Swimming Out Till the Sea Turns Blue

PRIMEUR
Sortie
[ En ligne ]
Vendredi 8 janvier 2021

CRITIQUE.

texte
Luc Chaput

★★★

Un écrivain, attablé dans un petit restaurant après consultation d’un événement sportif sur son cellulaire, raconte que jeune, son père étant médecin dans une petite ville, il dormait par les chaudes nuits d’été dans la morgue attenante à son domicile.

Croquis littéraires du Shanxi

Jia Zangke, réalisateur chinois majeur de la 6^e génération, est connu de nombreux cinéphiles pour ses fictions / Xiao Wu, artisan pickpocket (Xiǎo wǔ) ou Ash Is Purest White (jiānghú érnǚ) et pour ses documentaires 24 City (Eshísì chéng). Lié à sa région du Shanxi, il y a fondé un festival littéraire où conférences, rencontres et autres activités se déroulent pendant quelques jours. Cela lui permet d’avoir un accès aisé à des auteurs de plusieurs époques qu’il filme simplement seul, en famille ou avec d’autres collègues. Le montage ajoute des panoramiques et des travellings par son directeur photo habituel Nelson Lik-wai Yu sur différents lieux de la province et de Beijing apportant une attention particulière aux visages des jeunes ou vieux glanés lors de ces pérégrinations.

La variété des lieux de tournage et la différence de tons entre les écrivains interviewés aide à attirer les spectateurs vers les propos quelquefois décousus de ces divers protagonistes. Les sous-titres n’apportent pas assez d’informations factuelles sur ces écrivains dont certains sont très connus. Il est d’ailleurs étonnant qu’aucun lien photographique ou ciné ne soit fait entre Yu Hua, auteur de l’anecdote du début et sa collaboration avec Zhang Yimou pour To Live (Huó zhe). Le travail supplémentaire de documentation devra donc être fait après le visionnement, ce qui en rebutera certains.

La variété des lieux de tournage et la différence de tons entre les écrivains interviewés aide à attirer les spectateurs vers les propos quelquefois décousus de ces divers protagonistes.

Les témoignages de Huifang Duan, la fille de Ma Feng, Jia Pingwa, Yu Hua et de Liang Hong rendent plus vivants les diverses étapes de la construction du communisme, de la révolution culturelle, de la fin de la Bande des Quatre et du retour à l’accès à la culture occidentale et de la libéralisation économique. Divers épisodes comme la répression de la place Tian’anmen en 1989 sont jetés hors sujet mais l’importance de la vie des campagnes et de l’évolution de ces micro-sociétés constitue un vecteur central de toute cette entreprise historico-littéraire rythmée par la poésie.

L’emploi de la musique occidentale de diverses tendances apparaît incongru au début puis soutient habilement le propos. Une rupture de ton se produit pourtant vers la fin lors d’une cérémonie de funérailles. Œuvre mineure de ce cinéaste, ce long métrage risque bientôt d’être cantonné dans les vidéothèques des départements collégiaux et universitaires d’études chinoises.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Jia Zhangke

Scénario
Jia Zhangke, Jiahuan Wan

Images
Nelson Lik-wai Yu

Genre(s)
Documentaire

Origine(s)
Chine

Année : 2020 – Durée : 1 h 52 min

Langue(s)
V.o. : mandarin / s.-t.a.
Yi zhi you dao hai shui bian lan

Dist. @
MK2 Films
Films We Like

Classement
[ Tous publics ]

Diffusion @
Cinéma Moderne

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]