You Can Live Forever

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 31 mars 2023

SUCCINCTEMENT.
Début des années 90. Jaime, une adolescente, est envoyée par ses parents dans une communauté de Témoins de Jéhovah dans la ville de Saguenay au Québec. Là, elle établit très vite un lien inattendu avec Marike, la fille d’un Témoin éminent.

CRITIQUE

★★★

texte
Élie Castiel

 

Jaime, une adolescente, vient de perdre son père. Sa mère, bouleversée par cette situation, l’envoie au Saguenay chez sa tante et son oncle, tous deux Témoins de Jéhovah.

 

Signes

évidents

d’attirance

réciproque

Jaime, lors d’un service à l’Église, remarque Marike, une jeune de son âge, et c’est le début d’une histoire d’amour qui tarde cependant à se manifester. Le premier baiser n’aura lieu que presque une heure après le début du film.

Film lesbien, certes, signé par l’ex-critique de cinéma, le Montréalais Mark Slutsky, et Sarah Watts, également de Montréal. Si une chose est certaine, c’est la fusion entre les deux signataires en ce qui a trait à la construction du récit.

Un tant soit peu alambiqué, comme si retenus par le sujet, tout de même controversé – la possible éclosion d’une relation lesbienne dans le monde des Témoins de J. est une des propositions les moins probables – les coscénaristes et cinéastes jouaient le tout pour le tout.

Mark Slutsky et Sarah Watts doivent faire des pieds et des mains pour parvenir une certaine cohérence avec cette histoire, pourtant prenante. Apparemment, le récit tient d’une histoire personnelle de Watts. Aurait-elle gagné à signer la réalisation en solo?  Peut-être bien que oui.

Une connivence quasi exemplaire.

Hésitations, doutes, incertitudes, attraits, regards furtifs qui veulent tout dire. Culpabilité, remise en question de la foi. Justement, entre « la foi » et « l’amour » que choisir? Cette problématique, les deux cinéastes l’illustrent cependant avec un soin apporté à l’image, elle d’une beauté radieuse qui rend le paysage du Saguenay idyllique.

En fait, parle-t-on français dans cet endroit du Québec? À peine quelques mots par-ci, par-là, comme si les deux célèbres solitudes n’envisageaient aucune autre issue. Plus ça avance… plus c’est pareil. Oui, c’est vrai, c’est filmé dans la petite communauté anglophone de cet endroit paradisiaque.

Mais bon, on peut compter cependant sur la très belle présence et le jeu prenant et intense de June Laporte (Marike) et Anwen O’Driscoll (Jaime), s’ajustant au temps qu’il faut pour faire jaillir cet amour, comme on dit, « interdit », du moins dans le milieu où elles évoluent.

You Can Live Forever demeure absolument gay-friendly, fière d’afficher ses assises LGBTQ, mais au fond, à bien observer, possède suffisamment de non-dits pour parvenir à un discours quand même cohérent sur l’orientation sexuelle, la dépendance aux autres et les responsabilités que chacun de nous a envers soi.

Bizarrement, la tante de Jaime n’a pas l’air de trop désapprouver le choix affectif de sa nièce – vraiment, pour une Témoin de Jéhovah? Toujours est-il que le spectateur oscille entre les séquences bien maîtrisées et celles où le doute subsiste.

You Can Live Forever demeure absolument gay-friendly, fière d’afficher ses assises LGBTQ, mais au fond, à bien observer, possède suffisamment de non-dits pour parvenir à un discours quand même cohérent sur l’orientation sexuelle, la dépendance aux autres et les responsabilités que chacun de nous a envers soi. Un premier long métrage autant pour Watts que pour Slutsky qu’il faut savoir bien écouter, avec ouverture.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Sarah Watts
Mark Slutsky

Scénario
Sarah Watts
Mark Slutsky
Direction photo
Gail Ye

Montage
Amélie Labrèche
Musique
Cfcf

Sarah Watts et Mark Slutsky (photo du bas).
Une expérience qui mérite d’être portée à l’écran.

Genre
Drame

Origine
Canada
Année : 2022 – Durée : 1 h 37 min
Langue
V.o. : anglais; s.-t.f.

Tu peux vivre éternellement

Dist. [ Contact ] @
Métropole Films
[ Mongrel Media ]

Diffusion @
Cinéma du Parc

Classement
Visa GÉNÉRAL

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon.★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Insoutenables longues étreintes

CRITIQUE.
[ Scène ]

★★★★

texte
Élie Castiel

Bleu

nocturne

On se connaît ou on se rencontre. On baise ou à peu près. Ou complètement. Autant les femmes que les hommes décrivent leurs intimités. Si l’on se fie à la réaction ce soir de Première, ça parle aux spectatrices et aux spectateurs d’une salle remplie à craquer.

Avant le début, le présentateur évoque brièvement la guerre en Ukraine et précise que l’auteur de la pièce, le Russe Ivan Viripaev comptait, dans son pays, verser ses droits d’auteur à un fonds pour aider les Ukrainiens. Cause perdue, comme on le sait, avec ce que cela comprend comme conséquences.

