Sucré Seize

PRIMEUR
Sortie prévue
Vendredi 8 mars 2024

RÉSUMÉ SUCCINCT.
Quelques jeunes filles, 16 ans, se livrent à des monologues ou discussions autour de leur vécu, abordant des thèmes audacieux à cette branche d’âge.

CRITIQUE
Élie Castiel

★★★ ½

L’écume de l’âge

Quelques jeunes filles, 16 ans, réunies ou séparées selon les circonstances, une idée Suzie Bastien qui évoque peut-être le mythe du « Sweet Sixteen » que les latino-américains désignent par « quinceañera », autrement dit, atteindre les 15 ans et le début de la maturité. Pour la gente masculine, dans les deux cas, aucun équivalent… mais bon, là n’est pas la question.

Chacune son tour, elles parlent d’amitié, d’amour, de rêves, de limites, d’interdits (comme l’inceste ou autres désordres) ; de nos jours, c’est bien de leur âge, entre la fin de l’adolescence et le début de la maturité. Et par les temps qui courent, en accéléré, comme si elles avaient déjà tout découvert. C’est dû aux temps nouveaux.

Elles parlent souvent d’Internet, de réseaux sociaux, de sexe et de sexualité (ce n’est pas tout à fait la même chose), et sur l’attachement au masculin, à son esprit, son corps, des étapes nécessaires pour une relation durable. C’est ainsi depuis le début des relations affectives. L’une d’elles pense souvent à un certain Amir (peut-être que je me trompe dans le prénom). Ce n’est pas si grave. Elle en rêve. Et lui ?

Dans la nature, une innocence sans protection.

À l’origine, c’est la pièce de Suzie Bastien, ce beau moment théâtral que s’approprie Alexa-Jeanne Dubé, quelques courts, collaboration à la mise en scène de la mini-série Drabes (2016) et ce premier long métrage, à la limite du moyen, qui manifeste un soin apporté à l’approche subjective et une prédilection pour la forme, au détriment parfois de l’écrit, où les redondances abondent.
Dubé est tout à fait consciente de ses sujets, des choses qui les concernent. La caméra d’Emili (parfois Émilie) Mercier et le montage d’Emma Bertin participent de cet étrange jeu de correspondances entre les récits individuels et les collectifs. Elles sont toutes de la génération « elle/she – elle/her » et ne s’identifient pas à la nouvelle tendance multi-identitaire. C’est comme ça, un choix éditorial de la part de Dubé.

Alexa-Jeanne Dubé privilégie la délectation innocente du désir plutôt que l’érotisme. Elle est sage, affirme sa prédilection pour le bon goût et, mine de rien, conduit ce groupe de « chums de fille » attachant bien particulier vers des lendemains de tous les possibles.

Elles sont toutes fortes et vulnérables à la fois. Elles s’affirment l’une et l’autre pour suivre le cours de la mise en scène. Séparées, une plus grande affectation, un regard à la caméra où tricher est impossible ou ça se verrait trop.
Cette écume de l’âge, véritable ressac de l’évolution des étapes de la vie dans le cas de Sucré Seize, se manifeste par un lieu unique et privilégié, une nature neutre où le vert et le bruit des feuilles et la limpidité d’une quelconque rivière peut signifier un tas de choses. Comme respirer l’air frais ou nager dans l’abandon de son corps et de ses sens. Ou se maquille à outrance dans un jeu sensuel entre l’air qu’on respire et le corps qui se déploie.

Alexa-Jeanne Dubé privilégie la délectation innocente du désir plutôt que l’érotisme. Elle est sage, affirme sa prédilection pour le bon goût et, mine de rien, conduit ce groupe de « chums de fille » attachant bien particulier vers des lendemains de tous les possibles.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation

Alexa-Jeanne Dubé

Scénario : Suzie Bastien (idée originale) | Direction photo : Emili Mercier | Montage : Emma Bertin | Musique : Guillaume Bourque, Éric Shaw.

Alexa-Jeanne Dubé

Genre(s)
Essai
Origine(s)
Canada [Québec]
Année : 2023 – Durée : 1 h 06 min
Langue(s)
V.o. : français ; s.-t.a.

Sweet Sixteen

Dist. [ Contact ] @
h264
[ Théâtre de l’Opsis ]

Diffusion @
Cinéma Beaubien
Cinémathèque québécoise
[ Cinéma Moderne  / Cinéma Public ]

Classement
Visa GÉNÉRAL

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]