En fanfare
P R I M E U R
Sortie
Vendredi 14 février 2025
Un artiste de musique classique rencontre un membre inconnu de sa famille.
CHOIX
de la semaine
CRITIQUE
Luc Chaput
★★★ ½
Boîtes
à
musiquesSuite
P R I M E U R
Sortie
Vendredi 14 février 2025
CHOIX
de la semaine
CRITIQUE
Luc Chaput
★★★ ½
Boîtes
à
musiquesSuite
P R I M E U R
Sortie
Vendredi 7 février 2025
Le FILM
de la semaine
CRITIQUE
Élie Castiel
★★★★
Jeune fille bien
sur tous rapports
Deux longs métrages avant Maria, Les yeux fermés (2012) et le remarqué Revenir (2019), attestant l’idée selon laquelle Jessica Palud s’intéresse notamment au social et à ses imbrications sur l’individu, particulièment en ce qui concerne la femme.
En adaptant Tu t’appelais Maria Schneider, le roman de Vanessa Schneider, cousine de la principale protagoniste dans Maria, le pari était gagné d’avance, quitte à laisser récalcitrants quelques spectateurs et une partie de la critique institutionnalisée.
Et pourtant, force est de souligner que dans ce troisième long métrage, probablement son meilleur, Palud aborde un cas de mise en scène biographique rarement facile à illustrer : un miroir jeté aux yeux des spectateurs selon le point de vue d’une femme, ici, la principale intéressée, et non pas toutes ces anecdotes que nous avons pu lire sur le sujet à travers le temps, jusqu’à la fin tragique de Maria Schneider, en 2011.
Une chose rarement montrée au cinéma, sans artifice, par un geste, une expression du visage de l’étonnante et très douée Anamaria Vartolomei, promise au plus bel avenir, quelque chose qu’on sent plus qu’on voit. C’est ça aussi le cinéma, et particulièrement la façon de mener la réalisation dans ses retranchements les plus secrets.
Faire subir aux spectacteurs les codes complexes du regard, de ce qu’il peut absorber comme renseignement. Entre chaque partie, ou chapitre, ou séquence, dites comme vous le sentez, un fondu (écran) au noir investit l’écran quelques brèves secondes pour passer à autre chose. Comme si on feuilletait les pages d’un livre (sans doute le roman de Vanessa du même nom) en choisissant quels extraits retenir.
Des petits jeux qui pourraient mal tourner.
Un choix chromatique, le brun foncé, glauque, pour envelopper les images d’un film imparfait qui, justement, est valorisé par ses imperfections, à l’image même de son héroïne, puisqu’il s’agit d’une battante, accumulant les choses du sexe et de la vie avec un étonnante résilience, non pas par un sentiment d’échec, mais au contraire, retenant de ces expériences de vie, une sorte d’endurance, ou mieux encore esprit de résistance face à un rapport hommes-femmes, dans certains cas, peu favorables, notamment dans le milieu artistique, et notamment dans les cercles cinématographiques de l’époque – les étranges années 1970 – Sur ce point, Jessica Palud tente de se rapprocher le plus proche de cette époque.
Pourquoi un film sur ce sujet aujourd’hui ? Alors que le mouvement #moiaussi semble de nos jours battre de l’aile, du moins en apparence, la réalisatrice ramène le sujet sur la sellette, comme s’il était question de ne pas se laisser abattre par ces nouvelles tendances actuelles voulant laisser croire que le phénomène a fait son temps.
Le film de Jessica Palud, une œuvre presque fantomatique, de par ses images, la musique ambivalente d’un Benjamin Biolay totalement atteint par le sujet, mais surtout par la présence d’une jeune comédienne dont la physicalité extraordinaire et la grâce lui cèdent une longueur d’avance sur d’autres comédiennes de sa génération.
Pour mettre en évidence, même si à notre avis, Maria est finalement un film pudique, les remous de la célèbre scène dans Le dernier tango à Paris, Bernardo Bertolucci n’y va pas de main morte ; le réalisateur du film est joué par Giuseppe Maggio, convaincant, et qu’on ne verra que peu dans Maria ; Marlon Brando, le partenaire dans ces ébats sexuels qui, à l’époque avaient fait grande sensation auprès du grand public pour son accès au film interdit aux moins de 18 ans est campé par un Matt Dillon plus vrai que nature.
Et on se demande qu’avant le tournage du film, il était clair que le vrai sujet du film était de mettre en scène l’éblouissement sexuel incontrôlé entre un homme d’un certain âge et une jeune femme dans un appartement parisien quasi vidé de son ameublement. Autant Brando que Schneider avaient consenti.
En fin de compte, la mise en abyme entre Le dernier tango à Paris et le film dont il est ici question, n’est pas aussi claire que nous aurions voulu, mais c’est là où l’astuce de la mise en scène laisse voir ses limites. Mais peut-être aussi que c’est un rappel que Palud avait été assistante de Bertolucci dans Dreamers, la dernière réalisation de taille du metteur en scène italien.
Le film de Jessica Palud, une œuvre presque fantomatique, de par ses images, la musique ambivalente d’un Benjamin Biolay atteint par le sujet, mais surtout par la présence d’une jeune comédienne dont la physicalité extraordinaire et la grâce lui cèdent une longueur d’avance sur d’autres comédiennes de sa génération.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Jessica Palud
Scénario : Jessica Palud, Laurette Polmanns.
