

de

notre

monde

changeant

À une commission d’enquête néo-zélandaise sur leurs services à l’enfance, un écrivain témoigne. Son discours évoquant son enfance compliquée est teinté d’humour malgré tout.  Il est Fa’amoana John Luafutu, auteur d’origine samoane et dont les écrits ont servi de fondement au moyen métrage au titre étonnant A Boy Called Piano. La cinéaste Nina Nawalowalo alterne avec grâce les portions documentaires et les épisodes de recréation dans lesquels le fils et le petit-fils de Fa’amoana l’incarnent avec aplomb à divers moments. Voilà un des films majeurs de ce festival qui, au fil des ans, a pris sa place nécessaire dans le concert des voix diverses qui forment notre communauté.

Dans un village de l’état de Chiapas au Mexique, une femme vaque à sa cuisine et elle est filmée par une caméra qui bouge. L’endroit est à d’autres moments enfumé et occasionne dans un autre lieu idoine, des réactions plus vocales des femmes à propos des hommes restés à l’extérieur. Le cinéaste tzotzil Xun Sero nous livre, par petites touches, dans Mamá (Maman) un portrait complexe de sa mère Hilda, de sa parentèle et de la place que celle-ci a réussi à prendre à force de courage dans cette société encore très machiste.

Demon Mineral

Un pont au-dessus de l’océan

En 1827, un petit groupe d’Ossages, partis du centre-sud des États-Unis, arrive en France où ils sont reçus par la haute société, suscitant au moins l’étonnement. Trois d’entre eux se retrouvent plus tard à Montauban où ils sont accueillis et aidés de diverses manières. De ce fait longtemps oublié dans les méandres officiels de l’Histoire, le cinéaste occitan Francis Fourcou, dans Un pont au-dessus de l’océan, le remet en lumière et en redonne une version actuelle de contacts entre les peuples dont les langues et les cultures ont été dénigrées. C’est par les voyages simultanés de deux poétesses, une Occitane en Oklahoma et une Osage en Occitanie que le film déroule son petit bonhomme de chemin. Il accumule, par les rencontres et les visites de lieux significatifs, un rappel de deux Pistes des larmes se passant à des époques bien différentes.

La réappropriation de ces langues et écritures donne des effets tangibles sur la signalisation dans au moins un comté d’Oklahoma. Des patronymes francophones chez certains Amérindiens, dont le professeur Herman Montgrain Lookout, montrent bien également l’ancienneté des liens avec les explorateurs de la Louisiane. Le cinéaste rappelle par l’entremise de l’ancien Archie Mason, les événements qui ont servi d’arrière-plan à Killers of the Flower Moon de Martin Scorsese, dont on attend la sortie prochaine.

Mamá

Des vues de Monument Valley ou Tsé Biiʼ Ndzisgaii, lieu de tant de westerns fameux de John Ford entre autres, servent de rappel de la beauté de l’endroit. Une autre section de  cette réserve Navajo a aussi servi de lieu d’extraction de l’uranium. Le réalisateur Hadley Austin, avec l’apport  d’universitaires de la communauté, met en relief dans ce Demon Mineral au titre frappant, les effets dévastateurs pour l’environnement et les humains  de la réserve de cette opération économique mal calibrée dans ses effets.

Un concours de circonstances a retardé l’écriture de cet article. Nous reviendrons lors de leurs sorties probables sur d’autres films qui participent tous ainsi différemment à donner des nouvelles de notre monde changeant.