Red Sky Performance
CRITIQUE – DANSE
| Élie Castiel – ★★★½ |
Backbone
L’ÉPINE DORSALE DU MONDE
Première présence à Danse Danse après une tournée constituée de 22 représentations en Europe. Pour le diffuseur montréalais de danse moderne, une opportunité de concilier message politique et renouveau chorégraphique. Et pour le groupe Red Sky Performance, l’occasion de renouer avec une culture ancestrale par le biais de la modernité.
Avant la pièce de résistance que constitue Backbone (Épine dorsale) le court sujet Migiis, un pas d’ensemble endiablé tant par les gestes et mouvements que par la musique où sonorités de la tradition autochtone se plient aux tonalités modernes. Ce n’est pas du folklore, mais une façon comme une autre pour ce groupe chorégraphique fondé en 2000 de se situer dans son époque.
L’autochtone a désormais droit de cité; si dans le reste du Canada, il peut s’imposer comme faisant partie de la scène culturelle du pays, ici, au Québec, il s’emploie de plus en plus à atteindre les sommets forts mérités dans une ambiance encore réfractaire à l’autre, même si des ponts fructueux sont bâtis rapidement depuis des années.
Avec Backbone, Sandra Laronde ouvre les horizons de la culture globale aux peuples autochtones. Aujourd’hui, impossible de rebrousser chemin à moins d’être ouvertement de mauvaise foi. Le Canada et le Québec doivent se plier à ce nouvel ordre culturel. Et en cette année de post-Kanata, le message est plus que clair. Il est à la fois édifiant et particulièrement formateur. Et tant mieux!
Backbone ou, encore une fois, l’épine dorsale du corps humain, mais aussi d’une Amérique du Nord qui se dirige vers le Sud, symboliquement, jusqu’à définir les limites, les frontières d’un territoire géographique qui devraient disparaître. Sandra Laronde, la conceptrice du spectacle, nous l’explique avant le spectacle, comme dans un cours d’histoire autochtone, comme si cela nous avait échappé depuis toujours, car en fait, c’est bien le cas.
Apprendre en écoutant, apprendre en regardant de près ces danseuses et danseurs qui se donnent corps et âme pour épouser les êtres et les formes qu’ils représentent. Une relation entre l’individu et la terre, entre le mouvement et l’espace. Mais la danse est une forme d’expression où le message proposé n’est pas si simple à déchiffrer. Peu importe, puisque les moyens entrepris pour essayer de faire passer la proposition sont nombreux, parfois équivoques. Et il y a la musique, tant et si bien que nous sommes emportés par cet accouplement visuel et sonore qui dépasse la réalité et s’avoue d’une sensualité exemplaire. Corps superbes, mouvements épousant les formes de l’accouplement.
Avec Backbone, Sandra Laronde ouvre les horizons de la culture globale aux peuples autochtones. Aujourd’hui, impossible de rebrousser chemin à moins d’être ouvertement de mauvaise foi. Le Canada et le Québec doivent se plier à ce nouvel ordre culturel. Et en cette année de post-Kanata, le message est plus que clair. Il est à la fois édifiant et particulièrement formateur. Et tant mieux!
FICHE TECHNIQUE
Concept / Direction artistique: Sandra Laronde
Chorégraphie: Jera Wolfe, Sandra Laronde, Ageer
Musique: Rick Sacks
Throat-boxing: Nelson Tagoona
Costumes: Jeff Chief
Vidéo: Andy Moro
Éclairages: Steve Lucas
Interprètes: Ageer, Eddie Elliott, Lonii Garnons-Williams, Samantha Halas, Lindsay Harpham, Philippe Larouche, Julie Pham, Jera Wolfe
Diffusion: Danse Danse
Durée: 1 h 15, [ Sans entracte ]
Représentations: Jusqu’au 23 mars / 20 h, Cinquième salle, [ Place des Arts ]