D’après le roman de Vanessa Schneider
Tu t’appelais Maria Schneider
Direction photo : Sébastien Buchmann
Montage : Thomas Marchand
Musique : Benjamin Biolay
Genre(s)
Drame biographique
Origine(s)
France
Année : 2024 – Durée : 1 h 44 min
Langue(s)
V.o. : français, anglais; s.-t.a. / s.-t.f.
Being Maria
Jessica Palud
Dist. [ Contact ] @
Immina Films
[ Les Films de Mina ]
Diffusion @
Cinéma Beaubien
Cineplex
Visa de classement
Interdit aux moins de 13 ans
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]
P R I M E U R
Sortie
Vendredi 31 janvier 2025
COUP de ❤️
de la semaine
CRITIQUE
Élie Castiel
★★★★ ½
Brésil,
mère
blafarde
Une chose est claire. Le récent film de Walter Salles serait-il une réponse aux partisans populistes de Bolsonaro et autres personnalités autocratiques du monde actuel ? Inutile d’aller plus loin.
La réponse est claire dans ce magnifique Ainda Estou Aqui, qui traduit dans nos deux langues officielles la même urgence de résistance face aux régimes réactionnaires, rétrogrades. Du coup, on se met à réfléchir sur ce qu’il se passe dans le climat politique mondial, non seulement en Occident, mais dans une planète devenue mondialisée, retournant dans un sytème abrutissant où ne règne que « l’ordre et la sécurité du monde », mode de vie social issu des classes conservatrices.
Comment réagir au récent film de Walter Salles, dont le sujet est tiré d’un livre relatant le récit bouleversant des Paiva durant la dictature brésilienne instaurée au début des années 1970. Non pas une question, mais un constat.
Le film est une leçon de mise en scène où l’horizontalité narrative affiche ouvertement ses lettres de noblesse, ne cédant pas aux caprices et afféteries que souvent un certain cinéma faussement avant-gardiste arbore sans crier gare.
En un tour de main, une première partie montre, dans un montage ultra-rapide, serré jusqu’à nous rendre quand même attentifs aux détails, au(x) quotidien(s) d’une famille brésilienne de la petite bourgeoisie. Les joies, les petites peines, les rencontres entre amis, autres membres de la famille élargie ; également (souvent, surtout) écouter les nouvelles à la télévision où les arrestations deviennent de plus en plus régulières.
Un regard qui annonce que rien ne sera plus le même
On pensera que des années auparavant et qui durera jusqu’en 1974, la Grèce aura connu le même sort avec l’instauration du régime des Colonels. Une fluctuation dangereuse de l’Histoire des régimes autocratiques.
C’est notamment dans sa mise en scène et dans le jeu des comédiens que le film de Salles doit l’immensité de son originalité. Une réalisation sincère, évitant particulièrement le pathos larmoyant qui, jusqu’à un certain point, rappelle l’émouvant La historia oficial (L’histoire officielle), 1985, le très beau film de l’Argentin Luis Puenzo avec les sublimes Norma Aleandro et Héctor Alterío. Mêmes sons de cloche dans une Amérique latine foudroyée régulièrement par les forces de l’autocratie ou, au contraire, des régimes de gauche fascistes. Une dénonciation, en fait, que le politique n’a pas encore trouvé sa voie dans un monde polarisant où la division est monnaie courante.
Walter Salles se relève ainsi des petites erreurs de mises en scène qu’il aurait pu commettre dans le passé en proposant ici une extraordinaire œuvre morale, forte, et particulièrement audible au monde d’aujourd’hui.
I’m Still Here / Je suis toujours là avance à petits pas en essayant d’écarter les obstacles. Par le courage, la résilience, la ténacité. L’arrestation aussi. Et c’est dans ces zones blafardes, sombres, discontinues que la grande actrice brésilienne Fernanda Torres pourvoie au personnage d’Eunice Paiva son allure, distinction, son raffinement, et dans le même temps, son courage d’âme, son stoïcisme guerrier et sa vaillance.
Walter Salles se relève ainsi des petites erreurs de mises en scène qu’il aurait pu commettre dans le passé en proposant ici une extraordinaire œuvre morale, forte, et particulièrement audible au monde d’aujourd’hui.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Walter Salles
Scénario : Walter Salles, Heitor Lorega; d’après
le livre de Marcelo Rubens Paiva, Ainda Estou Aqui
Direction photo : Adrian Teijido
Montage : Affonso Gonçalvez
Musique : Warren Ellis
Genre(s)
Drame biographique
Origine(s)
Brésil / France
Année : 2024 – Durée : 2 h 17 min
Langue(s)
V.o. : portugais; s.-t.a. / s.-t.f.
Je suis toujours là
Ainda Estou Aqui
Walter Salles
Dist. [ Contact ] @
Métropole Films
[ Mongrel Media ]
Diffusion @
Cinéma Beaubien
Cinéma du Parc
Cineplex
Visa de classement
GÉNÉRAL
[ Déconseillé aux jeunes enfants ]
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]