Rien à perdre
PRIMEUR
Sortie
Vendredi 12 janvier 2024
Sylvie vit à Brest avec ses deux enfants, Sofiane et Jean-Jacques. Une nuit, Sofiane se blesse alors qu’il est seul dans l’appartement. Les services sociaux sont alertés et placent l’enfant en foyer, le temps de mener une enquête. Sauf que Sylvie…
CRITIQUE
Élie Castiel
★★★
Mère
courage
Premier long de fiction pour Delphine Deloget, venu du documentaire, d’où la résonance sociale de cette belle proposition. Presque finies ces histoires d’affection à n’en plus finir d’un certain cinéma hexagonal d’une autre époque, où seuls dominaient les jeux de l’amour et du hasard et des dialogues du tendre interminables.
Aujourd’hui, grâce notamment aux Dardenne et à d’autres du même acabit, le cinéma français s’affranchit de ces propositions terre-à-terre, comme celles aussi fabriquées par des Loach ou Leigh, ceux venus de cette chère Albion.
Sylvie bosse la nuit, est mère célibataire de deux garçons. Le plus jeune a eu un accident. Seul, il a eu envie de frites, son mets préféré. La suite, on connaît. Sauf que le Service de protection de la jeunesse ou quelque chose comme ça se mêle. Sylvie ne serait plus apte à s’occuper de ses enfants, notamment du tout dernier.
Deloget, toute consciente des codes de la fiction, mais surtout des enjeux autour du sujet abordé, évite de trop charger le récit, ayant recours à des ellipses, assez bien structurés pour qu’on puisse comprendre aisément ce qui se cache derrière chaque nouvel épisode.
D’autant plus que ce qui se passe dans la vie de Sylvie (excellente Virginie Efira) – mère courage monoparentale sans prétention, battante pour ses droits, un certain sang froid même si parfois des poussées de colère intempestive face à ce qu’elle croit être de l’ingérence dans sa vie de la part des institutions – pousseront certains spectatrices à se regarder dans un miroir tant cette vérité leur est si proche.
Plutôt que le réalisme documentaire, Deloget opte pour une réalité cinématographique, situant la « fiction » dans le lieu des possibles.
Rien à perdre, titre d’autant plus combatif, puisque cette anti-héroïne de l’exclusion sociale n’a plus rien à cirer devant le combat qu’elle doit entreprendre. C’est un film à thèse, et rien à dire à ce sujet. Une certaine critique vouée à un cinéma de l’expérimentation ne s’étonne guère de ce genre de proposition. Mais peu importe, Deloget assume, rompt avec un certain système du cinéma d’auteur, ou du mieux, le mute vers une autre direction, ou essaie.
Maltraitance ou défaillance face à l’enfance délaissée? Les systèmes mis en place sont-ils à la hauteur des attentes des principales personnes impliquées?
Et puis, la présence un peu éphémère d’un Arieh Worthalter (superlatif dans Le procès Goldman, de Cédric Kahn) et du rarissime Mathieu Demy (méconnaissable) dans une interprétation sentie.
Plutôt que le réalisme documentaire, Deloget opte pour une réalité cinématographique, situant la « fiction » dans le lieu des possibles.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Delphine Deloget
Scénario
Delphine Deloget. Avec la collaboration de
Camille Fontaine et Olivier Demangel
Direction photo
Guillaume Schiffman
Montage
Béatrice Herminie
Musique
Nicolas Giraud
Genre(s)
Drame psychologique
Origine(s)
France / Belgique
Année : 2023 – Durée : 1 h 52 min
Langue(s)
V.o. : français
Rien à perdre
Dist. [ Contact ] @
Enchanté Films
[ FilmsWeLike
Diffusion @
Cinéma Beaubien
Cineplex
Classement
Visa GÉNÉRAL
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]