À compter de ce moment, du moins pour l’auteur de ces lignes, on ne peut enlever sa pensée de la situation actuelle et tenter de trouver des parallèles avec la pièce.

Viripaev, proche de la cinquantaine, marginal, séjours fréquents en prison. Par intuition, une plume libre, dévergondée, parallèle, sans retenue, prête à provoquer, intentionnellement ou pas, le plus entêté des récalcitrants.

De New York à Berlin, quatre jeunes adultes, mûrs et vaccinés, sentent le besoin de se soumettre à une sorte d’auto-confession, particulièrement en ce qui a trait aux affaires du sexe : je le fais, je le fais pas, je jouis, je ne jouis pas, par en arrière ou pas, j’avale à peine ou presque pas et toutes sortes d’afféteries qui débanalise le quotidien.

Vers une fusion incontournable.
Crédit : Maxim Paré Fortin

Si d’une part, ces joutes érotiques peuvent finir par laisser (bien que certains spectateurs ce soir-là semblaient, constamment, avoir les oreilles bien tendues), on se rabat sur la magnifique mise en scène de Philippe Cyr, expert en la matière.

Une construction architecturale où domine le bleu, parfois agrémenté vicieusement de rouge. Dans le jeu, une pure chorégraphie des corps, des éloignements l’un et l’une des autres. Soudain, des rapprochements. On se raconte, on parle sur les autres. On devine les suites de ces histoires d’amour et de « simple cul », de « baise ». Qu’importe, la mise en scène se joint inlassablement à l’écriture de Viripaev.

Impulsion (comme le manifeste si bien le personnage tenu par Christine Beaulieu), intuition… C’est autour de ce constat que la pièce de Viripaev amoncelle les objets de son propos, comme il le fait pour les personnages dans une sorte d’apothéose finale qui les unit dans une sorte d’univers parallèle en devenir.

Toutes ces propositions, pour survivre, pour épater la galerie et s’épater soi-même. Bien entendu, comme on peut s’y attendre, d’un point de vue hétéronormatif; de nos jours, c’est important de le soulever.

Deux comédiennes sensationnelles, Christine Beaulieu et Joanie Guérin. L’espace scénique (une sorte de quadrilatère qui tourne parfois en rond) leur appartient et elles s’amusent à le déconstruire à leur guise.

Ne pas ignorer l’autre.
Crédit : Maxim Paré fortin

Il y a aussi Marc Beaupré et Simon Lacroix. Pour eux, ce polygone leur donne le droit d’exister. Ils infusent leur goût, comme tous les hommes, du sexe jouissif. Des moments de tendresse, existent-ils dans ces Insoutenables longues étreintes? Peut-être que oui, mais pas dans l’univers présent.

Déjà, le titre avertit le public des véritables intentions. Encore une fois, la mise en contexte de Cyr exploite merveilleusement bien les arcanes d’un récit qui n’en est pas un.

Impulsion (comme le manifeste si bien le personnage tenu par Christine Beaulieu), intuition… C’est autour de ce constat que la pièce de Viripaev amoncelle les objets de son propos, comme il le fait pour les personnages dans une sorte d’apothéose finale qui les unit dans une sorte d’univers parallèle en devenir.

Et pour l’auteur de ces lignes, il y a peut-être là des signes avant-coureurs d’un conflit armé qui cherche inépuisablement à retrouver ces territoires presque perdus d’une démocratie atteinte.

ÉQUIPE PARTIELLE DE CRÉATION
Texte
Ivan Viripaev

Traduction
Galin Stoev, Sacha Carlson
À partir de Nevynosimo dolgiye ob’’yatiya

Mise en scène
Philippe Cyr

Interprètes
Christine Beaulieu, Marc Beaupré

Joanie Guérin, Simon Lacroix

Lumières
Cédric Delorme-Bouchard
Décor
Odile Gamache
Costumes
Wendy Kim Pires
Musique
Vincent Legault

Durée
1 h 50 min

[ Sans entracte ]

Diffusion & Billets
@ Prospero

(Salle principale)
Jusqu’au 22 avril 2023

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon.★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Aladdin

CRITIQUE.
[ Scène ]

★★★★

texte
Élie Castiel

Broadway

Forever

Qu’importe, quoi qu’on en dise, qu’importe les réserves que nous voudrions émettre, « Broadway » restera « Broadway ». Chorégraphies, effets visuels, humour bon enfant. Nous sommes au royaume du rêve, de l’insouciance et du pur spectacle.

Marcus M. Martin (Génie).
Crédit : Deen Van Meer
(@ Disney)

Et lorsqu’il s’adresse également aux enfants, comme c’est le cas pour Aladdin, tiré du film éponyme d’animation, le plaisir est d’autant plus garanti. La mise en scène, autant celle dramatique que des combats, s’ajuste aux mouvements du cinéma, plus précisément aux images animées : mêmes rythme, cadence, mesure, un tempo qu’on décèle dès le début et qu’on observe jusqu’à la fin.Suite

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