Seven Veils
P R I M E U R
Sortie
Vendredi 7 mars 2025
Jeanine, directrice de théâtre, se voit confier la tâche de remonter l’œuvre la plus célèbre de son ancien mentor, l’opéra Salomé. De sitôt, les traumatismes refoulés de la jeune femme ressurgissent.
CRITIQUE
Élie Castiel
★★★
Et pourtant
… malgré un accueil plutôt mitigé, le tout récent film du prolifique Atom Egoyan, qui date tout de même de 2023, n’en demeure pas moins, malgré ses (nombreuses) hésitations et une mise en scène hâtive par moments, un cas à part, une pause nécessaire, un règlement avec soi, comme si le metteur en scène canadien semblait, en quelques tours de manège sans arrière-pensées, revenir sur sa carrière avant de poursuivre avec des œuvres plus accomplies.
Et pourtant, ça faisait longtemps qu’il ne nous avait pas vraiment choyé. Sa production de Salomé à la Canadian Opera Compagny sert de toile de fond à un film qui oscille entre le drame existentielle (psychologique) d’une jeune metteuse en scène (et surtout pas alter ego du cinéaste) d’opéra qui, dans le processus de création, réfléchit sur un passé traumatisant qui l’empêche de résister aux aspects émotionnels de l’œuvre en question. Une prémisse dont le syllogisme n’aboutit pas à une conclusion, à quelque chose qui pourrait conduire à quelque chose de rationnel.
Egoyan, qui semble apprécier les tours de cache-cache s’en défend en proposant une mise en scène où les séquences d’opéra priment avant tout (une autre façon aussi de nous rappeler sa propre mise en scène à la COC de Toronto). C’est Salomé qui demande au roi Hérode, tout simplement la tête de Jean-Baptiste (en fait, Yohanan en hébreu) pour pouvoir finalement lui donner un baiser.

Lorsque l’art de création dépasse les frontières de soi-même.
Et du coup, Jeannine, la créatrice de la production, entame une mise en abyme entre son lourd passé et cet aspect de l’opéra. Une charge d’émotion qui se transmet de scène en scène et procure chez les personnages en question, notamment ceux proches dans la vie de Jeannine (compétente Amanda Seyfried dans un rôle quasi atypique) une sorte d’incompréhension face aux velléités existentielles de la jeune femme. Et en plus, cette version de Salomé est celle de son ancien professeur de théâtre avec qui elle avait entretenu une relation amoureuse. Un indice important.
[ … ] malgré [quelques] failles, Seven Veils n’en demeure pas moins le film d’un metteur en scène qui croit fermement au pouvoir des images. Egoyan le prouve particulièrement dans la mise en scène des séquences sublimes d’opéra qui viennent soutenir la fiction de façon métaphorique.
Toutes ces variations entre l’art de création et la vie ne semblent pas bien gérées par le cinéaste qui, on le sent, croit néanmoins fermement en sa proposition. L’inceste surtout, thème déjà exploré il y a longtemps dans Exotica de façon plus directe, est ici sous la houlette de l’indicible, rendant le côté narratif nébuleux.
Mais malgré ces failles, Seven Veils n’en demeure pas moins le film d’un metteur en scène qui croit fermement au pouvoir des images. Egoyan le prouve particulièrement dans la mise en scène des séquences sublimes d’opéra qui viennent soutenir la fiction de façon métaphorique.
Tout bonnement, à prendre ou à laisser.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Atom Egoyan
Scénario : Atom Egoyan | Direction photo : Paul Sarossy | Montage : David Wharnsby | Musique : Mychael Danna.
Genre(s)
Drame psychologique
Origine(s)
Canada / États-Unis
Année : 2023 – Durée : 1 h 49 min
Langue(s)
V.o. : anglais; s.-t.f.
Sept voiles
Dist. [ Contact ] @
Entract Films
[ Elevation Pictures ]
Diffusion @
Cineplex
Classement
Visa GÉNÉRAL
[ Déconseillé aux jeunes enfants ]
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]