Red Sky Performance

 

CRITIQUE
[ Danse. ]

★★★ ½

texte
Élie Castiel

Miigis : La panthère d’eau

 

Souffles intermittents

 

Quelle que soit la rangée où l’on est assis au Studio-Théâtre du Wilder, la proximité avec les quatre danseuses et deux danseuses procure une sensation de connivence non avouée, comme si ce récit autochtone, véritable voyage de mouvements et de sons, remettait en question notre vision des choses.

Une embarcation qui ressemble tout d’abord à une tente, mais qui en fait, se trouve à l’envers, comme échouée sur la rive après une tempête en mer. À l’intérieur, les performants se sentent en sécurité, mais toujours pris par cette étrange envie d’en sortir pour exprimer les diverses péripéties du cycle de la mémoire.

Crédit : Vaughn Ridley

Pour les Autochtones, malgré le parcours forcé à une forme de civilisation à l’occidentale issue des peuples européens, le désir inextricable de conserver ne serait-ce que quelques parcelles d’un mode de vie renversée, désavoué, pris dans les pièges de la colonisation.

Les musicien.nes y sont pour quelque chose. Deux hommes et une femme aux instruments, une voix de femme, celle de Marie Gaudet, aux tonalités gutturales envoûtantes, des morceaux de pure enivrement qui procurent aux danseurs leur raison d’être. Parfait accord entre la proposition et son résultat.

Si le programme de la soirée nous indique de quoi il s’agit, impossible pour le commun des mortels de reconnaître dans les mouvements les intentions louables des créateurs; en fait, de la créatrice, Sandra Laronde, totalement vouée à son art. Les mouvements des danseurs sont loin de notre quotidien. Mais on y adhère comme pris dans l’engrenage de la vision artistique.

[ … ] dans les lumières expressives de Matt Eckensweiler, quelque chose qui, du coup, participe de ce récit en plusieurs dimensions apte à non seulement rendre aux souffles et aux sonorités des expressions nettes et précises, mais bien plus, rendre compte d’un discours essentiel, sociopolitique, sur les appartenances.

La chorégraphie, intentionnellement et totalement défolklorisée, s’initie aux codes de la danse contemporaine, métaphorique, du domaine de la fable parfois, quelque chose d’intime qui n’ose pas se révéler trop ouvertement, de peur de briser l’inconnu.

Puis, pendant quelques minutes, des prises de liberté avec une musique classique aux formes populaires qui brisent avec le reste. C’est charmant, ludique, une petite pause pour contrecarrer le trop sérieux du projet.

Les corps sont sculpturaux, autant chez les filles que chez les garçons. Les costumes de Lesley Hampton procurent élégance, sensualité et bon goût. La vidéo projetée en arrière-scène, sur des dessins ou autres, mélange à bon escient illustrations de croquis naïfs et forces de la nature bien senties.

Et dans les lumières expressives de Matt Eckensweiler, quelque chose qui, du coup, participe de ce récit en plusieurs dimensions apte à non seulement rendre aux souffles et aux sonorités des expressions nettes et précises, mais bien plus, rendre compte d’un discours essentiel, sociopolitique, sur les appartenances.

FICHE ARTISTIQUE PARTIELLE
Concept, chorégraphie et direction artistique
Sondra Laronde

Avec la collaboration des interprètes

Interprètes
Eddie Elliott, Kristin DeAmarim
Mia Sakamoto, Jason Martin
Doniela Carmona, Moira Humana-Blaise

Scénographie
Julia Tribe
Costumes
Lesley Hampton
Lumières
Matt Eckensweiler
Graphisme / Animation
& Vidéo

Febby Tan

Durée
55 minutes

[ Sans entracte ]

Diffusion & Billets @
Danse Danse

Edifice Wilder
[ Studio-Théâtre ]
Jusqu’au 18 février 2023

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon.★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]