Maurice

P R I M E U R
Sortie
Vendredi 7 mars 2025

RÉSUMÉ SUCCINCT
Portrait intime du célèbre hockeyeur.

 

CRITIQUE
Luc Chaput

★★★ ½

De l’étoffe

des héros

Lors d’un séjour dans un camp de vacances, un garçon pose une question à propos du hockey à Maurice Richard. Celui-ci le corrige gentiment en lui répondant.

Cette anecdote parmi tant d’autres montre le caractère à la fois humble et décidé de cet homme alors père de famille nombreuse et issu d’un milieu similaire à celui de son jeune interlocuteur. Robert Tremblay avait d’ailleurs scénarisé auparavant On est loin du soleil, le grand film de Jacques Leduc sur une autre icône du Canada français, le Frère André. Robert agit comme réalisateur et preneur de son et Serge Giguère comme cameraman sur plusieurs projets. Les deux engrangent, à compter des années 80, des bouts de pellicule 16 mm sur divers moments de la vie de cet idole accessible. Le montage de Benjamin Duffield raconte, par de nombreuses archives cinématographiques, télévisuelles et musicales, la vie de cet athlète qui prit sa place tout d’abord dans le club montréalais des Canadiens puis dans l’élite mondiale du sport national.

Comme un mise en abyme de son prope talent.

Richard devient par sa fougue et son désir de vaincre un héros capital pour les Canadiens-Français comme l’a démontré par ailleurs Les yeux de Maurice Richard : Une histoire culturelle, l’ouvrage de Benoît Melançon. L’entrevue avec cet auteur aurait pu inclure une section sur le faible salaire de cet ouvrier spécialisé dans les passes, les lancers et les montées à l’emporte-pièce et les buts spectaculaires. Les rencontres avec Oscar Thiffault, sujet d’un autre célèbre portrait par Giguère, et avec Félix Leclerc, donnent lieu à des moments d’anthologie bien différents.

Ce long de l’auteur du moyen métrage 9 St-Augustin redonne également une voix d’outre-tombe à son complice Robert Tremblay dans cette nécessaire œuvre à quatre mains.

L’émeute du Forum de mars 1955 s’inscrit donc dans la trame d’une existence dans laquelle son épouse Lucille et son meilleur ami, le jésuite Paul Aquin, fondateur du ‘Bon Dieu en taxi’, constituent de formidables soutiens. Ce long de l’auteur du moyen métrage 9 St-Augustin redonne également une voix d’outre-tombe à son complice Robert Tremblay dans cette nécessaire œuvre à quatre mains.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Serge Giguère

Scénario : Serge Giguère, Francine Tougas | Direction photo : Serge Giguère, Katerine Guiguère | Montage : Benjamin Duffield | Musique : Bertrand Chénier.

Genre(s)
Documentaire
Origine(s)
Canada [Québec]
Année : 2025 – Durée : 1 h 30 min
Langue(s)
V.o. : français; s.-t.a.
Maurice

Serge Giguère

Dist. [ Contact ] @
h264
[ Les Productions du Rapide Blanc ]

Diffusion @
Cinéma Beaubien
Cineplex

Classement
Visa GÉNÉRAL

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

No Other Land

P R I M E U R
Sortie
Vendredi 7 mars 2025

RÉSUMÉ SUCCINCT
Chronique d’une éviction très musclée.

Le FILM
de la semaine

CRITIQUE
Luc Chaput

★★★★

Travail

de sape

Un jeune garçon regarde son père le filmant et captant les travaux et les jours dans un village de Cisjordanie.

Ce garçonnet est Basel Adra qui a, depuis plusieurs années, pris le relais et filme les relations de plus en plus complexes avec l’administration israélienne, spécialement son armée, car une zone d’entraînement militaire englobe Masafer Yatta. Nous sommes dans la région d’Hébron avec ses nombreuses colonies de peuplement. Adra, devenu entretemps diplômé en droit, se sert de sa mini-caméra ou de son téléphone cellulaire pour documenter souvent de près les actions de Tsahal. L’aide de son collègue Hamdan Ballal rajoute d’autres éléments historiques concluants.

L’arrivée du blogueur israélien Yuval Abraham, venu enquêter sur place, montre, au cours des années, l’amitié qui se construit entre les deux et les différences de traitement quotidien entre le citoyen de seconde zone qu’est Basel et le journaliste qui peut se promener beaucoup plus librement entre les diverses sections de son pays.

Se tenir quand même debout.

La cameraman Rachel Szor apporte, par son travail sur la profondeur de champ et la captation de séquences sur la vie autour de la mini station-service du père de Basel, une autre tonalité à cette existence qui pourrait être paisible. L’accumulation d’archives filmées courageusement souligne bien les destructions répétées de maisons, de poulaillers, d’une école et le travail sisyphéen de reconstruction accomplie par ces agriculteurs habitant dans ces hameaux sis sur ces collines.

Cette chronique, fruit d’une collaboration entre quatre défenseurs des droits humains de deux nationalités différentes, constitue donc un cri du cœur sur ce qui se passe au Moyen-Orient et également un rappel indispensable sur les effets d’un pouvoir peu contrôlé sur une population.

