Strange Darling

P R I M E U R
Sortie
Vendredi 23 août 2024

RÉSUMÉ SUCCINCT
Une journée dans la vie amoureuse d’un tueur en série.

 

CRITIQUE
Élie Castiel

★★★

VIOLENCE

… Mode

d’emploi

Diviser le film en six chapitres, cinq + l’épilogue n’est pas en soi une nouvelle idée, mais les présenter pêle-mêle relève d’une idée singulière non pas capricieuse, mais dans ce cas, pour volontairement déconstruire habilement le regard du spectateur, notion complice entre l’écran et les « voyeurs que nous sommes ». On a longtemps parlé du corps à l’écran au cours des quelques dernières décennies. On continue d’ailleurs, mais le regard, lui, dans un esprit d’étude de la spectature, continue son chemin dans la critique établie et dite sérieuse.

On sent que JT Mollner (le site IMDB vous dira ce qu’il a réalisé auparavant) signe sans doute son opera prima en ce qui a trait essentiellement à la mise en scène : totale déconstruction, mutation vers d’autres possibilités de raconter le récit, défiant cette tendance à éviter le déroulement continu, le traditionnel auquel nous sommes habitués.

Deux comédiens se profilent dans cette histoire compliquée où il est difficile de prédire qui est qui. Vrais ou faux coupables ? Le tout montré avec un humour glacial qui donne froid dans le dos, tant, du moins avant la dernière partie, d’une violence affolante, gèle nos sens, traverse notre esprit, y laissant des interrogations douteuses. Les comédiens, Willa Fitzgerald et Kyle Gallner, sont sublimement atteints d’efficacité et filmés par l’acteur Giovanni Ribisi (que nous avons toujours apprécié, mais qu’on ne voit que rarement aujourd’hui) faisant gesticuler sa caméra, érotisant les corps sans qu’ils soient tout à fait nus. Elle garde ses sous-vêtements, lui son jean beige-flic.

Deux regards interrogateurs.

Le contact est ce qui compte le plus, provoquant encore notre regard indiscret. Le film oscille allègrement entre les enjeux de l’enquête (bousillée) sur un tueur en série et la rencontre érotico-perverse entre un homme et une femme, tous deux consentants dans cet étrange jeu entre le chat et la souris, mais où il est permis de se poser la question de savoir si les rôles sont inversés.

Une mise en scène adroitement contestable, mais on ne peut nier sa valeur formelle, son étrangeté, sa farouche énergie et notamment son urgence à remettre en question ces anciens codes cinématographiques, selon le regard du réalisateur, éculés et archi-utilisés.

On peut ne pas aimer la violence excessive à l’écran, mais force est de constater que notre répulsion est récompensée par une mise en scène d’une originalité incomparable.

Revenir sur les deux principaux acteurs de ce drame psychopathologique, c’est bel et bien reconduire notre regard sur le jeu d’interprétation. Deux âmes en ébullition, elle plus que lui, essayant de se rapprocher dans un puzzle de sexualité perverse, décomplexée, romantisant ou malmenant le corps et l’esprit, deux forces opposées, mais ensemble abritant les cryptogrammes invisibles et fantasmés de notre pensée.

Fitzgerald et Gallner sont aussi attirants que pernicieux dans leur jeu, nous laissant constamment sur ce qui-vive sourd et muet qui n’ose jamais se révéler ouvertement.

On peut ne pas aimer la violence excessive à l’écran, mais force est de constater que notre répulsion est récompensée par une mise en scène d’une originalité incomparable.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
JT Molner

Scénario : JT Molner
Direction photo : Giovanni Ribisi
Montage : Christopher Robin Bell
Musique : Craig DeLeon

Genre(s)
Suspense psychopathologique

Origine(s)
États-Unis
Année : 2023 – Durée : 1 h 31 min
Langue(s)
V.o. : anglais
Strange Darling

JT Molner

Dist. [ Contact ] @
V V S Films
[ Miramax ]

Diffusion @
Cinéma du Parc
Cineplex

Classement
Interdit aux moins de 13 ans

[ Violence / Érotisme ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]