Comme le clame une vieille dame, c’est notre terre et nous n’en avons pas d’autre. La manière forte employée par les soldats et l’impunité des actions de certains colons, avalisée par certains communiqués officiels et qui est source de blessures et de détresse psychologique chez de nombreux villageois, y est moultes fois décriée. Cette chronique, fruit d’une collaboration entre quatre défenseurs des droits humains de deux nationalités différentes, constitue donc un cri du cœur sur ce qui se passe au Moyen-Orient et également un rappel indispensable sur les effets d’un pouvoir peu contrôlé sur une population.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Yuval Abraham
Basel Adra
Hamdan Ballal, Rachel Szor

Scénario : Yuval Abraham, Basel Adra, Hamsan Ballal, Rachel Szor | Direction photo : Rachel Szor | Montage : Yuval Abraham, Basel Adra, Hamsan Ballal, Rachel Szor | Musique : Julius Pollux Rothlaender.

Genre(s)
Documentaire
Origine(s)
Norvège / Territoires palestiniens
Année : 2024 – Durée : 1 h 39 min
Langue(s)
V.o. : anglais, arabe, hébreu; s.-t.a. ou s.-t.f.
[ Aucune autre terre ]

Yuval Abraham (gauche) & Basel Adra

Dist. [ Contact ] @
Exempté
[ Cinetic Media ]

Diffusion @
Cineplex

Classement (suggéré)
Visa GÉNÉRAL
[ Déconseillé aux jeunes enfants ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Seven Veils

P R I M E U R
Sortie
Vendredi 7 mars 2025

RÉSUMÉ SUCCINCT
Jeanine, directrice de théâtre, se voit confier la tâche de remonter l’œuvre la plus célèbre de son ancien mentor, l’opéra Salomé. De sitôt, les traumatismes refoulés de la jeune femme ressurgissent.

 

CRITIQUE
Élie Castiel

★★★

Et pourtant

malgré un accueil plutôt mitigé, le tout récent film du prolifique Atom Egoyan, qui date tout de même de 2023, n’en demeure pas moins, malgré ses (nombreuses) hésitations et une mise en scène hâtive par moments, un cas à part, une pause nécessaire, un règlement avec soi, comme si le metteur en scène canadien semblait, en quelques tours de manège sans arrière-pensées, revenir sur sa carrière avant de poursuivre avec des œuvres plus accomplies.

Et pourtant, ça faisait longtemps qu’il ne nous avait pas vraiment choyé. Sa production de Salomé à la Canadian Opera Compagny sert de toile de fond à un film qui oscille entre le drame existentielle (psychologique) d’une jeune metteuse en scène (et surtout pas alter ego du cinéaste) d’opéra qui, dans le processus de création, réfléchit sur un passé traumatisant qui l’empêche de résister aux aspects émotionnels de l’œuvre en question. Une prémisse dont le syllogisme n’aboutit pas à une conclusion, à quelque chose qui pourrait conduire à quelque chose de rationnel.

Egoyan, qui semble apprécier les tours de cache-cache s’en défend en proposant une mise en scène où les séquences d’opéra priment avant tout (une autre façon aussi de nous rappeler sa propre mise en scène à la COC de Toronto). C’est Salomé qui demande au roi Hérode, tout simplement la tête de Jean-Baptiste (en fait, Yohanan en hébreu) pour pouvoir finalement lui donner un baiser.

Lorsque l’art de création dépasse les frontières de soi-même.

Et du coup, Jeannine, la créatrice de la production, entame une mise en abyme entre son lourd passé et cet aspect de l’opéra. Une charge d’émotion qui se transmet de scène en scène et procure chez les personnages en question, notamment ceux proches dans la vie de Jeannine (compétente Amanda Seyfried dans un rôle quasi atypique) une sorte d’incompréhension face aux velléités existentielles de la jeune femme. Et en plus, cette version de Salomé est celle de son ancien professeur de théâtre avec qui elle avait entretenu une relation amoureuse. Un indice important.

[ … ] malgré [quelques] failles, Seven Veils n’en demeure pas moins le film d’un metteur en scène qui croit fermement au pouvoir des images. Egoyan le prouve particulièrement dans la mise en scène des séquences sublimes d’opéra qui viennent soutenir la fiction de façon métaphorique.

Toutes ces variations entre l’art de création et la vie ne semblent pas bien gérées par le cinéaste qui, on le sent, croit néanmoins fermement en sa proposition. L’inceste surtout, thème déjà exploré il y a longtemps dans Exotica de façon plus directe, est ici sous la houlette de l’indicible, rendant le côté narratif nébuleux.

Mais malgré ces failles, Seven Veils n’en demeure pas moins le film d’un metteur en scène qui croit fermement au pouvoir des images. Egoyan le prouve particulièrement dans la mise en scène des séquences sublimes d’opéra qui viennent soutenir la fiction de façon métaphorique.

Tout bonnement, à prendre ou à laisser.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Atom Egoyan

Scénario : Atom Egoyan | Direction photo : Paul Sarossy | Montage : David Wharnsby | Musique : Mychael Danna.

Atom Egoyan

Genre(s)
Drame psychologique
Origine(s)
Canada / États-Unis
Année : 2023 – Durée : 1 h 49 min
Langue(s)
V.o. : anglais; s.-t.f.
Sept voiles

Dist. [ Contact ] @
Entract Films
[ Elevation Pictures ]

Diffusion @
Cineplex

Classement
Visa GÉNÉRAL
[ Déconseillé aux jeunes enfants ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

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